MSF relance ses opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale

MSF relance ses opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale
Le nouveau navire de recherche et de sauvetage de MSF, l'Oyvon, lors d'une séance d'entraînement avec l'équipe. Licata, Italie, octobre 2025. © Lisa Veran/MSF

Médecins Sans Frontières (MSF) annonce la reprise de ses activités de recherche et de sauvetage (SAR) en Méditerranée centrale, près d'un an après avoir été contrainte de mettre fin aux opérations de son dernier navire, le Geo Barents. 

L'organisation déploie son nouveau navire de sauvetage, Oyvon, qui a été réaménagé et équipé pour mener des opérations SAR sur l'une des routes migratoires les plus meurtrières au monde. L'Oyvon était auparavant utilisé comme navire ambulance en Norvège. 

« Notre engagement à être présents en mer et à soutenir les personnes en migration reste entier », a déclaré Juan Matias Gil, représentant SAR de MSF. « Nous sommes de retour pour assister les personnes qui se trouvent en détresse en mer, contraintes de prendre des bateaux impropres à la navigation, après avoir enduré des situations inhumaines, la détention, les abus et l'extorsion en Libye. » 

MSF a été contrainte d'interrompre les opérations de sauvetage du Geo Barents en décembre 2024, après plus de deux ans d'activités, en raison des lois et politiques italiennes très restrictives, en particulier du décret Piantedosi. Ces règles ont rendu impossible l'exploitation du Geo Barents : il était régulièrement dirigé vers des ports éloignés alors qu'il ne transportait qu'une cinquantaine de rescapés pour une capacité d’accueil de 700 personnes.  

« La décision de MSF de déployer un navire plus petit et plus rapide est une réponse aux lois et pratiques d’obstruction imposées par le gouvernement italien, qui visent spécifiquement les navires de sauvetage humanitaire », ajoute Juan Matias Gil. 

En retournant en Méditerranée centrale, MSF veut également continuer de témoigner des expériences des personnes fuyant la Libye et à recueillir leurs témoignages sur les interceptions en mer, notamment par les garde-côtes libyens. Il s’agit aussi de documenter les retours forcés en Libye, reconnus comme une violation du droit maritime international, des droits humains et du droit des réfugiés par les tribunaux italiens et les organes des Nations unies.  

Au cours des derniers mois, il a été constaté une recrudescence des attaques violentes perpétrées dans les eaux internationales par les garde-côtes libyens et d'autres groupes armés contre les personnes qui traversent la Méditerranée, ainsi que contre les navires de sauvetage humanitaire. 

L'équipage de MSF à bord du Oyvon comprend un médecin et une infirmière qui peuvent dispenser des soins médicaux d’urgence et soigner les personnes souffrant d'hypothermie, d'inhalation de carburant, de brûlures dues au carburant, ainsi que des blessures subies au cours du cycle d'abus et de détention en Libye. 

La Méditerranée centrale reste l'une des routes migratoires les plus meurtrières au monde. Selon l'Organisation internationale pour les migrations, au moins 25 630 hommes, femmes et enfants sont morts ou ont disparu dans cette partie de la mer depuis 2014, dont 1 810 pour la seule année 2024. Cela signifie qu'en moyenne, cinq personnes sont mortes chaque jour, faisant de 2024 la deuxième année la plus meurtrière depuis 2017, malgré la diminution observée du nombre de départs. MSF mène des activités de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale depuis 2015, et a travaillé sur neuf navires de sauvetage différents (seule ou en partenariat avec d'autres ONG), sauvant plus de 94 200 personnes. 

Notes

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