Ouganda - Témoignage de Frédéricke Dumont, médecin dans les camps de réfugiés sud-soudanais

Centre de santé MSF dans le camp de Dzaipi
Centre de santé MSF dans le camp de Dzaipi © MSF/Ruben Pottier

Frédéricke Dumont est médecin MSF. Elle décrit comment l'équipe d'urgence de Médecins sans Frontières (MSF) a très vite mis en place des services médicaux pour les réfugiés du Soudan du Sud.

« Nous travaillons dans un centre de santé situé dans l'enceinte du camp de transit de Dzaipi, en Ouganda, près de la frontière avec le Soudan du Sud. Dzaipi est un endroit poussiéreux dans la brousse, où environ 38 000 personnes ont trouvé refuge après avoir fui le conflit au Soudan du Sud. 15 000 se sont réfugiées dans le camp de Dzaipi et 5 000 dans celui de Numanzi, cinq ou six kilomètres plus loin. Beaucoup viennent des États de Jonglei et d'Unité et de la ville de Bor. La plupart sont des femmes et des enfants.

Les gens ont marché pendant longtemps avant d'arriver ici. Ils ont emporté beaucoup de choses avec eux : des ustensiles de cuisine, des vêtements, d’autres affaires dans des sacs en plastique bourrés, des effets personnels. On réalise qu'ils ont eu le temps de rassembler le nécessaire. Mais d'autres sont arrivés sans rien.

Le Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés a fourni des tentes et, pour le moment, les réfugiés ont de quoi manger. Ils ont de l'eau potable. MSF apporte de l'eau par camions du Nil plusieurs fois par jour, la traite à l'intérieur du camp pour la rendre potable avant de la distribuer aux réfugiés. 

Le centre de santé était initialement géré par le ministère de la Santé ougandais, mais le personnel a été submergé par le flux des arrivants. Nous sommes donc venus leur prêter main forte.

MSF est arrivé ici, début janvier, et a rapidement installé une tente pour les soins ambulatoires comprenant une salle de consultations, une salle d'attente, une salle de triage, un service de soutien psychologique et un centre de nutrition ambulatoire. 

Nous avons commencé à organiser des cliniques mobiles à Numanzi, un petit camp à cinq-six kilomètres d'ici. De là, nous envoyons les cas graves à la clinique de Dzaipi, et les cas plus graves à l'hôpital du district d'Adjumani qui a les ressources nécessaires pour faire de la chirurgie.

Le 20 janvier, nous avons aménagé un service d'hospitalisation dans l'enceinte d'un bâtiment, ici même à Dzaipi, et avons recruté du personnel soignant originaire d'Ouganda et du Soudan du Sud : infirmières, personnel d'entretien, aides-soignantes, agents cliniques, sages-femmes, ambulanciers. À l'heure actuelle, je suis le seul médecin dans le camp. Nous avons défini les responsabilités de chacun et mis en place un tableau de service, nous avons aussi installé un stock de médicaments et de matériel médical dans les salles. Les conditions au centre de santé sont assez rudimentaires.

Nous avons eu quelques cas graves : beaucoup de patients souffrant de paludisme, de diarrhée, de vomissements. Il y a des femmes enceintes présentant des complications, des personnes qui ont de la fièvre et des infections des voies respiratoires inférieures. Comme nous avons eu quelques enfants souffrant de malnutrition, nous allons ouvrir un centre de nutrition thérapeutique intensive pour les enfants qui doivent être hospitalisés.

Les cas que nous voyons - et leur prise en charge médicale - sont similaires à ce que l’on peut voir ailleurs en Afrique. Bien que le conflit fasse partie de la vie de ces gens, ils n'en parlent pas vraiment pour le moment.

Le camp de Numanzi commence à être surpeuplé, un autre camp va donc être construit à Baratuka, à 10 km de Dzaipi. Nous prévoyons d'organiser une deuxième clinique mobile à Baratuka et d’installer un réservoir d'eau d'une capacité de 30 000 litres pour fournir de l'eau potable aux réfugiés. Nous allons développer nos activités médicales en fonction des besoins des réfugiés. "

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