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VIH : l’amélioration de la prise en charge a fait chuter la proportion des personnes infectées dans l'un des foyers les plus touchés au monde

Calvin Odhiambo, 30 ans, a récemment été diagnostiqué positif au VIH. Il a été admis à l'hôpital de référence du comté de Homa Bay. Il est désormais sous traitement anti-rétroviral.
Calvin Odhiambo, 30 ans, a récemment été diagnostiqué positif au VIH. Il a été admis à l'hôpital de référence du comté de Homa Bay. Il suit désormais une thérapie antirétrovirale. © Paul Odongo/MSF

Une nouvelle approche du dépistage et des soins VIH à Ndhiwa au Kenya fait la preuve de son efficacité et bénéficie également à la prévention, selon une enquête MSF/Epicentre.

Entre 2014 et 2018, un meilleur accès au dépistage et aux traitements, ainsi qu'une meilleure qualité de soins ont permis de réduire considérablement le pourcentage de la population vivant avec le VIH dans le sous-comté de Ndhiwa, dans le comté de Homa Bay, au Kenya, selon une étude de l'organisation médicale humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF)/Epicentre.

L'étude, intitulée Ndhiwa HIV Impact on Population Survey 2 (NHIPS 2), révèle qu'en 2018, 93 % de la population du sous-comté connaissait son statut VIH (contre 59 % selon une enquête de 2012) et que 97 % des personnes séropositives recevaient un traitement antirétroviral, contre 68 % en 2012. 95 % des personnes recevant un traitement antirétroviral (TARV) avaient une charge virale indétectable, soit 11 % de plus qu'en 2012. L'étude NHIPS 2 révèle ainsi que les objectifs de 2020 fixés par l'ONUSIDA pour maîtriser l'épidémie mondiale de VIH ont été atteints et dépassés deux ans plus tôt dans le sous-comté de Ndhiwa.

Pendant de nombreuses années, le sous-comté de Ndhiwa a eu l'un des taux de prévalence du VIH (la proportion de la population infectée par le virus) les plus élevés du Kenya et de toute l'Afrique. Une précédente enquête MSF/Epicentre réalisée en 2012 avait mis en évidence la nécessité d'améliorer  les soins dans tous leurs aspects, ce qui a incité MSF et ses partenaires à repenser complètement leur approche à partir de 2014. Entre 2014 et 2018, le taux de prévalence est passé de 24 à 17 %. Au cours de la même période, le pourcentage de nouvelles infections par an parmi la population à risque est passé de 1,9 à 0,7 %, ce qui indique que le virus se propage désormais à un rythme plus lent. 

« Le principe sous-jacent est que, lorsque votre traitement est efficace, le virus a été supprimé et vous êtes incapable de le transmettre à d'autres personnes. Lorsqu'il est appliqué à un grand nombre de personnes, le traitement du VIH équivaut à la prévention du VIH », explique Dr Mohammed Musoke, coordinateur médical MSF au Kenya. Cette approche, connue sous les termes ‘traitement comme prévention’, s’inspire d’un modèle scientifique adopté sur le terrain par MSF et ses partenaires, incluant le ministère de la Santé et la Fondation Elizabeth Glaser pour le sida pédiatrique.

« En pratique, pour atteindre cet objectif, nous nous sommes efforcés d'apporter des améliorations majeures autour des trois principaux piliers de la prise en charge du VIH : sensibiliser les gens à la nécessité de connaître leur statut sérologique, maximiser le nombre de personnes séropositives sous traitement antirétroviral (TARV) et augmenter le nombre de personnes sous TARV avec une charge virale indétectable. Nous visions ainsi à réduire le taux de nouvelles infections et, à terme, la présence du virus au sein de la population. »

Cette nouvelle approche a permis de renforcer le dépistage systématique grâce à un engagement important de la communauté, à des campagnes de promotion de la santé en porte-à-porte et à des tests dans les foyers. Des efforts ont été déployés pour améliorer l'accès des personnes séropositives au traitement antirétroviral et aux soins de suivi. En 2012, le traitement et le suivi n'étaient disponibles que dans les principaux hôpitaux et centres de santé de la région. Seuls 6 % de la population séropositive pouvaient être traités dans les centres de santé locaux. Les principaux centres étaient très encombrés et difficiles d'accès, et, de ce fait, le contact avec les patients était souvent perdu avant ou pendant leur traitement.

À partir de 2014, MSF et ses partenaires ont développé et amélioré les soins contre le VIH dans des centres de santé ruraux plus petits, avec davantage de personnel qualifié et avec un approvisionnement plus régulier. Ils se sont également efforcés de renforcer l'orientation des nouveaux cas de VIH vers le système de santé. Les tests de laboratoire sont devenus plus rapides et plus efficaces grâce à un réseau de motards qui prélèvent des échantillons de sang dans les centres de santé locaux et les transportent jusqu'au laboratoire le plus proche. Cela a représenté une amélioration considérable par rapport à l'époque où les patients devaient faire un long voyage pour se faire tester et attendaient souvent des mois pour connaître les résultats. 

« L'investissement dans un système de laboratoire a été un élément clé du processus, car le personnel médical s'appuie sur ces tests pour savoir ce qu'il faut traiter, comment le traiter et si le traitement fonctionne réellement, explique Dr Musoke. En effectuant les tests sur le lieu de soins et en utilisant un meilleur équipement, des résultats qui prenaient auparavant des jours ou des semaines à obtenir, peuvent maintenant être rendus en une heure ou moins. »

En 2016, le ministère kenyan de la Santé a adopté la recommandation "tester et traiter" systématiquement de l’OMS, devenue une pierre angulaire de l’approche "traitement comme prévention". Cette approche a jusqu'à présent donné un bon rapport coût-efficacité, mais elle repose sur le travail acharné de plusieurs partenaires sur le terrain et sur un investissement important, sans lequel les gains obtenus au cours des cinq dernières années pourraient être perdus. « Si les résultats obtenus sont les meilleurs que l'on puisse espérer, compte tenu des ressources et des contraintes, les taux de prévalence et d'incidence restent supérieurs aux niveaux nécessaires pour contrôler l'épidémie de VIH », déclare Dr Musoke. 

La lutte contre le VIH à Ndhiwa est loin d'être terminée et les efforts pour renforcer les principaux piliers de la prise en charge du VIH doivent se poursuivre si l'on veut maintenir et améliorer ces acquis.

L'enquête de porte-à-porte de MSF Epicentre - NHIPS 2 - a porté sur 6 020 personnes âgées de 15 à 59 ans vivant dans le sous-comté de Ndhiwa (114 480 habitants). Les résultats ont été comparés aux résultats d'une enquête similaire menée en 2012 par MSF Epicentre auprès de 6 150 personnes âgées de 15 à 59 ans dans la même région. Les participants ont rempli des questionnaires détaillés et ont subi un test de dépistage du VIH. En cas de confirmation de la séropositivité, des tests sanguins supplémentaires étaient effectués pour mesurer la charge virale et le nombre de CD4.

MSF travaille à Homa Bay depuis 1997. Elle soutient actuellement 38 structures à Ndhiwa, et gère deux services d'hospitalisation pour adultes pour les patients très malades, ainsi que le service de la tuberculose et une clinique de sortie pour le suivi post-départ à l'hôpital universitaire et de référence du comté de Homa Bay.

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