RDC - La prise en charge des victimes de violences sexuelles

Nord Kivu janvier 2009. Une infirmière MSF à Nyanzale explique à une patiente victime d'un viol le traitement qu'elle va lui donner.
Nord Kivu, janvier 2009. Une infirmière MSF, à Nyanzale, explique à une patiente, victime d'un viol, le traitement qu'elle va lui donner. © Kate Geraghty

Dans ses différents projets au Kivu, MSF propose aux victimes de violences sexuelles un traitement médical qui repose essentiellement sur la prévention. Sur toute l'année 2008, 6702 patientes ont été prises en charge par l'ensemble des équipes MSF.

Dans les hôpitaux et centres de santé où MSF travaille au Kivu, les équipes proposent aux victimes de violences sexuelles un taitement médical qui repose essentiellement sur la prévention. Il s'agit tout d'abord d'un traitement prophylactique contre le VIH/sida.

Mais le traitement antirétroviral doit être administré dans les 72 heures suivant l'agression car il perd de son efficacité au-delà de trois jours. Et il doit être pris durant quatre semaines.

De plus, des vaccins sont donnés pour prévenir le risque d'infection par l'hépatite B et le tétanos. Si les infirmières consultantes estiment que la victime a pu contracter des infections sexuellement transmissibles (chlamydia, syphilis et gonorrhée), elles prescrivent un traitement aux antibiotiques.

Autre conséquence possible d'un viol, une grossesse non désirée qui peut être évitée avec la pilule dite du lendemain.

En fait, cette pilule a son efficacité maximum pendant les trois jours suivant l'agression, ensuite son efficacité est moindre jusqu'à cinq jours.

Une seule consultation est cependant insuffisante. Le traitement proposé nécessite un suivi. Les patientes doivent revenir pour recevoir les doses suivantes des vaccins contre le tétanos et l'hépatite B. Il est aussi important de voir si elles ne souffrent pas d'effets secondaires à l'issue du traitement antirétroviral.

Enfin, si le viol a provoqué des blessures et des lésions ou s'il a été accompagné de coups, ces traumatismes sont soignés par une équipe médicale et chirurgicale.

Toute cette prise en charge est faite dans un environnement psychologique adapté. Les infirmières sont dans une écoute empathique et veillent à la stricte confidentialité de la consultation.

Il arrive qu'un soutien social soit nécessaire lorsque les femmes sont rejetées par leur mari ou leur communauté. Elles se retrouvent alors sans ressources ou sans abri. Dans ce domaine, MSF en tant qu'organisation humanitaire médicale, ne peut que jouer un rôle limité. Une collaboration avec d'autres ONG menant éventuellement en œuvre des programmes de réinsertion permet alors d'apporter des réponses.

Autre volet de l'aide apportée par MSF, le certificat médical. C'est une pièce essentielle à joindre au dossier, quand un(e) patient(e) veut poursuivre en justice l'auteur de l'agression. Le personnel de santé met par écrit dans ce certificat, strictement confidentiel, les conclusions de l'examen clinique effectué suite à l'agression.

Les différents éléments de ces programmes de soins pour les victimes de violences sexuelles n'ont naturellement un sens que si l'information est bien diffusée. Les populations doivent savoir où ces traitements sont offerts. Et être informées de la nécessité de venir dans les 72 heures suivant l'agression pour pouvoir recevoir le traitement prophylactique contre le sida.

Un travail de sensibilisation essentiel. Aussi les équipes de MSF transmettent-elles ce message systématiquement lorsqu'elles se déplacent pour donner des consultations dans des villages ou des camps de déplacés. Elles ont aussi recours à des relais communautaires, des personnes dont la position sociale leur permet de communiquer à l'ensemble de leur communauté.

L'information sur les programmes pour les victimes de viol est parfois aussi donnée à l'église ou dans des écoles. Enfin des messages de sensibilisation sont diffusés à la radio. Et l'information finit par toucher les milliers de personnes qui ont besoin de soins après un viol.

À lire aussi