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Venezuela en photo : paludisme et système de santé défaillant dans l'eldorado vénézuélien

Fighting malaria and a failing health system in Bolivar
Une mine d'or située dans les environs de la ville de Las Claritas.  © Adriana Loureiro Fernandez

Alors que le Venezuela connaît une grave crise politique et économique, à Bolivar, le plus grand État du Venezuela, l'extraction d'or illégale est en plein essor depuis des années et le métal jaune est devenu une motivation pour de nombreux Vénézuéliens. Comme une dernière chance de gagner leur vie ou de fuir au Brésil. Mais à Bolivar, comme ailleurs dans le pays, le système de santé est à la peine alors que le paludisme fait un retour en force avec plus de 320 000 personnes touchées en 2019. Depuis quatre ans, Médecins Sans Frontières s'investit activement dans la région, notamment en soutien au programme national de lutte contre le paludisme.

© Adriana Loureiro Fernandez
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Las Claritas est la ville la plus peuplée de la municipalité de Sifontes, située à Bolivar, le plus grand État vénézuélien. Bien qu'il n'y ait pas eu de recensement officiel dans la région depuis près de dix ans, les estimations indiquent qu'entre 70 000 et 90 000 personnes vivent à Las Claritas. La ville, située sur la route du Brésil, est particulièrement connue pour ses activités minières et ces dernières années, alors que le Venezuela fait face à une crise économique sans précédent, des gens y affluent de tout le pays, en quête d'or.

 

 

© Adriana Loureiro Fernandez
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Yordan Pentoja (27 ans) est soigné au centre de santé de Saint-Domingue pour une forme sévère de paludisme. « Je suis venu parce que je commençais à me sentir mal, explique-t-il, il m'a fallu environ trois heures et j'ai dû payer deux motos pour arriver jusqu'ici ici. Ma tête et mon estomac me faisaient vraiment très mal. Le point de diagnostic le plus proche de la mine dans laquelle je travaille actuellement est à quatre heures, donc je ne suis pas allé faire le test, je suis venu directement ici quand j'ai commencé à me sentir malade. J'ai contracté le paludisme une douzaine de fois depuis que j'ai commencé à travailler à la mine, il y a environ un an et demi. Le paludisme est comme une peste ici. J'ai tellement d'amis et de collègues qui l'ont eu que j'ai arrêté de compter. »

 

 

© Adriana Loureiro Fernandez
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Sulay Lozano (22 ans) est photographiée ici avec sa mère Mercedes et son frère Edgar. « Ma famille et moi sommes originaires de Ciudad Bolivar, mais nous vivons à l'intérieur des mines depuis un certain temps. Ce n'est que récemment que nous avons quitté la mine pour nous installer à Las Claritas. Je vis ici avec ma mère, mon frère, ma fille et mon neveu. Je ne suis pas inquiète quand l'un de nous tombe malade. J'ai eu le paludisme 40 fois, mon frère environ 10 fois. C'est quelque chose de normal quand vous vivez ici. »

Il y a cinquante ans, le Venezuela était souvent présenté comme l'un des principaux pays d'Amérique du Sud investi dans la lutte contre le paludisme. Bien que la maladie n'ait pas été entièrement éradiquée à ce moment-là, des efforts ont été faits pour réduire considérablement le nombre de cas dans le pays. Mais ces dernières années, le paludisme a fait un retour fulgurant.

Dans la commune de Sifontes, le paludisme est devenu endémique.
« Lorsque la crise économique a frappé le Venezuela, elle a frappé très durement les habitants de Sifontes. Au début, nous avons commencé à avoir de moins en moins de médicaments en stock. Nous avons rapidement dû choisir à qui donner les quelques médicaments dont nous disposions, nous ne pouvions nous concentrer que sur les cas les plus graves de paludisme. Et c'était la même situation dans d'autres centres de traitement et points de diagnostic. Je travaille dans ce domaine depuis douze ans. On a vécu des hauts et des bas. Mais cette période est extrêmement difficile pour nous », explique Yorvis Ascarnio, inspecteur de la santé publique pour le programme national de lutte contre le paludisme à Bolivar.

 

 

© Adriana Loureiro Fernandez
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Daniel, 6 ans, vient de se faire tester contre le paludisme et attend les résultats au point de diagnostic Inaway. Carmen Padilla et Gerardo Rodriguez, les parents de Daniel, racontent : « Notre fils se sentait mal depuis 48 heures. Nous sommes allés à un point de diagnostic hier, mais son test est revenu négatif. Il ne va pas mieux, alors nous recommençons. » Le point de diagnostic Inaway est l'un des différents endroits où MSF mène des activités de promotion de la santé, dans l'État de Bolivar. L'installation a ouvert ses portes il y a moins d'un an et plus de 70 000 tests de dépistage du paludisme y ont été effectués. Tous les services sont gérés par le personnel du programme national de lutte contre le paludisme du ministère de la Santé, qui est en contact direct avec le patient.

