RDC - Plus de 6700 victimes de viol, soignées en 2008

Nord Kivu janvier 2009. Une victime de viol dans le centre de santé de MSF à Nyanzale.
Nord Kivu, janvier 2009. Une victime de viol dans le centre de santé de MSF à Nyanzale. © Kate Geraghty

Le conflit armé dure depuis quinze ans au Kivu, avec son cortège de morts et de blessés parmi la population civile. Mais une autre forme de violence, beaucoup moins visible, détruit un nombre incalculable de vies. C'est le viol, un phénomène de grande ampleur dans les provinces du Nord et du Sud Kivu.

Le viol est clairement lié au conflit, explique Romain Gitenet, chef de mission MSF au Nord Kivu. Ce sont des hommes armés qui commettent la plupart de ces violences. Et le viol est souvent associé à un pillage.

Les femmes sont considérées comme un butin, une prise de guerre, au même titre que les biens d'un foyer et les réserves de nourriture. Ou elles sont assimilées au groupe armé qui contrôle leur zone d'habitation et sont ciblées, à ce titre, par les combattants d'un camp adverse.

Le viol, une réalité quotidienne. Quand les femmes vont au champ, au marché, quand elles marchent sur la route, elles risquent de croiser des hommes en uniforme dépareillés ou en tenue kaki et de se faire agresser.

La nuit aussi, des hommes armés peuvent faire irruption dans un village ou dans un camp de personnes déplacées et forcer la porte des maisons.

6702 victimes prises en charge en 2008. Des femmes, mais aussi des filles toutes jeunes, peuvent devenir la proie des combattants.

Combien sont-elles et combien sont-ils parce que cela arrive parfois aussi à des hommes ? Nul ne le sait. A MSF, nous pouvons seulement dire combien de personnes nos équipes reçoivent en consultation dans nos projets. Ainsi sur toute l'année 2008, nous avons pris en charge 6 702 victimes de violences sexuelles.

Le viol est clairement lié au conflit. Ce sont des hommes armés qui commettent la plupart de ces violences.

Romain Gitenet, chef de mission au Nord Kivu

Des victimes stigmatisées. Si considérable soit-il, ce chiffre ne donne qu'une image parcellaire de la situation, des femmes n'osant pas dire ce qui leur est arrivé de peur d'être rejetées par leur communauté et répudiées par leur famille et n'allant pas de ce fait se faire soigner.

Les victimes se sentent coupables. Et dans la plupart des cas, les hommes pensent que c'est la faute de la femme, que ce n'est pas un accident. Souvent aussi, la communauté, la famille, pense la même chose.

Une insécurité permanente. D'autres femmes en revanche voudraient recevoir des soins dans nos projets parce qu'elles en ont entendu parler autour d'elles, à la radio ou même à l'église.
Mais elles ne viennent pas parce qu'elles habitent trop loin, qu'elles se déplacent à pied et risqueraient encore de se faire attaquer en chemin.

Même lorsque s'instaure un calme relatif et que le bruit des armes s'estompe, l'insécurité est toujours aussi grande. La violence ne faiblit pas, les hommes armés sont là, omniprésents.

 

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