Comment les organisations humanitaires en sont-elles venues à décrire et mesurer les souffrances de victimes à l’aide d’indicateurs chiffrés ? A quel moment l’impartialité est-elle devenue synonyme d’allocation de l’aide sur la base de besoins quantifiables, comparables et hiérarchisables de manière universelle ? Quelles sont les luttes de pouvoir, les conflits d’intérêts et de valeur à l’origine des « standards minimaux universels » du projet SPHERE ? Comment un bracelet en plastique à trois couleurs, le MUAC, est-il devenu l’un des instruments phares pour mesurer et qualifier la sévérité d’une crise nutritionnelle ?
Ces questions sont au centre du dernier livre de l’historien africaniste Joël Glasman intitulé Humanitarianism and the Quantification of the Human Needs. Minimal Humanity (Routledge Humanitarian Press, 2019). Mêlant recherche historique et enquêtes ethnographiques, il nous plonge dans la fabrique de l’homo humanitarianus, l’individu moyen, sur la base duquel sont évalués « les besoins » et les projets d’aide aujourd’hui. Il viendra nous en parler lundi 27 avril, à l’occasion d’une conférence-débat du Crash.