Somalie - Après les inondations, le manque d'eau potable et de vivres

Les pluies torrentielles de ces dernières semaines ont provoqué des inondations dans le sud de la Somalie où deux fleuves, le Djouba et le Shabeele, sont sortis de leur lit. Les zones riveraines de ces fleuves ont été en grande partie dévastées dans cette région, l'une des plus peuplées du pays. Des milliers de familles n'ont plus de toit ou ont pris le chemin de l'exode. Et des centaines d'autres sont prisonnières des eaux.

A Marere, un petit village au bord du Djouba à environ 80 km au nord de Kismayo, les équipes MSF déjà présentes dans l'hôpital et le centre de nutrition ont pu réagir très vite à l'urgence. De plus, une équipe est allée à Beletweyne, une ville de quelque 60.000 habitants située dans la région d'Hiran où près de 18.000 personnes, fuyant la montée des eaux du Shabeele, ont quitté l'est de la ville pour aller vers l'ouest. Pour réduire les risques d'épidémies comme le choléra au sein de ces populations déplacées, l'équipe a entamé la construction de 300 latrines. Par ailleurs, « MSF approvisionne les structures médicales existantes en médicaments et en matériel médical et a distribué des biens de première nécessité à 200 familles », indique Bruno Jochum, le directeur des opérations de MSF Suisse. Mais les besoins sont considérables et l'aide d'autres organisations humanitaires est indispensable.

L'eau et les vivres font défaut

L'approvisionnement en eau potable est le problème numéro un. Selon des estimations, plus de 70% des puits de surface et des points d'eau sont aujourd'hui contaminés suite aux inondations. Faute de bois ou de charbon de bois, il est impossible de faire bouillir l'eau puisée dans les fleuves en crue pour la rendre potable. Le risque de maladies transmises par l'eau est donc accru. Deux patients souffrant de choléra ont été pris en charge dans le centre de santé de Jilib et de nombreux autres cas suspects y ont été référés. Il y a aussi des personnes souffrant de formes graves de diarrhée qui ont besoin d'un traitement médical urgent.

Les vivres font de plus cruellement défaut. De nombreuses familles ont perdu leurs réserves. D'autres ont vu leurs cultures détruites par la montée des eaux. Une partie du bétail a péri noyé. Un nombre considérable d'habitants sont ainsi privés de leurs récoltes, ce qui laisse présager un risque élevé de malnutrition dans cette région en proie à des pénuries alimentaires chroniques.

Des abris et du matériel doivent être envoyés sur le terrain de toute urgence. Car un grand nombre de familles dont les habitations ont été détruites sont à la merci des pluies torrentielles. Et pour elles, le risque d'infections respiratoires et de paludisme est en nette augmentation.

Zone à risque

« Les problèmes d'accès limitent considérablement la capacité de réponse de MSF dans ces zones à risque », explique Colin McIlreavy, chef de mission à MSF. « Déjà les patients ne peuvent se rendre à l'hôpital de MSF à Marere, à cause des inondations. Tout le matériel logistique et médical doit être acheminé par les eaux car les routes ont purement et simplement disparu. » Des personnes sont mortes noyées en essayant de traverser les rivières. MSF est particulièrement préoccupée par le sort des 750 enfants souffrant de malnutrition qui étaient pris en charge dans le cadre de notre programme nutritionnel et dont l'alimentation doit être absolument assurée. Localement, les déplacements se font par bateau, mais ce mode de transport ne permet de venir en aide qu'à un petit nombre de patients ayant besoin d'une aide médicale urgente ou de produits essentiels.

MSF met au point des plans d'intervention et réunit le matériel et l'expertise qui doivent être envoyés de toute urgence dans les régions victimes des inondations. Mais le nombre d'acteurs humanitaires présents est très restreint. « Alors que l'aide est déjà limitée, la poursuite de l'interdiction de survol de la Somalie déclarée par les autorités kenyanes constitue une entrave supplémentaire à l'acheminement de l'aide, constate Bruno Jochum. Ces difficultés administratives et logistiques ne devraient pourtant pas empêcher l'implication d'autres acteurs de l'aide auprès de populations qui en ont vraiment besoin. »

MSF est actuellement présente sur un certain nombre de sites du centre et du sud de la Somalie : Mogadiscio, Jowhar, Galkayo, Galgaduud, Huduur, Dinsoor et Marere. Les équipes de MSF sont également intervenues à la suite des inondations qui ont ravagé les camps de réfugiés de Dadaab, à la frontière entre la Kenya et la Somalie.

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