 

 

© Adriana Loureiro Fernandez
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Monserrat Vargas, bio analyste MSF, prélève le sang d'Omar Marchan (53 ans) pour tester s'il a le paludisme. Omar est originaire de Puerto Lacruz mais travaille dans la mine depuis un an et demi. Il explique : « Mon travail normal consiste à faire de l’artisanat, mais je ne pouvais plus trouver de travail, donc j’ai dû venir ici. Je suis venu avec mon fils aîné pour travailler dans les mines. La plupart de ma famille a émigré au Brésil, au Pérou ou dans d'autres régions du Venezuela. J'ai travaillé si dur pour mes enfants toute ma vie, mais j'en suis arrivé à un point où je ne peux plus faire grand-chose. Les années passent et ça devient plus difficile. Quand je suis arrivé à la mine, c'était pour travailler comme vendeur, mais maintenant je dois travailler comme mineur. Je travaille pour mon plus jeune enfant, je fais de mon mieux pour lui garantir un avenir. J'ai eu le paludisme 8 fois depuis que j'ai commencé à travailler ici. »

 

 

Monserrat Vargas, bio analyste MSF, analyse des échantillons au microscope pour déterminer si les patients souffrent de paludisme. « Il existe deux types de tests lorsque vous effectuez un diagnostic. Avec le test rapide, il vous suffit de vérifier le marqueur après avoir fait réagir un produit sur une goutte de sang pour savoir si la personne est infectée et avec quelle souche de la maladie (Vivax ou Falciparum). L'autre test s'effectue au microscope. Nous devons prélever un échantillon de sang et nous pouvons définir le type d'infection (Vivax, Falciparum ou les deux). Ici, nous utilisons davantage la microscopie, car cette méthode est plus sensible et donc plus fiable. »

 

 

© Adriana Loureiro Fernandez
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Un enfant court devant un terrain de football, près du centre de traitement de Saint-Domingue. Une fresque murale de sensibilisation contre le paludisme a récemment été peinte par la communauté sur l'un des murs, dans le cadre d'une activité de promotion de la santé organisée par les équipes MSF.

 

 

© Adriana Loureiro Fernandez
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Josué Nonato, promoteur de la santé MSF, organise une session de sensibilisation dans un point de diagnostic situé à l'intérieur d'une mine. La nuit, cet endroit se transforme en club. Josué explique : « Nous continuons à diffuser des messages au sujet du paludisme dans les mines et dans la communauté car nous voulons nous assurer que les gens savent ce qu'est cette maladie et comment la diagnostiquer et la traiter. »

En 2019, MSF a touché plus de 55 000 personnes lors de sessions de promotion de la santé dans la région et traité plus de 85 000 personnes contre le paludisme. Des activités combinées à des distributions de moustiquaires et la pulvérisation des habitations. Depuis lors, le nombre de cas de paludisme a diminué d'environ 40% dans la commune de Sifontes. 

 

 

© Adriana Loureiro Fernandez
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Au-delà du programme de lutte contre le paludisme, c'est tout le système de santé qui est défaillant. Le personnel de l'hôpital de Tumeremo a laissé des notes demandant de l'aide sur les fenêtres d'une chambre d'employés. L'hôpital est l'un des deux grands hôpitaux de référence de l'État de Bolivar, mais une partie de celui-ci n'a pas fonctionné au cours des dernières années et le personnel médical a du mal à fournir des services, même réguliers. 

 

 

© Adriana Loureiro Fernandez
© Adriana Loureiro Fernandez

Dans l'un des couloirs abandonnés de cet hôpital, un cri de nouveau-né se fait entendre. Alicia Jimenez, une habitante de Bolivar, vient de donner naissance à son dixième enfant avec l'aide de l'une des dernières sages-femmes de l'établissement, secondée par Sandra Platas, une infirmière MSF.  

Elle a dû voyager en bateau et en voiture pour se rendre à l'hôpital. C'est la première fois qu'Alicia accouche dans une structure hospitalière. Elle a accouché de ses neuf autres enfants à domicile. 

MSF tente de répondre aux besoins les plus urgents dans différents États du Venezuela, et à Bolivar l'organisation commencera bientôt à soutenir l'un des hôpitaux régionaux de l'État, aujourd'hui à peine fonctionnel, dans la ville de Tumeremo.

 

 

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