Témoignage de Gaza : "Quand je me suis réveillé, ma jambe avait été amputée."

Soins post opératoires  Ville de Gaza.
Soins post-opératoires - Ville de Gaza. © Frederic Sautereau / Oeil Public

Riyad, 19 ans, est originaire de la ville de Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, et plus précisément d'Al Atatra, une zone particulièrement touchée lors de la dernière offensive militaire israélienne. Le 5 janvier, il a été grièvement blessé par un tir d'obus. Sa jambe gauche a dû être amputée. Il est désormais suivi à la clinique MSF de la ville de Gaza où il bénéficie de soins post-opératoires.

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Riyad, 19 ans, est originaire de la ville de Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, et plus précisément d'Al Atatra, une zone particulièrement touchée lors de la dernière offensive militaire israélienne. Le 5 janvier, il a été grièvement blessé par un tir d'obus. Sa jambe gauche a dû être amputée. Il est désormais suivi à la clinique MSF de la ville de Gaza où il bénéficie de soins post-opératoires.

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« J'étais chez moi, avec ma famille. C'était un jour calme, on n'entendait ni avions ni chars... Nous avons donc décidé de sortir. Je suis allé dans un magasin proche de la maison pour faire quelques courses.

A mon retour, j'ai vu les enfants des voisins. Ils étaient paniqués. Je leur ai demandé ce qui se passait : « Ils s'apprêtent à bombarder Al Atatra, rentre chez toi ! »

Je n'ai pas compris ce qu'il s'est passé. Je me suis retrouvé à terre. Je pense que j'ai dû rester inconscient pendant plusieurs minutes. Quand je me suis réveillé, j'ai vu mon père allongé sur le sol, les jambes en sang.

Mais il s'est relevé et nous a traînés, mon frère et moi, à l'intérieur de la maison. Il a tenté d'appeler les secours, mais personne ne répondait.

Je suis resté allongé sur le sol pendant près d'une demi-heure, je saignais....
Je disais : « J'ai été touché ! Je vais mourir ! ».

Je voyais trouble. Mon père et ma mère courraient dans tous les sens, cherchant de l'aide, mais personne ne leur répondait.
Puis mon père est revenu dans la maison, il m'a porté à l'extérieur pour trouver de l'aide, mais aucune voiture ni ambulance ne sont passées. Nous avons attendu près d'une heure et demie dans la rue.

Un voisin nous a vus. Il avait un petit tracteur dans lequel il a embarqué sept personnes, dont mon père et moi. Nous étions entassés les uns sur les autres. Nous étions cinq blessés. Un de mes voisins était déjà mort.

J'ai été conduit à l'hôpital Al Shifa. Quand je me suis réveillé, ma jambe avait été amputée. J'ai hurlé, tout semblait si irréel

Nous roulions lentement, nous avons rejoint une première route, puis une seconde, quand ils ont ouvert le feu sur nous. Nous avons fait demi-tour et agité un drapeau blanc.

J'étais inconscient la plupart du temps, mais je me souviens quand j'ai été touché par l'obus. J'ai vu ma jambe à moitié arrachée. Elle ne tenait plus que par un petit morceau de chair. Je perdais beaucoup de sang.

J'ai été conduit à l'hôpital d'Al Shifa. C'est là qu'on m'a fait une transfusion sanguine. Quand je me suis réveillé, ma jambe avait été amputée. J'ai hurlé, tout semblait si irréel.

Dieu merci, après tout, ce n'est pas si grave. Je ne suis pas triste. Bien sûr, lorsque je vois d'autres personnes marcher sur leurs deux jambes, c'est difficile, mais ça aurait pu être pire.

Je ne vais pas rester à la maison. J'ai l'intention d'obtenir un diplôme en géographie et j'espère vraiment que je pourrai trouver un bon travail, si Dieu le veut... »

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