Angola - Fièvre de Marburg : l'épidémie n'est toujours pas sous contrôle

Six semaines après la confirmation par des tests biologiques, le 22 mars dernier, qu'une épidémie de fièvre de Marburg sévissait en Angola, la situation n'est toujours pas sous contrôle. Le bilan officiel au 3 mai s'élève à 277 morts pour 308 cas recensés. Le personnel médical - 19 soignants sont décédés - est particulièrement touché.

Depuis que l'alerte a été donnée, le 22 mars dernier, 201 personnes ont contracté la maladie, 181 en sont mortes et un nouveau foyer est apparu dans l'hôpital de Songo, à une heure de route de Uige. La semaine dernière encore, trois nouveaux cas ont ainsi été diagnostiqués dans trois services différents (urgence, maternité et pédiatrie) de l'hôpital de Uige, principal foyer de l'épidémie.

Force est de constater que les efforts déployés par les équipes nationales comme internationales n'ont eu qu'un impact minimal. La stratégie mise en oeuvre n'était pas adaptée et n'a pas été efficace. Au sein de l'hôpital de Uige, les mesures de contrôle d'infection indispensables n'ont pas été correctement appliquées. " Dans ces conditions, l'amplification de la transmission de la maladie est hautement probable ", a d'ailleurs reconnu l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Désormais, il faut donc renforcer au plus vite la réponse à l'épidémie et adapter la stratégie à la situation actuelle.

Une stratégie à revoir à l'hôpital...

Au sein de l'hôpital de Uige, des mesures de contrôle d'infection fortes doivent impérativement être mises en oeuvre. Tous les services doivent être désinfectés. Le triage des patients doit être renforcé pour orienter les cas suspects de fièvre de Marburg vers la zone d'isolation, afin de protéger les autres patients comme le personnel soignant contre les risques de contamination. Enfin, la prise en charge des pathologies autres que la fièvre de Marburg doit être restreinte aux urgences médicales et conduites dans des conditions sanitaires strictes.


... et à renforcer en dehors

Par ailleurs, les autorités sanitaires locales et les équipes de l'OMS sur place doivent impérativement améliorer la qualité de leur dispositif d'identification des cas suspects comme de recherche et de suivi des personnes ayant été en contact avec des malades.

Pour faciliter l'acceptation par la population des mesures de précaution indispensables, le travail d'information et de sensibilisation auprès des habitants doit être renforcé. L'usage des menaces ou de la force pour contraindre les patients à venir se faire soigner dans l'unité d'isolation de l'hôpital serait dangereux. En effet, cela pourrait conduire les habitants à cacher leurs malades ou leurs morts, engendrant un risque de propagation de la maladie.

Sans mesures fortes, l'épidémie risque de se prolonger
Au cours des semaines écoulées, nous avons eu du mal à adapter notre stratégie. Désormais, une idée plus précise des mesures à prendre pour lutter contre l'épidémie se dégage, en tenant compte de l'évolution de la situation. A défaut de telles mesures, nous doutons de la possibilité de stopper la propagation de la fièvre de Marburg.

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