Nord-ouest de la Syrie : près de 1,5 million de déplacés s’apprêtent à affronter l’hiver dans des camps

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© Abdul Majeed Al Qareh

Sur les quelque 2,7 millions de personnes déplacées par le conflit qui vivent dans le nord-ouest de la Syrie, on estime que près d'1,5 million habitent dans des camps, dans des conditions de précarité extrêmes. Les équipes MSF adaptent leurs interventions pour leur apporter un soutien matériel et médical en prévision de l’hiver.

« La vie est terrible ici, surtout l’hiver. La tente ne peut pas nous protéger contre le froid et la pluie », explique Chahine Ziadeh, un résident du camp de Fan Al-Shemali dans la province d’Idlib. Chahine a fui son village en 2016 à cause de violents tirs d’artillerie. Il s’est installé dans ce camp il y a deux ans, après s’être déplacé à plusieurs reprises.

À l’approche de l’hiver, dans le nord-ouest de la Syrie, les conditions déjà difficiles dans lesquelles vivent près d’un million et demi de personnes déplacées, qui habitent dans des camps, vont se dégrader davantage. 

À chaque fois qu’il pleut, les rues du camp de Fan Al-Shemali se transforment en torrent de boue. L’eau s’infiltre dans les tentes, qui deviennent invivables, et les gens peuvent difficilement se déplacer pour aller acheter des produits alimentaires, travailler ou consulter un médecin. 

Pour beaucoup d’entre eux, ce ne sera pas le premier hiver qu’ils passeront dans de telles conditions. Ces dernières années, le nord-ouest de la Syrie a vu déferler de nombreuses vagues de déplacement de populations, la dernière datant de début 2020, lorsque les combats dans la région ont provoqué la fuite de près d’un million de personnes.

Vue d'un camp de personnes déplacées dans le nord-ouest syrien. Novembre 2020. 
 © Abdul Majeed Al Qareh
Vue d'un camp de personnes déplacées dans le nord-ouest syrien. Novembre 2020.  © Abdul Majeed Al Qareh

Une évaluation faite récemment par une équipe MSF de promotion de la santé dans plusieurs camps a fait apparaître que pour près de 70 % des 116 personnes interviewées, ce ne sera pas le premier hiver qu’elles vont passer dans un camp. Chaque personne interrogée a dit craindre que des membres de sa famille, ses enfants principalement, ne tombent malades cet hiver.

Un soutien logistique et médical

Pour améliorer les conditions de vie durant l’hiver, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) distribuent des kits qui contiennent vêtements chauds, bâches, matelas et couvertures pour environ 14 500 familles vivant dans plus de 70 camps.

« Nous distribuons ces biens de première nécessité essentiellement pour que les familles soient protégées des fortes pluies car beaucoup de tentes sont très usées, explique Abdoulrahman, logisticien MSF. À l’approche de cet hiver, nous sommes préoccupés aussi parce que, ces dernières années, de très fortes pluies sont tombées sur les camps. »

Les équipes MSF ont commencé à rénover 2 275 tentes dans six camps situés dans l’ouest de la province d’Idlib. Elles refont le sol à l’intérieur et autour des tentes, améliorent l’isolation thermique des tentes et montent des murets de briques pour les protéger contre les inondations.

Elles espèrent que ces rénovations permettront d’améliorer les conditions de vie générales des gens mais aussi de contribuer à prévenir une hausse des maladies liées à l’hiver. 

« Même si cette intervention n’est pas en soi purement médicale, nous ne pouvons pas ignorer les conditions de vie et l’impact qu’elles ont sur la santé des populations », indique Dr Chen Lim, coordinatrice des activités médicales MSF dans le nord-ouest de la Syrie.

Les équipes MSF distribuent notamment des couvertures et des bâches en plastique pour se protéger des intempéries. Nord-ouest de la Syrie. Novembre 2020. 
 © Abdul Majeed Al Qareh
Les équipes MSF distribuent notamment des couvertures et des bâches en plastique pour se protéger des intempéries. Nord-ouest de la Syrie. Novembre 2020.  © Abdul Majeed Al Qareh

Chaque hiver, les équipes médicales MSF observent dans ces camps surpeuplés une augmentation des infections respiratoires, des problèmes de santé liés à des lésions respiratoires, des brûlures, des maladies diarrhéiques et des engelures. 

Pour renforcer ses actions de prévention, MSF a déployé dans les camps des équipes de promotion de la santé qui sensibilisent les familles aux maladies courantes pendant l’hiver, évaluent les besoins sanitaires et informent la population sur les soins médicaux dispensés par les équipes mobiles de MSF.

Autre préoccupation cette année pour les habitants du nord-ouest de la Syrie, la pandémie de Covid-19 qui continue d’exercer un lourd impact dans la région. Plus de 17 000 cas confirmés ont été enregistrés jusqu’ici et le nombre de cas risque d’augmenter fortement pendant la période hivernale.

« Cet hiver, il sera aussi plus difficile pour les personnels de santé de faire la distinction entre les personnes présentant des symptômes liés aux maladies hivernales et celles présentant des symptômes de la Covid-19, indique le Dr Chen Lim. Dans ce sens, l’hiver va encore compliquer pour chacun la situation qui est déjà critique dans le nord-ouest de la Syrie. »

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