Ukraine : fournir des soins de santé à Lyman, après sa reprise par les forces ukrainiennes

Alla et sa fille
Une mère et sa fille, devant la clinique mobile MSF de Lyman. Ukraine. 2022. © Hussein Amri/MSF

La ville de Lyman, située dans la région de Donetsk, a été sous contrôle des forces russes pendant plusieurs mois, avant d’être reprise par l’armée ukrainienne au début du mois d'octobre. Les infrastructures de santé ont été en partie détruites, l’eau potable et l’électricité sont toujours coupées et l’accès aux soins de santé est préoccupant, comme ont pu le constater les équipes MSF. 

« La plupart des personnes que l’on reçoit en consultation souffrent de maladies chroniques. Elles n’avaient plus accès aux soins médicaux, explique le Dr Valeria Leonova, médecin MSF. D’autre part, presque tous nos patients présentent des signes de stress : agitation, insomnie, irritabilité et peur. »

Avant la reprise de la ville, les hôpitaux et les pharmacies ne fonctionnaient plus depuis des mois. Par ailleurs, les deux hôpitaux de Lyman ont été gravement endommagés et ne permettent plus de fournir des soins de santé spécialisés. Alors que peu d’organisations internationales sont présentes, le système de santé local présente de nombreuses lacunes, qui ne lui permettent pas de fournir des soins adaptés à la population.

Les équipes MSF ont transformé un centre de loisir de la ville en centre de soins de santé primaire, en collaboration avec les autorités locales, et travaillent également dans des villages aux alentours. « Les habitants de Lyman ont vécu dans des sous-sols, sans lumière ni moyens de communication pendant des mois. Il y a aussi eu des interruptions dans l'approvisionnement alimentaire, explique le Dr Anastasia Borysova, médecin MSF. La vie dans les sous-sols ne mène à rien de bon, ils sont mentalement épuisés. »

Un médecin MSF en consultation à Lyman. Ukraine. 2022.

 
 © Hussein Amri/MSF
Un médecin MSF en consultation à Lyman. Ukraine. 2022.   © Hussein Amri/MSF

Klavdiya*, âgée de 84 ans, a passé plus d’un mois dans le sous-sol mal isolé de sa maison. Aujourd’hui, elle fait face, comme de nombreux Ukrainiens, à l’absence d’électricité et d’accès à l’eau potable. « Pour pouvoir cuisiner, je suis obligée d’aller chercher du bois de chauffage dans la forêt et de l’eau au puits, explique-t-elle. Mon état de santé s’est détérioré pendant cette période. Désormais, je suis forcée de m’appuyer sur un bâton pour marcher. Pendant les combats, il n’y avait personne pour m’aider, seules les personnes âgées étaient restées en ville. »

Alla et sa famille ont réussi à fuir la ville, avant de revenir après sa reprise par les forces ukrainiennes. « Nous avons quatre enfants et deux parents âgés de 70 ans. Nous avons séjourné dans de nombreux endroits : près de Dnipro, de Novomoskovsk, de Kharkiv et de Zaporijia, expliquet-elle. À Lyman, nous nous étions abrités dans un sous-sol, mais les bombardements étaient trop intenses, 10 des maisons de notre rue avaient déjà été détruites. On se disait que notre maison serait la prochaine. Nous sommes partis, comme quasiment tout le monde. »

Aujourd’hui, elle amène sa fille en consultation dans le centre de santé MSF car celle-ci a beaucoup souffert des conditions précaires dans lesquelles ils ont été forcés de vivre. Comme toutes les personnes dont les équipes MSF ont recueilli le témoignage à Lyman, Alla a demandé à ce que son prénom soit modifié, parce qu’elle a peur que les soldats russes reviennent.

* Les prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat des témoins.

À lire aussi