Papouasie-Nouvelle-Guinée : améliorer l’accès aux soins des femmes victimes de violences

Les Nations unies estiment que près de 60 % des femmes et des filles en Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG) ont subi une forme de violence physique ou sexuelle, un taux presque deux fois supérieur à la moyenne mondiale. Depuis 2024, Médecins Sans Frontières (MSF) travaille aux côtés des communautés de Jiwaka, une province de la région des Hautes Terres occidentales, afin d'améliorer l'accès aux services de santé pour les victimes de ces violences.
Indépendante depuis 1975, la Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG) est le plus grand pays insulaire du Pacifique, avec une population estimée entre 11 et 17 millions d'habitants, plus de 800 langues parlées et une multitude de groupes tribaux. Le pays est confronté à de forts conflits générationnels et entre les sexes. La violence sexiste est devenue un mécanisme courant de résolution des conflits, épargnant peu de femmes et de filles au sein des communautés.
Jiwaka, province autonome des Highlands depuis 2012, n’est pas épargnée par la violence et la pauvreté. MSF travaille depuis mi-2024 aux côtés des professionnels de santé, des leaders communautaires, des organisations locales et des autorités de Jiwaka afin d'améliorer la qualité des soins et l'accès aux services pour les victimes de violences. Dans les cliniques, les agents de santé offrent des soins en réponse à ces différentes formes de violence : prise en charge de blessures physiques, options de planification familiale ou traitement des infections sexuellement transmissibles (IST).
Julie Tope est une agente de santé communautaire travaillant pour les autorités sanitaires provinciales, qui dirige une clinique spécialisée dans les IST et le VIH au centre de santé de Minj. En s'occupant des patients, elle entend parler de l'impact de la violence sur leur vie. « Les femmes ou les filles ne veulent peut-être pas avoir de relations sexuelles avec les garçons, mais ceux-ci utilisent la force pour les contraindre », explique Julie.
Mais l’accès à ces soins est très contraint dans cette région et peu de survivantes arrivent à recevoir des soins adéquats. D’une part, la région des Highlands est très montagneuse, avec de vastes étendues de forêt tropicale et peu de routes goudronnées ou de moyens de transport, ce qui rend difficile l'accès aux centres de santé, d'autant plus que certaines communautés vivent à plusieurs jours de marche de la clinique la plus proche. D’autre part, certaines victimes sont également découragées par la stigmatisation dont les survivants de violences sexuelles font l'objet, ou par la crainte de représailles, en particulier dans les cas de violences tribales.
Et même si elles parviennent à se rendre dans une clinique, d’autres obstacles se dressent devant les victimes de violences sexistes et sexuelles : pénurie de médicaments, soins trop chers, manque d’espaces confidentiels ou de professionnels de santé correctement formés pour cette prise en charge.
Janet Kilea est responsable de la promotion de la santé et de l'engagement communautaire chez MSF. « Je fais partie des survivantes », raconte-t-elle. « Je suis une survivante de violences psychologiques, physiques et économiques. Travailler avec MSF, c'est comme être une militante qui utilise son expérience pour retourner dans sa communauté, aider les femmes à prendre de meilleures décisions et leur montrer où trouver des services médicaux ».
Janet et ses collègues mènent des activités de promotion de la santé auprès des communautés afin de mieux les sensibiliser à des sujets tels que la santé des femmes et la violence sexiste, ainsi qu'aux services médicaux disponibles dans la région. D’autres volontaires de santé rendent régulièrement visite aux membres de leur communauté pour leur fournir des informations sur la santé et effectuer un travail de sensibilisation à ces questions : « Les hommes pensent que ce sont eux qui commandent... peut-être devrions-nous agir comme si c'était nous qui commandions pour résoudre les problèmes de manière non violente. Nous devons prendre nos responsabilités », raconte Jonah, un agent bénévole.
MSF accompagne ces volontaires et les agents de santé communautaire employés par les autorités sanitaires locales en les formant et en renforçant leurs compétences.
L’équipe MSF travaille également en collaboration avec les partenaires locaux pour créer un centre de support familial dans le centre de santé Minj à Jiwaka, afin de mettre en relation les victimes de violences sexuelles et sexistes avec tous les services dont elles ont besoin, qu'il s'agisse de refuges, d'aide juridique ou d'assistants sociaux.
En attendant, Janet et son équipe continuent leur travail de sensibilisation au niveau local.
« Lorsque nous nous rendons dans la communauté, nous expliquons, nous parlons, nous parlons, nous parlons. Vous savez, l'information est un pouvoir qui permet de changer les mentalités. Je dis aux femmes que j'étais comme elles autrefois, mais que je me sens forte grâce à toutes les connaissances que j'ai acquises. »