Soudan : dans le Kordofan, près de 200.000 personnes vaccinées contre la fièvre jaune en deux semaines

Campagne de vaccination  Soudan du Sud
Campagne de vaccination - Soudan du Sud © Olga Overbeek/MSF

Pour enrayer une épidémie de fièvre jaune dans la province du Kordofan, au centre du Soudan, nos équipes, en collaboration avec les autorités sanitaires, ont mené une campagne de vaccination de masse dans deux importantes localités de la province, Abu Gebeiha et Rashad.

Vacciner 200.000 personnes contre la fièvre jaune en deux semaines, dans une région désertique, avec des vaccins qui doivent être conservés entre 2 et 8°C : c'est le défi qu'a relevé une équipe de MSF dans le Kordofan.

Dans cette province au centre du Soudan, les premiers cas de fièvre jaune ont été recensés en septembre, mais l'épidémie n'a été confirmée que fin octobre. Début décembre, une fois terminées les formalités administratives et les négociations sur les modalités de notre intervention, 23 volontaires internationaux de MSF sont partis avec pour mission de vacciner la population d'Abu Gebeiha et de Rashad, deux grands centres urbains à l'est du Sud Kordofan, ainsi que les habitants des villes de plus de 3.000 personnes alentours.

Les équipes du ministère de la Santé soudanais se sont, elles, concentrées sur les plus petites villes autour de ces deux localités et sur les villages en zones rurales, ainsi que dans les autres villes et villages de l'ensemble de cette province de 1,7 million d'habitants.

Une maladie sans traitement spécifique

Contre la fièvre jaune, maladie virale très contagieuse, il n'existe pas de traitement spécifique. Seule une prise en charge des symptômes est possible. Même avec des soins appropriés, les risques de décès liés à cette pathologie restent importants, avec près de 25% des malades qui en meurent.

Le vaccin contre la fièvre jaune immunise pendant 10 ans. Pour éviter la propagation de la maladie après le déclenchement de l'épidémie au Kordofan, une campagne de vaccination de masse rapide, ciblant toutes les personnes, adultes et enfants à partir de 9 mois, était donc indispensable.

« Organiser une campagne d'une telle ampleur, en un temps réduit, est un véritable défi, explique Coralie Léchelle, du service des urgences à MSF, de retour du Kordofan. Après les discussions avec le ministère de la Santé pour déterminer les responsabilités de chacun, la principale difficulté consistait à organiser la chaîne de froid permettant l'acheminement des doses de vaccins. » Qui, même en plein désert, doivent impérativement être conservés entre 2 et 8 °C pour ne pas perdre leur efficacité.

« Cela fait 600 kilos de glace utilisée, et donc à produire, conditionner et transporter chaque jour ! », raconte Fleury Girard, logisticien.

50 voitures, 600 kilos de glace par jour, plus de 120 personnes mobilisées...

L'organisation des équipes de vaccination représente aussi un lourd travail logistique. « Pour la ville d'Abu Gebeiha qui comprend 40.000 personnes et pour les localités alentours, nous avons constitué trois tandems logisticien-infirmière, explique Fleury.

Chacun assurait la supervision de quatre équipes de vaccination composées de deux vaccinateurs, quatre préparateurs, deux compteurs et deux personnes chargées de l'enregistrement. Pour donner une idée de l'ampleur des moyens développés, chaque tandem dispose de sept voitures (dont trois pick-up pour acheminer le matériel sur les villes ou villages couverts), soit au total plus de 50 voitures mobilisées pour l'ensemble de la campagne. »

Une autre difficulté d'une campagne de cette ampleur réside dans le recueil des données de population. « Les chiffres ne sont pas toujours fiables, poursuit Coralie, les populations de villages sont parfois sous ou sur-évalués. Or, il est indispensable, pour que la campagne de vaccination soit efficace, de vacciner toute la population âgée de plus de 9 mois. D'où un véritable casse-tête logistique pour les équipes ! Et sans compter les nomades qui transitent dans cette zone, ainsi que les personnes qui, par peur de la maladie, ont fait parfois des jours de marche pour se faire vacciner. »

Une couverture vaccinale difficile à estimer

En parallèle, les équipes ont également pris en charge 583 personnes malades. Faute de traitement spécifique pour la fièvre jaune, près de 25% sont décédées. Celles qui ont survécu à la maladie sont, elles, immunisées à vie.

«La province du Kordofan est très vaste et nous ne disposons pas de recueil de données suffisamment fiables, ajoute Coralie. Il est probable que certains cas, et même des décès, n'ont pu être répertoriés. »

«Les premiers jours, on vaccinait au rythme de 1.200 personnes par vaccinateurs. Puis, les jours suivants, entre 100 à 200 personnes par vaccinateur, afin de faire un "rattrapage" des personnes qui n'avaient pu avoir se rendre aux grandes journées de vaccination » , raconte Fleury.

Au total, près de 200.000 personnes ont été vaccinées en moins de deux semaines et la campagne a pris fin dimanche 18 décembre.

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