Coronavirus en Syrie : « la réponse dans le nord-est n'est pas suffisante »

Dans le camp d'Al-Hol dans le nord-est de la Syrie, plus de 90 % des habitants du camp sont des femmes et des enfants ; les deux tiers ont moins de 18 ans. 2020.
Dans le camp d'Al-Hol dans le nord-est de la Syrie, plus de 90 % des habitants du camp sont des femmes et des enfants ; les deux tiers ont moins de 18 ans. 2020. © Ricardo Garcia Vilanova / MSF

Le premier décès dû au coronavirus a été confirmé dans le nord-est de la Syrie, une situation très inquiétante selon MSF, étant donné les très faibles moyens disponibles dans la région. Un système de santé affaibli, des retards dans les tests et la fermeture des frontières rendent quasiment impossible une réponse adéquate afin de limiter la propagation du Covid-19.

Selon les autorités sanitaires locales, un patient a été détecté positif au coronavirus dans le nord-est de la Syrie. Mais les résultats des tests ont été partagés avec deux semaines de retard et le patient en était déjà décédé. Actuellement, la seule capacité de test disponible pour le nord-est syrien passe par le laboratoire central de référence de Damas. Il est difficile de faire tester les patients chez qui la présence de coronavirus est suspectée et de recevoir une confirmation dans les temps. 

« Le manque de capacité de dépistage fiable et rapide dans la région rend presque impossible la détection précoce des cas, ce qui entrave considérablement la capacité à ralentir la transmission au sein des communautés dès le début, alors que c'est le plus important », déclare Crystal van Leeuwen, responsable des urgences médicales de MSF pour la Syrie. Nous sommes profondément préoccupés par le manque de tests de laboratoire, l'absence de recherche de contacts, la capacité inadéquate des hôpitaux à gérer les patients et la disponibilité limitée d'équipements de protection individuelle », ajoute-t-elle.
 

Vue du camp d'Al Hol, dans l'est du gouvernorat d'Al Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, le 09 mars 2020.
 © MSF
Vue du camp d'Al Hol, dans l'est du gouvernorat d'Al Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, le 09 mars 2020. © MSF

Les équipes MSF travaillent en collaboration avec les autorités sanitaires locales et d'autres organisations dans la région pour se préparer à une augmentation du nombre de patients souffrant de Covid-19. 

Les activités de MSF sont concentrées à l'hôpital national d'Al Hassakeh, mais une attention particulière est portée sur la situation dans les camps de la région où des déplacés vivent dans des espaces exigus et encombrés, avec peu ou pas d'accès aux services médicaux ou à l'eau potable. 

 

Les gens font la queue pour de l'eau dans le camp d'Al Hol, dans l'est du gouvernorat d'Al Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, le 09 mars 2020.
 © MSF
Les gens font la queue pour de l'eau dans le camp d'Al Hol, dans l'est du gouvernorat d'Al Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, le 09 mars 2020. © MSF

Le  camp surpeuplé d'Al Hol, où MSF a commencé à fournir une assistance médicale et humanitaire en janvier 2019, abrite aujourd'hui environ 65 000 personnes, dont aucune n'est autorisée à sortir. Parmi elles, 94 % sont des femmes et des enfants. 

L'entrée de matériel et de personnel humanitaire est très difficile dans le nord-est de la Syrie en passant par le nord-ouest de l'Irak. « Nous respectons les mesures Covid-19 mises en place par les autorités du Kurdistan irakien ; cependant, des exemptions et des facilités doivent être accordées aux travailleurs humanitaires pour garantir que les niveaux d'aide appropriés atteignent le nord-est de la Syrie », déclare Will Turner, responsable des urgences chez MSF. 

Neuf années de conflit et d'opérations militaires ont laissé la région avec un système de santé exsangue. De nombreux établissements de santé ne peuvent plus fonctionner et ceux qui restent ouverts luttaient déjà pour répondre aux besoins médicaux existants avant la pandémie de coronavirus. Avec des approvisionnements limités et peu de personnel médical, plusieurs services et installations de santé ont été contraints de fermer, laissant les patients atteints de maladies chroniques ou avec des systèmes immunitaires affaiblis encore plus vulnérables.

Les quelques structures médicales fonctionnelles de la région pourraient très rapidement être submergées par un afflux de patients Covid-19, et ne seraient pas en mesure de les prendre tous en charge.

« La réponse dans le nord-est de la Syrie n'est pas suffisante pour le moment. Une augmentation significative de l'aide des acteurs de la santé, des organisations humanitaires et des donateurs est essentielle », conclut Crystal van Leeuwen.

MSF est prête à soutenir une réponse Covid-19 dans le nord de la Syrie et en Irak ; cependant, sa réponse restera limitée tant qu’un accès rapide ne lui sera pas accordé. MSF exhorte donc les autorités du Kurdistan irakien et du nord-est de la Syrie à faciliter l'accès rapide à la région pour les organisations humanitaires, y compris pour le fret humanitaire et le personnel international.

 

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