Soudan : situation précaire pour les populations du Sud-Soudan et du Darfour

Darfour camp de Mouhajariyah février 2009.
Darfour, camp de Mouhajariyah, février 2009. © Jan-Joseph Stok

Dans plusieurs régions du Soudan, les urgences médicales n'ont pas cessé pendant toute l'année 2009. En plus de la crise qui sévit au Darfour, la situation des habitants du Sud-Soudan se détériore à cause de l'escalade de la violence, des épidémies et de l'accès limité, voire inexistant, aux soins.

Presque cinq ans après la signature de l'accord de paix (CPA), qui a mis fin à une guerre civile violente longue de plusieurs décennies, les besoins médicaux dans tout le Sud-Soudan restent urgents, et l'intensification des tensions crée un climat de sécurité précaire.

De violents combats intercommunautaires, qui ont éclaté toute l'année dans les États de Jonglei, du Haut Nil, de Warrap et des Lacs, ont laissé derrière eux des centaines de morts et des milliers de déplacés.

Les attaques sporadiques des rebelles ougandais de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), dans les villages proches de la frontière congolaise et en République démocratique du Congo (RDC), ont obligé des milliers de Soudanais à quitter leur foyer et des Congolais à traverser la frontière pour trouver refuge dans l'État de l'Équatoria occidental.

Cette violence dans le sud du Soudan porte atteinte aux populations qui essaient de se reconstruire après la guerre civile qui a pris fin en 2005. Aujourd'hui, près des trois quarts de la population n'ont pas accès aux services de santé les plus basiques.

Tout au long de l'année, les 1 200 membres des équipes de terrain de MSF ont traité des milliers de patients de la malnutrition, du paludisme et de la tuberculose au Sud-Soudan, et ont délivré une large palette de soins de gynécologie-obstétrique dans plusieurs régions du pays.

Les épidémies de méningite, de rougeole, de choléra et de paludisme sont fréquentes : en 2009, les équipes MSF ont répondu à une épidémie de choléra dans les États du Nord-Bahr-el-Ghazal, de Jonglei et de Warrap, et à Juba, la capitale. MSF fait également face à une épidémie de kala-azar, maladie parasitaire mortelle si elle n'est pas traitée, dans les États du Haut Nil et de Jonglei.

Les habitants du Darfour vivent également dans une situation précaire. Des millions de personnes sont toujours déplacées et nécessitent une aide extérieure, tandis que les épisodes de violence liés à la guerre ainsi que les affrontements pour l'acquisition des ressources naturelles ont continué à gonfler le bilan des pertes humaines cette année.

La distribution de nourriture, d'eau et de soins aux habitants du Darfour est devenue de plus en plus difficile après l'expulsion de 13 ONG internationales, dont 2 sections de MSF, et de 3 organisations soudanaises par les autorités. Cette expulsion faisait suite à la décision de la Cour pénale internationale (CPI) de délivrer un mandat d'arrêt contre le président Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Les volontaires qui sont restés sur place tentent d'apporter une aide humanitaire aux personnes dans le besoin : l'insécurité et les enlèvements dont ils sont la cible limitent leur capacité à évaluer les nouveaux besoins, particulièrement dans les zones rurales souvent coupée des secours.

Ils répondent aux besoins de près de 2 millions de personnes qui vivent toujours dans les camps de déplacés. MSF reste engagée à délivrer une aide médicale impartiale et travaille actuellement dans plusieurs sites au Darfour.

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