Pakistan - Soins de santé mère et enfant dans le Balouchistan

Le docteur Ahmed Bilal en consultation.
Le docteur Ahmed Bilal, en consultation. © MSF

Le docteur Ahmed Bilal travaille avec MSF dans l’une des zones les plus isolées du Pakistan : l’Est Balouchistan.  Cette semaine, dans la clinique mise en place par MSF pour fournir des soins de santé mère et enfant aux populations vulnérables de cette région, l’équipe du Dr Bilal a sauvé les vies de trois nouveaux-nés.

Le docteur Ahmed Bilal travaille avec MSF dans l’une des zones les plus isolées du Pakistan : l’Est Balouchistan.  Cette semaine, dans la clinique mise en place par MSF pour fournir des soins de santé mère et enfant aux populations vulnérables de cette région, l’équipe du Dr Bilal a sauvé les vies de trois nouveaux-nés.

Je suis originaire du Nord Balouchistan, à environ 700 km d'ici. Je dois avouer que c'est une région particulièrement difficile, où les infrastructures sont très limitées.

La plupart du temps nous n'avons que 4 ou 5 heures d'électricité par jour. Et le climat dans cette région rend la situation plus difficile encore. En été, les températures peuvent grimper jusqu'à 50° . Dans la clinique, bien que nous disposions d'un générateur, nous n'avons pas de système de climatisation.

La vie est extrêmement difficile, mais si tant de gens parviennent à vivre ici, alors moi aussi je peux.

Le système de santé dans cette région est quasi inexistant. Près de 60% des mères donnent naissance à la maison, sans aucun soutien médical.

Avec ses 600 000 habitants, ce district est le plus peuplé du Balouchistan, mais il n'y a pas un seul gynécologue ici.



Nous venons tout juste de démarrer un programme de santé mère et enfant
où nous avons déjà procédé à trois accouchements. Les trois bébés sont sortis sans respirer et ont dû être réanimés. Je crois que si ces accouchements avaient eu lieu à la maison, où il n'y a pas de système d'oxygène et où personne n'est formé à la réanimation, ces enfants n'auraient peut-être pas survécu. Aujourd'hui, ces bébés et leurs mamans se portent bien.

La plupart des futures mamans ignorent les dangers d'un long travail. Elles viennent à nous en cas de complications - saignements, douleurs intenses, ou quand le bébés ne veut pas sortir. Sur les trois accouchements, une des mamans venait de la ville, à environ dix minutes de notre hôpital, mais les deux autres étaient des villageoises. Il n'existe pas de système d'ambulance ici, donc l'une d'elles a parcouru 10 km dans une charrette tirée par un âne ; l'autre, est venue d'encore plus loin, en pousse-pousse.

Notre programme de soin mère et enfant vise à sensibiliser les mères en leur prodiguant des soins ante-nataux et des conseils sur les conditions d'hygiène nécessaires lors d'un accouchement. Nous commençons à peine, alors c'est difficile de savoir ce que les gens ici pensent de notre travail.

Pour moi qui travaille loin de chez moi, c'est une  satisfaction immense lorsque des gens viennent à moi et disent "mon enfant va mieux"
Le Dr Ahmed Bilal

Mais notre programme nutritionnel, mené auprès de 1500 enfants malnutris depuis septembre est un succès. Il arrive souvent que les gens nous demandent quand nous comptons commencer à travailler dans leur zone.
Des familles nous racontent combien leur enfant était faible et malade avant, et qu'aujourd'hui, il joue normalement. Pour moi qui travaille loin de chez moi, c'est une immense satisfaction lorsque des gens viennent à moi et disent : « Mon enfant va bien maintenant . »

J'ai très peu de temps libre - la plupart du temps je suis à la clinique, ou bien au téléphone en contact avec un de nos autres projets pour veiller à ce que tout aille bien, ou encore à prêter main forte en cas de complication.
Le soir, je collecte des données et j'écris mes rapports. Il y a toujours beaucoup à faire, mais parfois pour me détendre un peu, je joue aux cartes ou au badminton avec mes collègues.

Pour être honnête, ma maison n'est qu'à 700 km d'ici et quand je pense à mes collègues dont le foyer est à des milliers de kilomètres, je me dis que mon sacrifice est bien modeste comparé au leur.

 

 

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