RDC : dans le nord du pays, réfugiés centrafricains et familles qui les accueillent luttent pour survivre

Centre de santé de Sidi RDC février 2015
Centre de santé de Sidi, RDC, février 2015 © Sandra Smiley/MSF

Depuis décembre 2014, près de 20 000 Centrafricains ont fui leur pays et traversé le fleuve Ubangui pour rejoindre les zones de santé de Bili et Bosobolo, situées dans la province de l’Equateur, au nord de la République démocratique du Congo (RDC). Ces derniers sont venus s'ajouter à une population de 10 000 réfugiés déjà présents dans la zone. La majorité de ces personnes ont dû abandonner tous leurs biens en République Centrafricaine (RCA) et dépendent désormais largement de la générosité de la population locale. L’accès à la nourriture et à l’eau potable étant limité pour tous, ces conditions de vie précaires génèrent des problèmes de malnutrition et une recrudescence de maladies hydriques.

Le Pool d’Urgence (PUC) de MSF en RDC apporte une aide médicale d’urgence aux populations réfugiées et aux familles d’accueil dans trois centres de santé situés le long de la rivière Ubangui ainsi qu'à l’hôpital général de référence de la zone de santé de Bili. "La nourriture se fait rare et les marchés sont vides. Nous sommes très inquiets quant aux taux de malnutrition sévère, qui dépassent le seuil d’urgence. En une semaine, nos équipes ont déjà hospitalisé 10 enfants sévèrement malnutris" constate Nathalie Gielen, coordinatrice du PUC.

Les réfugiés racontent avoir été victimes d’agressions, d’enlèvements, de viols, de braquages et de menaces de la part de groupes armés, côté centrafricain. Néanmoins, poussés par la faim, certains choisissent de tout de même retourner en RCA en quête de nourriture. "Ici, la vie est difficile. On n’a pas de champ, on n’a pas d’argent. Chez nous, en RCA, j’avais de quoi travailler, cultiver. Ici, je n’ai rien" explique Anne Kabo, 73 ans, une réfugiée vivant avec sa famille en RDC depuis le mois de mai dernier. "Parfois je travaille pour la population locale et, en échange, je reçois des feuilles de manioc pour nourrir ma famille. Nous mangeons ce que nous pouvons, mais c'est notre principale nourriture. Parfois nous restons un ou deux jours sans rien manger."

L’hygiène et l’accès à l’eau potable sont aussi des défis majeurs dans la zone. Il n’y a aucune source d’eau potable et le niveau d’hygiène - surtout sur les sites de regroupement précaires où vit une partie de la population réfugiée - est très bas. La population puise l'eau directement dans le fleuve, ce qui risque de favoriser la propagation de maladies d’origine hydrique. "Dans de telles conditions, la propagation des maladies est quasiment inévitable. La semaine passée, il y a eu un cas suspect de fièvre typhoïde sur l’un des sites de réfugiés. Il s’agissait d’un garçon âgé de 12 ans. La famille a enterré le corps juste à côté de leur hutte" relate Nathalie Gielen.

La relocalisation des réfugiés centrafricains vers un camp situé près de la localité de Bili, à 60km au sud de la rivière Ubangui, devrait commencer fin février. Mais transférer des milliers de personnes peut prendre des semaines. En attendant, les besoins en matière d'assistance humanitaire des réfugiés et des familles d’accueil restent considérables. "Si de nombreux réfugiés viennent récemment d’arriver dans la zone, une partie d’entre eux vit ainsi, dans ces conditions, depuis des mois. La population réfugiée comme la communauté d’accueil luttent pour trouver de quoi manger et boire et la malnutrition n’est pas un phénomène nouveau dans la zone" déplore Nathalie Gielen. "Il faut plus d’assistance, particulièrement en termes d’accès à l'eau, d’hygiène et d’alimentation, et ce jusqu’à ce qu’une solution plus durable soit effective."

Le PUC de MSF apporte une assistance médicale d’urgence dans les centres de santé des localités de Sidi, Gbangi et Dula, situés le long de la rivière Ubangui, dans la province de l’Equateur. Nos équipes soutiennent également l’hôpital général de référence de Bili (hospitalisations, soins psychologiques et de maternité). Depuis le début de ses activités, le 6 février, MSF a dispensé 754 consultations et hospitalisé 72 patients.

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