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Myanmar : MSF appelle à garantir un accès sûr aux soins de santé

Une consultation dans une clinique de fortune installée après l'occupation de l'hôpital public par des militaires à Yangon.
Une consultation dans une clinique de fortune installée après l'occupation de l'hôpital public par des militaires à Yangon. © MSF/Ben Small

Médecins Sans Frontières (MSF) appelle les autorités militaires au pouvoir au Myanmar et les autres parties prenantes dans la crise à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir à la population un accès sûr et sans entraves aux soins de santé. De même, le personnel médical doit pouvoir prodiguer des soins vitaux sans être victime d'attaques, de détention ou d'intimidation.

Près de quatre mois après le coup d’Etat au Myanmar, les services de santé publique restent gravement perturbés. De nombreux hôpitaux et cliniques publics sont fermés ou occupés par les militaires, et ceux qui sont ouverts offrent des services limités en raison de la grève du personnel médical. Les patients doivent généralement choisir entre se faire soigner dans un établissement privé qu'ils n'ont pas toujours les moyens de payer, ou dans un hôpital contrôlé par l'armée où leur sécurité peut être menacée, en particulier s'ils ont participé à des manifestations ou au mouvement de désobéissance civile.

Des cliniques d'ONG existent dans certains endroits, mais elles ne peuvent pas couvrir l’ensemble des besoins et ont vu leurs activités limitées par les autorités militaires. Une clinique soutenue par MSF a été informée par les forces de sécurité qu'elle ne pouvait pas traiter les manifestants. Elles ont aussi ordonné que les lits d'urgence soient retirés et demandé que tous les blessés soient emmenés dans des hôpitaux contrôlés par l'armée. La police a également arrêté un volontaire de la clinique pour son implication dans les manifestations et a exigé les noms des autres personnes qui y travaillent. L'établissement a été contraint de fermer temporairement et ne fonctionne aujourd’hui qu’avec un personnel réduit.

Les habitants du Myanmar sont contraints d'effectuer des déplacements plus longs pour recevoir des soins. Les forces de sécurité aux points de contrôle fouillent les personnes qui se déplacent et contribuent à créer un climat de peur. L'insécurité permanente et les retards dans l'accès aux médicaments mettent la vie des patients atteints du VIH, de la tuberculose et de l’hépatite C en danger.

Médecins et infirmiers continuent d’être la cible de violences. Le personnel des établissements de soins soutenus par MSF fait état de soignants arrêtés et détenus. Selon le système de surveillance de l’OMS, depuis la prise du pouvoir par les militaires, 179 attaques ont été perpétrées contre le personnel et les structures de santé, et 13 personnes ont été tuées dans ces attaques.

Lors des manifestations pacifiques, les médias ont montré des travailleurs médicaux d'urgence se faire tirer dessus à balles réelles alors qu'ils tentaient d'aider les blessés. Les partenaires de MSF ont également été témoins de raids sur des organisations fournissant des premiers soins aux manifestants blessés, et de la destruction de leur matériel.

Alors que le système de santé publique du Myanmar se détériore, son économie s'effondre également. La devise nationale, le kyat, a chuté de 17 % par rapport au dollar, faisant grimper le coût des importations et des produits essentiels, et il est de plus en plus difficile d'obtenir de l'argent liquide.

Les agences humanitaires font elles-mêmes face à des difficultés pour acheter des fournitures et des médicaments, payer les salaires du personnel et acheminer les marchandises.

MSF a dû retirer son personnel d'une ville de l'État de Kachin en raison des combats, interrompant temporairement ses services. Les tirs d'obus et les coups de feu sont fréquents dans différentes zones. Cette situation a un impact sur les activités de MSF et soulève de sérieuses inquiétudes quant à la capacité des personnes à se déplacer pour se faire soigner.

Le personnel médical et les organisations humanitaires doivent être protégés de la violence et doivent pouvoir accéder sans entraves aux zones de conflit afin que les personnes en danger puissent bénéficier de soins vitaux. Tous les obstacles empêchant les malades et les blessés de se faire soigner doivent être levés.

MSF voit déjà l'impact de cette situation dans son programme VIH dans l'état de Kachin. Avant le 1er février, MSF avait progressivement transféré sa cohorte de patients VIH vers le programme national de lutte contre le sida du gouvernement. Cependant, ces cliniques ne sont plus ouvertes et MSF a vu près de 2 000 patients revenir dans ses structures, et plus de 200 nouveaux patients séropositifs s'y inscrire.

Dans l'État de Rakhine, les camps de Rohingyas dépendent habituellement de l'aide humanitaire pour avoir accès à l'eau potable. Maintenant que de nombreuses organisations réduisent leurs activités en raison de leurs difficultés à acheminer des fournitures dans les camps, on constate un pic du nombre de personnes cherchant à se faire soigner pour des diarrhées aqueuses aiguës.

Selon les données du HCR, 60 000 personnes ont été déplacées à l'intérieur du Myanmar et 10 000 autres dans les pays voisins depuis le 1er février. Cette situation est due en grande partie à une résurgence du conflit dans les régions frontalières du Myanmar, en particulier dans les États de Chin, Kachin et Kayin, principalement entre l'armée et les groupes armés de minorités ethniques, mais aussi, de plus en plus, avec les forces de défense populaires pro-démocratiques. Les frappes aériennes et les bombardements forcent les gens à fuir leurs maisons et ont causé un nombre inconnu de victimes civiles.

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