RDC – D’autres mouvements de populations au Nord Kivu

Famille déplacée Lubero Nord Kivu avril 2009
Famille déplacée, Lubero, Nord Kivu, avril 2009 © Yoanis Menge

Depuis qu'une offensive a été lancée, fin janvier, contre les rebelles des FDLR, les populations fuient les violences dans le nord de la province du Nord Kivu. MSF dispense des soins médicaux dans plusieurs villes et villages de cette région qui compte près de 230 000 personnes déplacées.

Depuis qu'une offensive a été lancée, fin janvier, contre les rebelles des FDLR, les populations fuient les violences dans le nord de la province du Nord Kivu. MSF dispense des soins médicaux dans plusieurs villes et villages de cette région qui compte près de 230 000 personnes déplacées.

Pour échapper aux violences, il faut partir vite, tout laisser sur place sans rien emporter ou alors une natte, une bassine...

« Il était 22h30, nous étions couchés, raconte M. un habitant de Miriki, un village du Nord Kivu. Nous avons entendu les crépitements des balles. Nous avons pensé d'abord que c'étaient des agresseurs qui venaient piller la population. Nous sommes restés dans nos cases. Mais les balles ont continué longtemps à crépiter. Alors nous nous sommes décidés à quitter le village, chacun selon ses moyens pour aller en brousse. »

Affrontements entre l'armée régulière et les FDLR. Cela s'est passé en mars dans le territoire du Lubero, situé dans le nord de la province du Nord Kivu. Mais depuis fin janvier, depuis que l'armée congolaise a lancé une offensive contre les rebelles des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), ce type d'attaques se répète avec comme corollaire de nouveaux déplacements de populations.


Au départ, l'opération a été menée conjointement avec l'armée rwandaise. Puis fin février, les troupes rwandaises se sont retirées. Cependant les affrontements se poursuivent dans le nord et dans l'ouest du Nord Kivu.

Lors de l'attaque à Miriki, plusieurs maisons ont brûlé. « Le matin, vers 6h30, nous avons vu une grande fumée au village. Nous étions sur une colline pas loin, poursuit M, et nous avons vu nos cases brûler. Ma case aussi a brûlé et tous mes effets qui étaient dedans. » M. est donc parti vers la ville voisine de Kayna qui abrite d'autres personnes déplacées comme lui.

Selon les estimations, il y aurait environ 230 000 personnes déplacées dans le territoire du Lubero mais il n'y a pas de camps
Romain Gitenet, chef de mission MSF

Dans le territoire du Lubero, plusieurs localités ont vu leur population grossir avec l'afflux de personnes déplacées. Ainsi Kayna, mais aussi Kanyabayonga qui comptait 50 000 habitants et dont la population a presque doublé.

Villages attaqués et incendiés. De même, le village de Luofu, qui a été la cible d'une attaque meurtrière, abritait un grand nombre de déplacés. Dans la nuit du 17 avril, plus de 250 maisons y ont été réduites en cendres et sept personnes ont péri dans les flammes.

Comme toujours, la population a trouvé son salut dans la fuite. Et s'est installée là où elle trouvait de la place, dans des familles d'accueil, des abris de fortune ou des maisons désertées.

« Les organisations locales et les représentants des déplacés estiment qu'il y a environ 230 000 personnes déplacées dans le territoire du Lubero mais il n'y a pas de camps », note Romain Gitenet, chef de mission MSF.

MSF adapte son intervention. Face à ces mouvements de populations, MSF a étendu sa zone d'intervention dans le territoire du Lubero. L'équipe MSF basée à Kayna dispense des soins à Luofu, Kanyabayonga, Kirumba, Kayna, Bingui... Elle transfère aussi les patients dans un état grave à l'hôpital de Kayna ou au centre de santé de Kanyabayonga.

La situation évoluant constamment, MSF adapte ses interventions en allant là où les populations arrivent et où les besoins sont les plus importants. Ainsi, une autre équipe travaille, depuis mars, dans la ville de Lubero, plus au nord.

Si les populations sont très exposées aux violences et aux pillages, les attaques font un nombre limité de blessés. « Nous traitons beaucoup moins de blessés qu'en octobre », constate Romain Gitenet. «Les factions armées ne sont plus dans une opposition frontale comme en septembre et octobre dernier. Il s'agit davantage d'une guérilla. »

Une population fragilisée par des années de conflit. Fin 2008, le conflit touchait essentiellement le sud de la province, les combats entre l'armée congolaise et les rebelles du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) provoquant l'exode des populations jusqu'à Goma. Aujourd'hui, le centre de gravité des violences s'est déplacé vers le nord autour de Lubero et Kayna.

La situation est plus calme dans le sud de la province sans pour autant que la violence ait totalement disparu. Les équipes de MSF y sont toujours présentes pour dispenser des soins médicaux et chirurgicaux aux populations fragilisées par des années de conflit et aux personnes déplacées installées dans de nombreux camps.

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