Réfugiés soudanais au Tchad : une inquiétante propagation d’hépatite E

Vue d'un puits creusé afin de fournir de l'eau à des réfugiés soudanais dans l'est du Tchad. 2024
Vue d'un puits creusé afin de fournir de l'eau à des réfugiés soudanais dans l'est du Tchad. 2024   © MSF/Giuseppe La Rosa

L'hépatite E se propage dans les camps de réfugiés de l'est du Tchad où plus de 550 000 Soudanais fuyant le conflit ont trouvé refuge. La transmission de l'hépatite E est exacerbée par la pénurie d'eau potable et les mauvaises conditions d'hygiène dans les camps, dispersés dans la province tchadienne du Ouaddaï.

« Cela fait un an que la guerre a éclaté au Soudan et le sort des personnes réfugiées au Tchad reste dramatique, explique Erneau Mondesir, coordinateur médical MSF à Adré. Il y a un risque sanitaire non seulement pour les personnes réfugiées, mais aussi pour les communautés d'accueil. » 

L'hépatite E est une infection virale très contagieuse qui se transmet principalement via l'eau contaminée. Elle constitue une véritable menace pour les personnes vivant dans des environnements surpeuplés et insalubres. Cette maladie, provoquant une inflammation du foie, est particulièrement dangereuse pour les femmes enceintes, chez qui elle peut être fatale.   

Les équipes MSF qui travaillent dans les camps d'Adré, d'Aboutengue, de Metché et d'Al-Acha ont constaté une recrudescence des cas d'hépatite E, directement liée à un manque d'infrastructures d'hygiène et à un accès limité à l'eau potable. A ce jour, MSF a enregistré 954 cas d'hépatite E parmi les réfugiés, dont six femmes enceintes. La plupart des cas (469) ont été recensés dans le camp d'Adré, où 160 000 personnes attendent d'être relogées dans des camps mieux adaptés, mais les équipes MSF ont également relevé 264 cas dans les camps d'Aboutengue, 132 dans celui de Métché et 41 dans celui d'Al-Acha. 

Dans ces camps, les infrastructures d’hygiène manquent cruellement : à Adré, on compte une latrine disponible pour 677 personnes, et dans le camp de Metché, une latrine pour 225 personnes. « La situation est désastreuse dans tous les camps, déclare Erneau Mondesir. Si nous n'agissons pas rapidement pour améliorer les infrastructures d'hygiène et l'accès des populations à l'eau potable, nous risquons d'assister à une recrudescence des maladies évitables ainsi qu’à des décès. »  

MSF fournit actuellement plus de 70 % de l'eau dans les camps d'Adré, d'Aboutengue, de Metché et d'Al-Acha. Malgré ces efforts, les gens ne reçoivent que 11 litres d'eau potable par jour, ce qui est bien inférieur aux 20 litres par personne et par jour recommandés dans les situations d'urgence.   

Avec l'arrivée imminente de la saison sèche, qui dure généralement d'avril à mai, les températures élevées entraîneront une augmentation des besoins en eau, tandis que les réserves des nappes phréatiques diminueront.   

« Malgré nos efforts continus, la réponse humanitaire dans l'est du Tchad a été limitée par un financement insuffisant et la présence restreinte des organisations humanitaires sur le terrain. Cela crée des lacunes majeures dans la fourniture de nourriture, d'eau et de services d'assainissement », souligne Erneau Mondesir. 

Depuis mai 2023, les équipes MSF apportent une aide vitale aux réfugiés soudanais le long de la frontière avec le Tchad. En réponse à l'augmentation des cas d'hépatite E, MSF intensifie ses activités de promotion de la santé, en particulier auprès des femmes enceintes et des jeunes mamans, afin de sensibiliser la population aux moyens de se protéger contre cette maladie et d'éviter qu'elle ne se propage davantage.   

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