Covid-19 : en proie à une deuxième flambée épidémique, l’Irak a besoin de plus de vaccins

Irak : traiter le Covid-19 à Bagdad
Un infirmier de MSF, Mahmood Mohammed, surveillant l'état d'un patient admis dans le centre Covid-19  de l'hôpital al-Kindi à Bagdad © Hassan Kamal Al-Deen/MSF

L’Irak a connu un taux de contaminations record ce 25 mars, avec 6 500 nouveaux cas  de Covid-19. A titre de comparaison, le pays recensait 714 nouveaux cas le 31 janvier. Après une première vague qui a submergé le pays l’an dernier, laissant le système de santé au bord du gouffre, la seconde vague, avec Bagdad comme épicentre, est particulièrement violente.

Nombre de doses insuffisant

Depuis la fin du mois de septembre, l’unité Covid de MSF à Bagdad a admis 350 patients dans un état critique et grave. 120 d'entre eux l'ont été au cours du seul mois dernier. Pour faire face à cet afflux, le nombre de lits a été augmenté de 36 à 51, mais le taux de mortalité reste effrayant. En un seul jour récemment, malgré les meilleurs efforts des équipes, sept patients sont morts. 

Sans vaccination, il est difficile d’entrevoir la fin de cette spirale. Le pays vient de recevoir 336 000 doses du vaccin AstraZeneca grâce au mécanisme COVAX. Cette livraison vient s’ajouter aux 50 000 doses déjà offertes par la Chine.

Mais ces quelque 400 000 doses sont insuffisantes pour ce pays de plus de 38 millions d’habitants. Selon le ministère de la Santé, l’Irak compte environ 216 000 médecins, infirmières et personnel paramédical. « Ces doses permettront à peine de protéger l’ensemble du personnel soignant. De nombreux médecins ne savent pas quand leur tour viendra d'être vaccinés, et en attendant, beaucoup de nos collègues tombent malades », explique Omar Ebeid, coordinateur de projet MSF à Bagdad. Cette faible quantité de vaccins ne permettra par ailleurs pas de protéger les personnes les plus à risque de développer des formes sévères de la maladie, comme les personnes âgées ou atteintes par d’autres maladies, qui représentent aujourd’hui la majorité des patients hospitalisés à Al-Kindi.

L'un des pays les plus touchés du Moyen-Orient

Le pays, qui a été l’un des plus durement touché par la Covid-19 au Moyen Orient, devrait être considéré comme prioritaire en matière d'efforts de vaccination. Le système de santé a été largement fragilisé par des années de conflit et les maux qui y sont associés. Dans un contexte de grande difficulté économique, suite à l'effondrement des prix du pétrole, le gouvernement aura du mal à vacciner tous ceux qui en ont besoin. Il faut une aide substantielle d’autres pays pour l'achat des vaccins, et celle d’organisations internationales pour leur distribution.

En attendant les hôpitaux sont saturés et trop peu équipés pour faire face à la flambée épidémique. Lors de la première vague, MSF a commencé à travailler dans l'unité de soins respiratoires de l'hôpital al-Kindi, mais les équipes n'étaient pas en mesure de faire face au nombre de patients et au suivi étroit qu'ils exigeaient. MSF a ouvert une unité Covid à l'hôpital al-Kindi en septembre, d'abord avec 24 lits, avant d'étendre la capacité à 36 lits en décembre.

L’amélioration des protocoles de soins et de suivi médical des patients, menée avec les médecins irakiens de l’hôpital, ont permis de faire baisser la mortalité pour les cas graves et critiques. « Cette maladie reste souvent mortelle dans ses formes graves. Environ 40 % de nos patients sortent de l’hôpital guéris, ce qui représente une amélioration considérable du taux de survie par rapport à la situation qui prévalait quand nous sommes arrivés, détaille Omar Ebeid. Mais nous ne nous attendions pas à être encore là, un an après avoir commencé ce que nous pensions être un soutien temporaire au système de santé irakien. En attendant, nous continuerons à travailler pour sauver des vies dans notre hôpital. Nous savons cependant que même après cette vague nous n’en n’aurons pas fini avec cette crise, à moins que les Irakiens ne reçoivent les vaccins dont ils ont si désespérément besoin. » 

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