Darfour : les civils doivent être épargnés à El Fasher
Communiqué de presse
Alors que les Forces de Soutien Rapide (RSF) ont déclaré avoir pris la ville d’El Fasher après 18 mois de siège, MSF appelle à épargner la vie des civils de la ville, capitale du Darfour-Nord au Soudan, et à les autoriser à fuir vers des zones plus sûres. Compte tenu de la recrudescence des violences ethniques au Darfour depuis plus de deux ans et des massacres à grande échelle commis à Zamzam lorsque le camp a été pris par les Forces de soutien rapide (RSF) et leurs alliés en avril dernier, nous sommes inquiets de la reproduction d’un tel scénario à El Fasher.
A 60 kilomètres de là, à Tawila, où nos équipes médicales ont admis ce 27 octobre des dizaines de patients venant d’El Fasher, l’hôpital est débordé. La nuit précédente, environ 1 000 personnes sont arrivées en camion depuis El Fasher jusqu’à l'entrée de Tawila, où nous avons mis en place un poste de santé afin de fournir des soins d'urgence et d'orienter les patients les plus critiques vers l'hôpital.
À ce jour, environ 300 personnes ont été soignées au poste de santé et 130 ont été envoyées aux urgences de l'hôpital, dont 15 nécessitant une intervention chirurgicale vitale. De nombreuses autres personnes semblent être bloquées à El Fasher et dans ses environs, et nous nous tenons prêts à faire face à un nouvel afflux massif de personnes déplacées et blessées à Tawila.
Le 18 et le 19 octobre, plus de 1 300 personnes fuyant El Fasher sont arrivées par camion à Tawila, venant s'ajouter au grand nombre de personnes déplacées de force se trouvant déjà sur place. Parmi ces nouveaux arrivants, MSF a examiné 165 enfants de moins de cinq ans et constaté que 75 % d'entre eux souffraient de malnutrition aiguë, dont 26 % de malnutrition sévère.
Bien qu’ils ne puissent pas être considérés comme représentatifs de la situation nutritionnelle de l’ensemble de la population d’El Fasher, ces taux très élevés témoignent de l'horreur qui se déroule dans la ville, où la famine s’installe depuis que les RSF ont attaqué et assiégé la ville, soit plus de 500 jours, empêchant l'acheminement de nourriture et d'aide aux populations affamées. Avec la flambée des prix, la fermeture des cuisines communautaires, les marchés bombardés et l'aide humanitaire bloquée, la population n'a pratiquement plus accès à la nourriture.