Thaïlande - Le renvoi de Hmongs au Laos soulève des inquiétudes

les réfugiés Hmongs du camp de Huam Nai Khao en Thaïlande sortent du camp sous contrôle des militaires.
les réfugiés Hmongs du camp de Huam Nai Khao en Thaïlande sortent du camp sous contrôle des militaires. © Francesca di Bonito

Quatre famille de réfugiés hmongs du camp de Huai Nam Khao en Thaïlande ont été renvoyés vers le Laos, le 27 février. Ce renvoi confirme les craintes exprimées en octobre 2007 par MSF quant au rapatriement forcé, avant la fin 2008, des 8000 hmongs de ce camp dans la province de Petchabun annoncé par le gouvernement thaïlandais.

Selon les autorités de Thaïlande, les quatre familles de réfugiés hmongs du camp de Huai Nam Khao dans la province thaïlandaise de Petchabun, renvoyés au Laos au mois de février dernier étaient inscrites sur une liste de volontaires au départ. Mais les témoignages dans le camp ne vont pas dans ce sens.

Ce jour-là, les militaires thaïlandais ont procédé à l’inspection de leurs cartes d’enregistrement et à leur recensement. Ils ont ensuite séparé 12 personnes du groupe et les ont fait monter dans des véhicules militaires.

Selon les témoins, certaines personnes auraient été clairement forcées à monter à bord de ces véhicules.

« Une mère de 5 enfants, âgés de 2 à 15 ans, a été contrainte de monter dans les véhicules militaires alors que ses gamins étaient encore dans le camp. Il est difficile d’imaginer que cette femme était volontaire pour retourner au Laos sans ses enfants », rapporte Gilles Isard, chef de mission MSF en Thaïlande.
"J'ignore pourquoi je suis sur cette liste car je ne suis pas volontaire pour repartir au Laos. Si je retourne au Laos, on va me tuer" selon un père d’une famille de 9 personnes.

S’il nous est difficile de vérifier a posteriori si ces familles étaient ou non volontaires, nos équipes ont pu interroger quatre autres familles inscrites sur une liste de « volontaires ».

Leur témoignage montre qu’aucune d’entre elles n’a exprimé la volonté de retourner au Laos. D’autant qu’elles redoutent pour leur sécurité si elles y retournent.
Et, à ce jour, aucune vérification indépendante n’a été faite sur la sécurité ou les conditions de renvoi de ces réfugiés au Laos.

En décembre 2007 et janvier 2008, les militaires thaïlandais ont réalisé une opération de « triage » des réfugiés Hmongs de Petchabun. Cette opération avait pour objectif de distinguer les réfugiés fuyant les persécutions au Laos, des migrants économiques. Elle a été effectuée sans parti tiers et ses conclusions n’ont été communiquées ni au Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) ni à aucune organisation internationale.

Il est urgent qu’une organisation tiers comme le HCR puisse juger du bien-fondé des demandes des Hmongs de Petchabun et s'assurer du respect de leurs droits.

En octobre 2007, Médecins Sans Frontières (MSF) avait lancé un appel au gouvernement thaïlandais pour qu'il cesse le processus de rapatriement forcé des réfugiés hmongs confinés dans un camp de la province de Petchabun, au nord de la Thaïlande. Lire le communiqué.
 

Dossier spécial exil des Hmongs du Laos en Thailande

Retrouvez notre dossier spécial rassemblant toutes les informations relatives à nos activités auprès de la communauté Hmong en Thailande.

À lire aussi