Mali : dans le nord, les combats réduisent l’accès aux soins des populations

To be in the most difficult places is perhaps a fortunate misfortune
Une équipe MSF évacue un patient en urgence vers l'hôpital régional de Mopti, Mali. © Lamine Keita/MSF

Depuis plusieurs mois, l'intensification des violences dans le centre et le nord du Mali entrave l’accès aux soins. Fin novembre, l’organisation a dû évacuer ses équipes d’une zone où la sécurité n’était plus assurée.

Depuis début octobre, l’armée malienne, soutenue par ses partenaires russes, affronte des groupes armés dans le but de reconquérir le nord du pays. Cette reprise des combats met à mal une situation déjà très fragile dont les populations sont les premières victimes.

« Ces dernières semaines, nous avons dû évacuer une partie de nos équipes et arrêter partiellement certaines activités médicales dans les régions de Ségou et Tombouctou, explique Aissami Abdou, coordinateur des opérations MSF au Mali. Nous sommes inquiets pour la population qui est exposée à ces violences et dont l’accès aux soins est compromis. »

En effet, ces derniers mois, les épisodes de violence se sont intensifiés et installent un climat de peur. Les accidents mortels liés à des engins explosifs sont devenus courants : « Dans la nuit du 22 au 23 octobre, trois véhicules qui revenaient du marché ont sauté sur des engins explosifs sur l’axe Gossi – Hombori, au centre du Mali, explique Dr Sidiki Souleymane, médecin MSF. Cela a provoqué la mort de 8 personnes sur le coup et une quarantaine de blessés dont 11 graves, tous admis au Centre de Santé communautaire de Hombori où travaillent les équipes de MSF ». Plus récemment, en novembre, une attaque contre un camp militaire a fait 29 blessés. Et au mois de septembre, un véhicule MSF qui transportait une patiente de Hombori vers Douentza a été la cible de tirs. La patiente, une femme enceinte, a été blessée, ainsi que deux autres passagers. Sa mère qui l’accompagnait a été tuée par balle.

« Ici, à l’hôpital de Douentza, nous n’avons plus d’ambulance. Certaines ne fonctionnent plus et d’autres ont été volées lors de déplacements. C’est arrivé tellement de fois qu’il a été décidé de ne plus en racheter. Maintenant, les blessés sont transportés par des particuliers. Ce sont des ambulances improvisées qui doivent parcourir de longues distances pour amener les blessés à destination. »

Dr Sidiki Souleymane, médecin MSF au Mali.

© Seydou Camara/MSF

Ce niveau de menace très élevé a un impact direct sur les populations qui se retrouvent prises au piège, à tous les niveaux, et osent de moins en moins se déplacer. De fait, les opérations MSF sont également limitées « En raison des difficultés d'accès et des problèmes de sécurité, MSF a dû limiter ses activités et déplacements et fait face à des problèmes d'approvisionnement en médicaments, matériel logistique et en carburant », précise Jean-Jacques Nfon Dibie, chef de projet à Tombouctou.

Pourtant, dans certaines zones, le soutien des équipes MSF est crucial. Par exemple, avant l’arrivée des équipes à Toule et Toladje, certaines personnes ont témoigné qu’elles n’avaient pas vu de médecins depuis sept ans. L’année dernière, quelque 552 800 consultations ont été effectuées et 68 000 personnes ont été hospitalisées par MSF. « Nous sommes souvent la dernière organisation humanitaire à travailler dans ces zones sensibles. Quand MSF décide de partir, c’est que la situation est devenue très critique », conclut Aissami Abdou.

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