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RCA - Enclave de Carnot : « Je rêve juste de pouvoir sortir d’ici et de tout recommencer »

Abiba avril 2015
Abiba, avril 2015 © Marta SOSZYNSKA/MSF

Abiba a 35 ans. Elle vit enfermée avec un peu plus de 500 autres personnes, toutes musulmanes, dans l’enceinte de l’église « Saint Martyr de l’Ouganda » à Carnot, une ville située à l’ouest de la République Centrafricaine (RCA).

Avant les « évènements »,  Abiba était commerçante. Elle parle donc couramment français, sango et un peu arabe. 

Elle connait bien l’enclave de l’église de Carnot, elle y vit depuis le début, depuis février 2014, date à laquelle les Anti–Balakas, ces milices populaires d’auto défense, ont commencé à persécuter les musulmans de RCA.

« Moi, j’étais chrétienne. Je vivais à Bangui, la capitale, avec mes parents. C’est là que j’ai rencontré un photographe, Ahmet, un musulman. Par amour, je me suis convertie à L’Islam. Nous nous sommes mariés à Carnot et sommes restés ici, avec la famille de mon mari. Ahmet était connu en ville. Quand les Anti-Balakas sont arrivés, ils ont voulu le tuer, alors nous nous sommes enfuis en brousse, avec nos deux petites filles. C’est là qu’Ahmet a appris que son jeune frère s’était fait attraper, torturer puis égorger comme un animal... J’ai aussi perdu ma petite fille. Elle avait trois mois. Elle n’était même pas malade. Elle s’est mise à pleurer, sans arrêt et, finalement, quand elle s’est calmée, elle ne respirait plus. »

Abiba est mariée avec Ahmet depuis 17 ans. Aujourd’hui, leur « grande » fille a 8 ans. Ils vivent ensemble, dans l’enclave de Carnot.  « Les gens ici sont comme une grande famille. On se soutient, on prend soin les uns des autres. J’aimerais beaucoup avoir un autre enfant, mais ici je ne peux pas. On vit, par terre, sans intimité. Avant tout ça, on vivait bien. Maintenant je rêve juste de sortir d’ici et de tout recommencer.»

Notes

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