Afghanistan : « La covid-19 a affecté toute ma vie »

MSF COVID-19 treatment center in Gazer Gah Hospital
Mohammed Hashim est le premier patient du centre de traitement Covid-19 de MSF. D'une capacité de 32 lits, le centre à ouvert dans lhöpital régional d'Herat, dans l'ouest de l'Afghanistan. © Laura Mc Andrew/MSF

Comme de nombreux Afghans, Mohammed Hashim était sceptique quant à l'existence de la Covid-19. Il a été le premier patient du nouveau centre de traitement contre le coronavirus de Médecins Sans Frontières à l'hôpital Gazer Gah d'Herat, dans l'ouest de l'Afghanistan. Récit. 

Mohammed vit au jour le jour et ses conditions de vie se sont considérablement détériorées en raison de la pandémie. Comme lui, plus de la moitié de la population afghane vit avec moins de 1 euro par jour. Quand il a commencé à ressentir les symptômes, il a d'abord essayé la médecine traditionnelle. Mais quand son état s'est détérioré, il s'est résigné à se rendre à l'hôpital. 

« J'ai traversé beaucoup d'épreuves dans ma vie et connu beaucoup de souffrances. Je n'ai pas peur de ce virus. 

Le plus difficile avec cette maladie c'est qu'il n'existe pas de traitement à prendre chez soi. On m'a suggéré des remèdes artisanaux. Parmi eux, la drona aabi. C’est une herbe qui pousse dans les montagnes. Mais il n'y a eu aucun résultat.

Au début, j'avais des symptômes légers. Je ne les prenais pas au sérieux. Ensuite ma situation s'est aggravée. Et il y a quatre nuits, je me suis soudain senti très mal. J'ai réalisé que j'avais tous les symptômes dont j'avais entendu parler dans les médias. J'ai du me rendre à l'évidence : le coronavirus existait réellement et j'étais infecté.

Quand je me suis rendu compte que j'avais la Covid-19, je ne suis plus allé à la mosquée. Et j'ai préféré n'en parler à personne. Le lendemain matin, je suis allé à l'hôpital régional d'Herat. Un voyage de 40 minutes et 250 afghanis [2,90 euros]. Cela représente beaucoup pour moi. 

Quand je suis arrivé à l'hôpital, j'ai réalisé qu'il y avait trois ou quatre autres membres de ma communauté. J'ai été transféré à l'hôpital Liberty [centre de traitement Covid-19 pour la prise en charge de cas légers et modérés] où j'ai passé deux nuits. Puis, je suis arrivé hier à l'hôpital MSF.

Le Dr Justin Dalby et l'équipe médicale du nouveau centre de traitement Covid-19 de MSF à Herat discutent de l'état des premiers patients admis le 28 juin 2020.
 © Laura Mc Andrew/MSF
Le Dr Justin Dalby et l'équipe médicale du nouveau centre de traitement Covid-19 de MSF à Herat discutent de l'état des premiers patients admis le 28 juin 2020. © Laura Mc Andrew/MSF

Économiquement, c'est difficile. La covid-19 a affecté toute ma vie. Maintenant que je suis infecté, je ne peux pas travailler. De toutes façons, il n'y a plus de travail. D'habitude ce sont mes fils qui gagnent l’argent pour la famille, mais maintenant, eux aussi, ne trouvent plus de travail journalier. 

Nous sommes six à la maison. Avant de venir à l'hôpital, j'étais inquiet pour eux. J'ai dépensé 16 000 Afghanis [205 euros] en aliments nutritifs pour ma femme et mes enfants. C'est une somme colossale mais cela les rend plus fort face au virus. 

Il y a environ 30 ans, j'ai eu une maladie très grave. J'ai dû aller en Iran me faire opérer. Mais même à cette époque la situation n'était pas aussi difficile que maintenant. Avec le coronavirus, si on ne fait pas attention, cela devient un problème pour tout le monde. »

Notes

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