« Ce n’est pas MSF qui doit quitter Nauru, ce sont les réfugiés »

NAURU - MSF forced to end its Mental Health activities
Patient réfugié pris en charge par une psychiatre de MSF

Médecins Sans Frontières (MSF) proteste contre son expulsion de l’île de Nauru par les autorités, qui l’empêche désormais de fournir des soins de santé mentale absolument nécessaires aux demandeurs d'asile et aux réfugiés.

« Il est honteux de dire que les soins de santé mentale de MSF ne sont plus nécessaires ; la santé mentale des réfugiés retenus indéfiniment à Nauru, au milieu du Pacifique, est plus que critique. Au cours des 11 derniers mois à Nauru, nous avons constaté un nombre alarmant de tentatives de suicide et d’actes d’automutilation parmi les hommes, femmes et enfants de réfugiés et de demandeurs d’asile que nous traitons, a déclaré le Dr. Beth O’Connor, psychiatre chez MSF. Nous avons été particulièrement choqués par les nombreux cas d’enfants atteints du syndrome de sevrage traumatique, qui implique une détérioration de leur état au point de devenir incapables de manger, de boire ou même d'aller aux toilettes. »

Depuis 11 mois, les psychologues et psychiatres de MSF fournissent des soins de santé mentale essentiels pour stabiliser et gérer les symptômes de dizaines de patients. Néanmoins, aucune solution thérapeutique ne peut être envisagée pour les personnes détenues indéfiniment à Nauru. « Nos patients décrivent souvent leur situation comme étant bien pire que la prison, car en prison, vous savez quand vous pouvez sortir, poursuit le Dr. O’Connor. Il n’y a évidemment pas de solution thérapeutique pour ces patients tant qu’ils sont pris au piège sur l’île. Mais l’arrêt des soins psychiatriques et psychologiques de MSF à Nauru ne peut qu’aggraver leur situation. »

Comme le corroborent les analyses médicales de MSF, les patients réfugiés sont dans un état de désespoir absolu. Au moins 78 d’entre eux, vus par MSF, ont des idées suicidaires et/ou ont tenté de se suicider. Des enfants âgés de neuf ans à peine ont dit préférer mourir que de vivre dans le désespoir à Nauru. Les patients les plus gravement atteints sont ceux qui ont été séparés de leur famille proche en raison de la politique migratoire de l’Australie.

« Comment le gouvernement australien peut-il décrire la détention à l’étranger comme une politique humanitaire ? Qu’y a-t-il d’humanitaire à abandonner les personnes dans une prison à ciel ouvert à Nauru ? Cette politique devrait être immédiatement arrêtée et ne devrait être reproduite par aucun gouvernement. Ce ne sont pas les psychiatres et les psychologues de MSF qui devraient quitter Nauru, ce sont les centaines de demandeurs d’asile et de réfugiés que l’Australie emprisonne sur l’île depuis cinq ans. »

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