Niger : intervention d’urgence pour faire face à une épidémie de méningite

En 2006 c'est dans la région de Maradi que MSF avait mené une campagne de vaccination contre la méningite.
En 2006, c'est dans la région de Maradi que MSF avait mené une campagne de vaccination contre la méningite. © Sibylle Gerstl / MSF

Début mai, à la demande du ministère de la Santé nigérien, MSF est intervenue en renfort sur une épidémie de méningite dans la région de Dosso. Issiaka Abdou, coordinateur d’urgence de MSF, explique les circonstances et les modalités de cette opération.

Où et quand s’est déclenchée cette épidémie de méningite ?

Les premiers cas de méningite sont apparus mi-février, puis la maladie s’est propagée à travers les cinq districts de la région de Dosso, environ 150 kilomètres à l’est de la capitale nigérienne. Le seuil épidémique – lorsque, rapporté à une population de 100 000 habitants, il y a plus de 15 cas recensés en une semaine – a été franchi courant avril ou début mai dans dix centres de santé. Les autorités sanitaires nigériennes ont rapidement commencé à répondre à cette épidémie en organisant des campagnes de vaccination en urgence. Mais en raison de moyens limités, la couverture vaccinale restait entre 10 et 20%, alors qu’il faut qu’au moins 70% de la population soit vaccinée pour éviter l’extension de l’épidémie. C’est alors que le ministère de la Santé nigérien a sollicité un appui de la part de MSF.

En quoi a consisté l’intervention de MSF ?

Après nous être rendus sur place pour vérifier le nombre de cas recensés dans les centres de santé de la région, nous avons décidé début mai d’intervenir en ciblant les districts les plus touchés. Pour assurer une bonne prise en charge des malades, nous avons soutenu 23 centres de santé en leur fournissant des traitements (du chloramphénicol huileux) et du matériel (pour le diagnostic par ponction lombaire et pour l’injection intramusculaire du traitement). En outre, 2 médecins de MSF ont briefé le personnel de ces centres sur la définition des cas et le protocole de traitement, puis sont passés régulièrement dans les centres pour relever le nombre de cas et assurer un réapprovisionnement en traitements. Au total, les centres soutenus par MSF ont pris en charge 107 patients, dont 6 sont décédés.
En outre, nous avons fourni aux deux hôpitaux de district des villes de Dosso et Doutchi des kits pour assurer la prise en charge des cas compliqués.

Parallèlement, nous avons mené une campagne de vaccination dans 5 aires de santé particulièrement touchés par l’épidémie, avec une équipe de 12 personnes pour renforcer le personnel du ministère de la Santé. Sur une population cible de 136 000 personnes âgées de 2 à 30 ans, nous en avons vacciné près de 95 000. Dans 4 districts, nous avons atteint notre objectif de 85% de taux de couverture vaccinale. Dans le district de Doutchi en revanche, nous n’avons atteint que 70% et cherchons à comprendre pourquoi. Soit nous avions surestimé la population du district, soit les gens ne sont pas venus se faire vacciner parce qu’ils travaillaient aux champs suite aux premières pluies.

L’épidémie est désormais terminée ?

Oui. La semaine dernière, quatre nouveaux cas seulement ont été recensés, portant le nombre total de cas enregistrés depuis de début de l’épidémie à 425. Le début de la saison des pluies devrait en outre mettre un terme définitif à cette épidémie, la propagation de la méningite étant favorisée par la saison sèche.
MSF boucle son intervention en récupérant les kits de traitement distribués dans les centres de santé pour les regrouper dans les hôpitaux de district. Nous effectuons aussi des donations de vaccins et de seringues dans les centres de santé que nous avons soutenus et également dans ceux où le taux de couverture vaccinale est insuffisant.

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