Soudan du Sud : témoignage de Younassa, infirmier réfugié

Younassa Lifa Lenya réfugié aujourd’hui employé comme infirmier à l’hôpital de campagne de MSF à Doro. Soudan du Sud Mars 2012.
Younassa Lifa Lenya, réfugié aujourd’hui employé comme infirmier à l’hôpital de campagne de MSF à Doro. Soudan du Sud, Mars 2012. © MSF

Younassa Lifa Lenya est un réfugié, aujourd’hui employé comme infirmier à l’hôpital de campagne de MSF à Doro.

Je suis infirmier à la clinique. Je viens de la région du Nil bleu et je vis désormais dans le camp de Doro. Je suis ici depuis quatre mois maintenant.
L’un de nos plus grands défis est l’arrivée de la saison des pluies. J’espère que nous serons prêts car je connais cette région et je sais que ça va être difficile.

Dans l’Etat du Nil bleu, je travaillais pour une autre ONG comme personnel de santé intégré dans la communauté. J’étais à Kurmuk. Je pense que pour les gens qui sont toujours dans l’Etat du Nil bleu, la situation sanitaire est extrêmement difficile. Tout le monde a fui cet Etat, donc il ne reste plus de médecins ni d’infirmiers.

Quand j’ai quitté Kurmuk avec ma famille pour le camp de Doro, cela a été très difficile. Nous avons fait le voyage à pied et c’était terrible. Le voyage a duré près de trente jours. Et nous n’avions rien à manger tout au long du trajet.

Avant j’étais aussi réfugié en Ethiopie. C’était il y a longtemps et nous étions très nombreux. Nous sommes restés là une vingtaine d’années, en tant que réfugiés. Après, je suis retourné dans l’Etat du Nil bleu et me voilà aujourd’hui dans le camp de Doro, parce que les combats ont repris dans l’Etat du Nil bleu.

A Doro, il n’y a pas assez d’eau pour tous les réfugiés. C’est ma femme qui va chercher de l’eau. Quand elle y va le matin, il lui arrive d’attendre jusqu’au soir avant de pouvoir avoir de l’eau. Chaque fois, elle revient et me raconte comment elle a dû se battre avec d’autres femmes pour l’eau.

Nous recevons des rations alimentaires mais ce n’est pas suffisant. Certains sont retournés dans l’Etat du Nil bleu pour récolter du sorgo, parce qu’il n’y a pas assez à manger ici. Mais ce n’est pas bien – c’est très dangereux.

Maintenant, la récolte du sorgo est terminée, et je crois que la situation va être très grave. Nous risquons de faire face à de gros problèmes de nutrition dans le camp. Le sorgo que les gens rapportaient nous a permis de survivre jusqu’à présent. Mais à partir de maintenant, nous avons besoin que les acteurs de l’aide humanitaire nous fournissent de la nourriture.

La saison des pluies va générer des problèmes. Parce qu’il n’y a pas assez de place pour que nous, les réfugiés, nous fassions nos propres cultures. Comme nous ne pouvons pas nous prendre en charge, nous aurons de grosses difficultés pour nous alimenter ici. »

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