Un jeune migrant afghan est vu en consultation médicale au centre MSF de Pantin, près de Paris.
© Antoine Kremer/MSF
Opération

France : soutien aux mineurs non-accompagnés à Paris et Marseille

5 février 2018

En 2017, Médecins Sans Frontières ouvre un centre d’accueil et d’orientation de jour, à Pantin (Seine Saint-Denis), pour apporter une aide aux mineurs non-accompagnés. L’association complète ce dispositif en août 2018 avec l’ouverture d’un centre d’hébergement en région parisienne. En 2020, ce programme est étendu à Marseille.

Dans ces lieux, les équipes de Médecins Sans Frontières apportent un soutien juridique, médical, psychologique et social à ces jeunes. Selon la loi française et la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, dont la France est signataire, les personnes se déclarant mineures et isolées doivent être considérées comme des enfants en danger et protégées comme tels, sans distinction de nationalité. Pourtant, depuis des années, de nombreux mineurs se retrouvent privés de la protection des départements et n’ont d’autre alternative que la rue.

Pourquoi Médecins Sans Frontières intervient ?

En 2017, lors de ces interventions sanitaires d’urgence auprès des exilés des campements parisiens, MSF identifie une catégorie de personnes particulièrement vulnérable et livrée à elle-même: les mineurs non-accompagnés. 

Ces jeunes devraient en effet bénéficier d’une prise en charge au titre de la protection de l’enfance, c’est à dire d’un hébergement adapté à leur vulnérabilité ainsi que d’un accompagnement éducatif, sanitaire et social. Toutefois, dans les faits, de trop nombreux jeunes se retrouvent sans ressources ni protection, à l’issue des premiers entretiens menés par les départements dans le but de déterminer leur minorité, qui est une condition nécessaire à leur prise en charge à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Or, ces évaluations sont conduites de façon très hétérogène sur le territoire, souvent de manière expéditive, sans interprète et ne tiennent pas compte d’éventuels documents d’identité etc. En conséquence, elles comportent une grande marge d’erreur.

A l’issue de cet entretien, les jeunes dont la  minorité a été contestée par le département peuvent faire appel de cette décision devant un juge des enfants. S’ils engagent cette procédure, ils ne peuvent toutefois bénéficier, pendant la période – qui peut durer plus d’un an - ni de la protection de l’Aide Sociale à l’Enfance, ni des dispositifs prévus pour les adultes. Ils ne peuvent alors compter que sur les associations.

L’ensemble des actions de soutien aux mineurs non-accompagnés de Médecins Sans Frontières alimente un travail de plaidoyer auprès des décideurs politiques qui vise à faire reconnaître une présomption de minorité et à améliorer les conditions d’accueil et de protection de ces jeunes. Un premier rapport, intitulé “Les mineurs non accompagnés, symbole d’une politique maltraitante” a été publié en septembre 2019. 

Notre intervention

En 2017, Médecins Sans Frontières ouvre un centre d’accueil et d’orientation de jour à Pantin (Seine Saint-Denis). 

Ce lieu a pour but d’offrir un soutien médical, psychologique, juridique et social  à des mineurs non-accompagnés dont la minorité n’a pas été reconnue à l’issue de la première évaluation conduite par des départements d’Ile-de-France mais qui ont fait appel de cette décision auprès d’un juge des enfants.

MSF travaille en collaboration avec des associations partenaires : Utopia 56, l’ADJIE, le Comité pour la santé des exilé.e.s (Comede), Safe Passage, ainsi que des avocats bénévoles et volontaires des barreaux de Paris et de Seine-Saint-Denis.

En août 2018, Médecins Sans Frontières complète son intervention auprès de ces jeunes par la création d’un centre d’hébergement, dit “Passerelle” en région parisienne. Les jeunes y poursuivent leur accompagnement pluridisciplinaire et sont épaulés par des travailleurs sociaux.

Des jeunes participent à un atelier cuisine et pâtisserie avec un membre de l’équipe de MSF du projet Passerelle.
 © Augustin Le Gall
Des jeunes participent à un atelier cuisine et pâtisserie avec un membre de l’équipe de MSF du projet Passerelle. © Augustin Le Gall

À partir de janvier 2020, Médecins Sans Frontières finance l’hébergement d’urgence de 86 mineurs non-accompagnés à Marseille durant la période hivernale. 

L’association identifie alors la nécessité d’intervenir plus largement auprès des mineurs non-accompagnés dans la ville, en partenariat avec les associations locales.  Elle décide d’ouvrir un programme régulier dès juillet 2020. Celui-ci comprend un hébergement ainsi que la coordination avec des partenaires pour garantir à ces jeunes un accompagnement médical, juridique, psychologique et social.


En 2019, Yannick, enfants des rues au Cameroun, est enlevé par des trafiquants, pour être vendu comme esclave en Libye. Son périple le mène ensuite en Europe, où il trouve refuge en France et bénéficie d’une prise en charge de Médecins Sans Frontières (MSF). Reconnu mineur en 2020, il nous raconte son périple.
 

© Augustin Le Gall

MNA : « Tout ce que je veux, c'est avoir une vie normale »

Des rues du Cameroun à la vie sous la tente à Paris : le dangereux périple de Yannick

Lire le grand format

Réseau d’hébergement solidaire pour les mineurs non accompagnés étrangers

En août 2018, Accueillons (Utopia 56) et MSF lancent un réseau d’hébergement solidaire afin que les mineurs non accompagnés étrangers soient mis à l’abri chez des citoyens solidaires, dans des conditions dignes et sécurisantes, le temps de leur recours auprès du juge des enfants.