Soudan du Sud : combats en cours et afflux massif de blessés dans les zones de Jonglei et Pibor

Soudan du Sud : combats en cours et afflux massif de blessés dans les zones de Jonglei et Pibor
Site de protection des civils à Pibor, dans l'État de Jonglei, Soudan du Sud. © MSF

Les équipes de Médecins Sans Frontières ont reçu un afflux massif de 83 blessés à Pieri et Lankien entre le 9 et 13 mars. Elles ont également traité 45 blessures par balle à Pibor au cours du mois dernier, tandis que les affrontements intercommunautaires continuent dans l'État de Jonglei et la région administrative du Grand Pibor.

« À Pieri, nous avons reçu 68 blessés en moins de 12 heures, raconte Istifanus Chindong Damulak, chef d'équipe médicale MSF. C’est un afflux massif de patients critiques, avec de graves blessures par balle et des coups de couteau. À Lankien, nous avons traité une femme enceinte de sept mois qui a perdu son bébé et une fillette de 10 ans qui ont été toutes les deux poignardées à plusieurs reprises. »

L'accès aux soins dans la région reste réduit et les distances à parcourir pour se soigner sont souvent très grandes. Un grand nombre de patients arrivent donc dans des conditions critiques, avec par exemple une septicémie causée par des blessures par balle infectées.

Les équipes médicales de MSF ont traité les cas critiques dans le centre de soins de santé primaires de Pieri et l'hôpital de Lankien. Les cas les plus graves ont été référés par avion à l'hôpital MSF de Bentiu, où ils ont été opérés.

Suzanne Doeland et Mariel Selter évaluent l'état de Nyaduoth, 10 ans, arrivée aux urgences de l'hôpital MSF situé dans le site de protection des civils de Bentiu. Nyaduoth a subi plusieurs blessures au couteau et a été transféré à Bentiu pour être opéré.
 © Gabriele François Casini/MSF
Suzanne Doeland et Mariel Selter évaluent l'état de Nyaduoth, 10 ans, arrivée aux urgences de l'hôpital MSF situé dans le site de protection des civils de Bentiu. Nyaduoth a subi plusieurs blessures au couteau et a été transféré à Bentiu pour être opéré. © Gabriele François Casini/MSF

« Nous sommes très préoccupés par le niveau extrême de violence dont certains patients ont été victimes, a déclaré Claudio Miglietta, chef de mission MSF au Soudan du Sud. La violence actuelle, notamment le ciblage spécifique des personnes vulnérables, dépasse ce que nous avons récemment constaté. »

Depuis le 21 février 2020, un gouvernement de transition est en place au Soudan du Sud, mais des désaccords persistent quant à l’établissement des frontières et la création d’une armée nationale commune, comprenant des soldats de toutes les parties au conflit. Si la capitale Juba reste calme, la récente flambée de violence intercommunautaire dans l'État de Jonglei et la région administrative du Grand Pibor a entraîné le déplacement de milliers de personnes.

A Pibor, les conditions de vie des habitants dans les camps de déplacés sont lamentables, avec un accès extrêmement limité à l'eau potable, aux latrines, à la nourriture et à un abri adéquat. « Les affrontements violents ont considérablement réduit l'accès aux soins pour les milliers de personnes qui ont fui dans la brousse. Pour ceux qui sont maintenant entassés dans un espace confiné, le risque d'épidémies est extrêmement élevé. La pénurie prolongée d'eau potable aggrave encore la situation. Les besoins sont extrêmement élevés et notre capacité à y répondre est poussée à ses limites », conclut Roderick Embuido, coordinateur médical de MSF au Soudan du Sud.

En plus de soigner les blessés, nos équipes continuent de prendre en charge les femmes enceintes, de lutter contre les maladies comme le paludisme, la diarrhée et les infections respiratoires. Elles ont vacciné plus de 3500 enfants contre la rougeole afin de prévenir une éventuelle épidémie.

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