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RD Congo - Une journée comme une autre à l'hôpital de Rutshuru

RD Congo Nord Kivu hôpital de Rutshuru novembre 2009.
RD Congo, Nord Kivu, hôpital de Rutshuru, novembre 2009. © Brigitte Breuillac / MSF

L'hôpital de Rutshuru au Nord Kivu est au coeur d'une province déchirée par un conflit armé. Depuis 2006, les équipes de MSF y assurent les urgences médicales et chirurgicales, ne prenant en charge que les cas compliqués de la zone.

Il est huit heures quand la voiture MSF franchit le portail de l'hôpital. Dès leur arrivée, les médecins et infirmiers MSF retrouvent leurs collègues des équipes chirurgicale et médicale qui étaient de garde durant la nuit.

Nous avons eu deux césariennes et une laparotomie, la nuit n'a pas été trop chargée, annonce le Dr Claude, le chirurgien de garde.

La situation autour de Rutshuru est à peu près calme, en apparence tout du moins. Car si le conflit armé a baissé ici en intensité, les violences n'ont pas cessé. L'armée congolaise mène la traque contre les rebelles des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) au Nord Kivu.

Visite aux urgences. Alors que l'équipe de nuit quitte l'hôpital pour aller se reposer à la base MSF, le Dr Richard, médecin anesthésiste, commence sa journée par une visite aux urgences. Deux femmes ont été mises en observation, un enfant brûlé au deuxième degré aux jambes va passer au bloc et les autres patients vont être transférés dans différents services.

L'hôpital comprend plusieurs pavillons distribués autour d'une cour carrée, plantée de manguiers. Dans l'un de ces pavillons se trouvent les soins intensifs. Une petite Gisèle de deux ans est arrivée avec une infection généralisée, elle y a été admise la veille.

C'est un hôpital de référence, explique le Dr Richard. Nous recevons tous les cas compliqués de la zone. Les gens essayent de se faire soigner en périphérie et quand ils voient que cela ne marche pas, ils viennent ici.

Défilé incessant à la maternité. Un passage couvert offrant un abri bien utile en cette saison des pluies mène un peu plus haut à la maternité. Là, c'est un défilé incessant. Six femmes ont accouché la nuit dernière. Et comme cela arrive souvent, l'une d'entre elles est arrivée in extremis. Le temps de se décider à aller accoucher à l'hôpital, et non à la maison, le temps que l'infirmier du poste de santé où elle s'est finalement présentée alerte MSF et que l'on envoie une ambulance, la dilatation de son col de l'utérus était presque complète. Finalement cela s'est bien passé. Comme les autres mamans, elle est allongée sur un lit avec son bébé auprès d'elle.

Dans une autre salle commune se trouvent les femmes qui ont subi une césarienne, plusieurs d'entre elles ont leur bébé au sein. Quel calme et quel contraste avec l'animation de la salle de pédiatrie en contrebas ! Aujourd'hui, le service compte 38 petits patients pour 25 lits, ce qui n'a rien d'exceptionnel.

Un taux d'occupation élevé. Malgré les travaux d'aménagement réalisés dans l'hôpital, le taux d'occupation est élevé, deux enfants doivent souvent partager le même lit. Et tous ont été hospitalisés en urgence.

Nous avons beaucoup de cas de paludisme graves qui peuvent être compliqués d'anémie, observe le Dr Kamabu.

La visite du matin n'est pas terminée que l'infirmière du service de néo-natalogie vient chercher le médecin.

Le nouveau-né en souffrance fœtale est en apnée avec bradycardie, lui dit-elle.

Le bébé est venu au monde il y a deux jours dans un état peu brillant et son cœur ralentit maintenant. Le médecin a beau faire. A 11h30, l'enfant rend son dernier souffle.

C'est un moment difficile, reconnaît Chantal l'infirmière cadre. Mais il faut penser aux autres bébés. Nous avons un petit prématuré qui est né à 950g et a pris 30% de son poids.


Un service de néo-natalolgie pour les prématurés. Soucieuse d'améliorer la qualité des soins dans l'hôpital de Rutshuru, MSF a créé ce service de néo-natalogie pour assurer la prise en charge des prématurés, mis en place une unité pour les brûlés et installé, l'an dernier, un deuxième bloc opératoire pour faire face au nombre très élevé d'interventions chirurgicales à pratiquer. En octobre, 471 actes chirurgicaux - tous des urgences - ont été réalisés. En salle de chirurgie, les patients sont donc nombreux. Ils ont été opérés pour des blessures par balle, une péritonite, une fracture ouverte...

Un "village" pour les mamans. Et il ne faut pas oublier les femmes qui ont eu une césarienne, ce type d'intervention représentant plus du tiers des actes chirurgicaux. Les soins pour les femmes représentent de fait une part importante de l'activité à l'hôpital. Outre la maternité, l'hôpital abrite un "village des mamans".

Dans ce havre de verdure sont hébergées les femmes qui ont des grossesses avec complications et attendent le jour J et celles qui sont suivies en gynécologie. C'est là aussi que les victimes de violences sexuelles sont reçues en consultation. Une femme arrivée en milieu d'après-midi va rester après sa consultation. Pas question de reprendre la route alors que la nuit sera là bientôt.

Pour les équipes MSF, la journée va se terminer et les équipes de nuit, médecins et infirmiers, arrivent. A 17h30, les deux équipes chirurgicales notamment passent le relais à la troisième équipe qui arrive pour la garde de nuit. Pas question de la faire venir plus tard. Les mouvements en dehors de l'hôpital sont proscrits à la nuit tombée. Il n'est pas si rare que des coups de feu retentissent la nuit dans Rutshuru et les environs ou que des pillages soient commis.


L'hôpital de Rutshuru en chiffres - 2009

  • 260 lits
  • 387 actes chirurgicaux en moyenne/ mois
  • 308 accouchements en moyenne/ mois
  • 41% des patients admis aux urgences sont des enfants de moins de 5 ans
  • 696 patients admis aux urgences en moyenne/ mois
  • 81 victimes de violence sexuelle prises en charge en moyenne/ par mois

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