Gaza : MSF lance une campagne pour dénoncer l’inaction des autorités françaises face au génocide

Les médecins ne peuvent pas arrêter un génocide. Nos dirigeants, oui.

Alors que la France et plusieurs pays s’apprêtent à reconnaître l’Etat de Palestine, l’armée israélienne a lancé une offensive majeure à Gaza-ville, poussant la population, épuisée par près de deux ans de conflit, dans ses derniers retranchements. Sans actions immédiates des gouvernements pour stopper l’éradication des Palestiniens à Gaza, la reconnaissance de l’État de Palestine restera un geste symbolique vide de sens. La situation à Gaza ne relève pas seulement d’une catastrophe humanitaire sans précédent mais d’un génocide mené par les autorités israéliennes en toute impunité, comme le confirment les conclusions de la commission d’enquête des Nations unies rendues publiques le 16 septembre.  

C’est le sens de la campagne globale lancée par Médecins Sans Frontières le 15 septembre dernier.  Articulée autour du message suivant : « Les médecins ne peuvent pas arrêter un génocide. Nos dirigeants, oui », la campagne exhorte notamment la France à prendre des mesures concrètes, en accord avec ses obligations internationales. 

« La France doit utiliser tous les leviers politiques, diplomatiques et économiques dont elle dispose afin d’obtenir d’Israël un cessez-le-feu immédiat, la levée du siège et la fin de la famine orchestrée à Gaza », déclare Claire Magone, directrice générale de MSF. « Treize de nos collègues ont été tués et un de nos chirurgiens, Dr Mohammed Obeid, est détenu par Israël depuis octobre 2024. Au total, plus de 1 500 travailleurs de santé ont été tués. Leur disparition participe à l’effondrement du système de santé. » MSF est présente à Gaza depuis plus de vingt ans avec actuellement plus de 1 100 employés palestiniens.  

Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, plus de 64 000 personnes ont été tuées, dont 20 000 enfants. 83% étaient des civils, selon les chiffres de l’armée israélienne elle-même. Le nombre réel de morts est plus élevé, car de nombreuses personnes sont ensevelies sous les décombres des hôpitaux, des écoles et des maisons, ou sont mortes faute de soins.   

Des armes lourdes conçues pour des champs de bataille – dont certaines ont été vendues à Israël par les gouvernements états-uniens et européens – sont utilisées dans des zones urbaines densément peuplées, où les personnes sont abritées par des tentes. MSF soigne des blessures dévastatrices qui en résultent.  

Les autorités israéliennes ont systématiquement ciblé le système de santé de Gaza, bombardant des hôpitaux, attaquant des installations médicales et mettant en danger la vie du personnel soignant et des patients. Les quelques hôpitaux qui subsistent sont débordés et manquent de matériel.  

Dans un environnement médiatique très contraint et perméable aux pressions, évoquer le caractère génocidaire de cette guerre reste une gageure. Confrontée au refus de plusieurs annonceurs et médias de relayer cette campagne en France, MSF compte sur la mobilisation de ses soutiens et du grand public à travers des actions de communication et de plaidoyer politique. 

Nous demandons également à la France de : 

  • Prendre enfin sa part dans les évacuations médicales des personnes blessées et malades vers la France. A ce jour, seule une trentaine de patients ont été accueillis en France ; 
  • Faciliter l’évacuation et l’accueil des Gazaouis qui en ont fait la demande, tout en garantissant leur droit à un retour sûr, volontaire et digne ; 
  • Œuvrer pour obtenir la libération des otages israéliens encore détenus dans la bande de Gaza, et des milliers de prisonniers palestiniens indûment emprisonnés en Israël ;
  • S’assurer qu’aucune arme, munition ou composants d’origine française ne sont utilisés à Gaza ;  
  • Respecter ses engagements en matière de justice internationale, soutenir et préserver le travail de la Cour internationale de justice et de la Cour pénale internationale.  

 

Les gouvernements du monde entier, dont le gouvernement français, par leur soutien politique, militaire ou matériel à Israël, ou par leur silence, se rendent complices du génocide. Ils ont l'obligation morale et légale d’agir. Ils ne peuvent se contenter de paroles creuses et doivent exercer une pression politique réelle, en utilisant tous les leviers politiques, diplomatiques et économiques à leur disposition pour mettre fin à la guerre génocidaire menée par les autorités israéliennes à Gaza.  

Notes

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