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Contexte

En 2005, un accord de paix entre le gouvernement du Soudan à Khartoum et l’armée populaire de libération du Soudan (APLS) met fin à 20 ans de guerre et ouvre la voie à une période intérimaire de six ans marquée par une paix relative et le retour d’une grande partie des personnes réfugiées et déplacée.

Mais deux ans après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, une guerre éclate entre les deux groupes qui se partagent alors le pouvoir et ravive les tensions ethniques. De 2013 à 2018, en dépit des initiatives de réconciliation, le conflit a forcé des millions de Sud-Soudanais à fuir à nouveau leurs foyers et aurait causé la mort de centaines de milliers de personnes. 

Malgré un cessez-le-feu et un accord de partage du pouvoir depuis février 2020, l'insécurité et les affrontements armés se poursuivent dans certaines régions. On compte ainsi plus de 1,5 million de déplacés dans le pays et près 2,2 millions de réfugiés dans les pays voisins, notamment en Ouganda (HCR, 2020).

Principales interventions de Médecins Sans Frontières (MSF) au Soudan du Sud. Source : rapport international d'activités 2019
 © MSF
Principales interventions de Médecins Sans Frontières (MSF) au Soudan du Sud. Source : rapport international d'activités 2019 © MSF

Quatre millions de personnes ont été déplacées par des années de conflit au Soudan du Sud, qui reste l'un des pays les plus dangereux au monde. Mais c'est aussi l'un des pays dans lesquels MSF mène l'une de ses plus grandes opérations.

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Une population sans cesse déplacée

Depuis 2013, quatre millions de personnes ont été déplacées par le conflit au Soudan du Sud. Au cours des périodes de violences les plus extrêmes, des milliers de personnes ont fui massivement vers les pays voisins. Entre 2016 et 2017, l'Ouganda a ainsi accueilli plus d'1 million de réfugiés sud-soudanais. Malgré les bonnes volontés du gouvernement ougandais, les camps de réfugiés, comme celui de Bidibidi dans le district Yumbe, dans le nord du pays, ont rapidement atteint leur capacité d'accueil maximale. Dans le camp de Bidibidi abritant plus de 200 000 personnes déplacées, les équipes MSF sont rapidement intervenues pour répondre aux besoins médicaux non-couverts par les autres acteurs sur place, notamment dans les secteurs de la santé primaire et de l’assainissement des eaux. 

Pour échapper aux violences des combats, les Sud-Soudanais se sont également déplacés massivement à l'intérieur de leur pays,  cherchant notamment une protection dans les bases de la Mission des Nation unies au Soudan du Sud (MINUSS). À mesure que le conflit s'est étendu, ces bases sont devenues des sites de protection des civils (PoC), gardés par les forces de la MINUSS. On estime aujourd'hui qu'environ 180 000 personnes ont trouvé refuge dans les camps de la MINUSS établis dans le pays. MSF est présente dans deux d'entre eux, à Bentiu, dans le nord, et Malakal, dans le nord-est du Soudan du Sud. Dans PoC, les déplacés n’ont qu’un accès très limité à l’eau potable, à des installations sanitaires et à des structures de santé. Cette situation les expose à des maladies telles que le paludisme, les infections respiratoires et les dermatoses et, dans certaines régions, le choléra. De nombreux patients, en particulier des enfants de moins de 5 ans, souffrent de diarrhée sévère aiguë, d’affections cutanées ou d’infections des yeux, des maladies facilement évitables avec de meilleures conditions d’assainissement et d’approvisionnement en eau. Les vols, les pillages et les violences sexuelles sont également récurrents au sein des camps. L'insécurité permanente qui y règne et les conditions de vie déplorables affectent la santé mentale des personnes déplacées  ; poussant même les plus fragiles à des tentatives de suicides

Des violences intercommunautaires à répétition 

Le Nord-Est du pays, en particulier l'État de Jonglei et la région administrative du Grand Pibor, est en proie à des affrontements intercommunautaires permanents. Les populations et les infrastructures civiles, dont les établissements de santé, sont régulièrement les cibles des groupes armés. Les équipes MSF prennent notamment en charge les blessés de guerre dans les villes de Pieri et Pibor. 

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Une situation sanitaire extrêmement précaire

Au Soudan du Sud, la plupart des services médicaux sont fournis par des acteurs humanitaires. Aucun système de santé n’a jamais été réellement mis en place dans ce pays ravagé par des décennies de guerre et le gouvernement n'alloue que 2,6 % de son budget à la santé. Pour beaucoup de communautés, les traitements sont souvent inexistants ou difficiles à obtenir. 

Le pays a depuis longtemps l'un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde. Dans l'État de Bahr-El -Ghazal du Nord, MSF gère la maternité de l'hôpital d'Aweil, la capitale, en prodiguant des soins aux femmes et nouveau-nés. Chaque mois, les équipes assistent environ 500 accouchements. 
 

© Peter Bauza

3 jours de marche

Une plongée dans le travail des équipes MSF à Aweil, au Soudan du Sud

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Durant la saison des pluies, le Soudan du Sud abrite l'une des régions les plus marécageuses au monde, favorisant l'augmentation des cas de paludisme et des maladies liées à l'eau. Le service pédiatrique de l'hôpital d'Aweil, également géré par MSF, augmente ainsi ses capacités pour traiter des milliers d'enfants contre le paludisme. Alors que la plupart des enfants atteints de paludisme ne nécessite pas d'hospitalisation, MSF diagnostique et admet des enfants atteints de la forme sévère du paludisme qui peut entraîner des complications graves – voire mortelles –, comme des convulsions, des problèmes respiratoires, des insuffisances rénales ou de l'anémie sévère.
 

Les équipes MSF répondent également régulièrement à des épidémies de rougeole ou de choléra et prennent en charge les enfants atteints de malnutrition de le pays. 
 

De plus en plus d'épisodes d'inondations

 La seconde moitié de 2019 a été marquée par des inondations sans précédent, affectant près d'un million de personnes. À Pibor, une des zones les plus touchées, le centre de santé MSF a été submergé par les eaux. Pour répondre en urgence aux besoins des populations, MSF a mis en place une structure temporaire sous tente pour pouvoir dispenser des services ambulatoires, d'hospitalisation et de maternité. En 2020, ce sont environ 800 000 personnes qui ont été affectées par des pluies diluviennes, inondant les maisons et laissant les populations sans nourriture, eau, ni abri. MSF a ainsi fourni des soins médicaux dans les zones atteintes par les inondations (région du Grand Pibor, État de Jonglei, du Nil Supérieur et de l'Unité) et a également distribué des bâches et des moustiquaires aux ménages les plus touchés. La ville enclavée d'Old Fangak d'environ 30 000 habitants, dans l'État de Jonglei, a été particulièrement touchée par les inondations, de juillet à novembre 2020. L'hôpital de la ville, où les équipes MSF traitent des centaines de patients chaque mois, est resté au-dessus du niveau des eaux grâce à des plates-formes construites par MSF en 2018.