URGENCE GAZA

Gaza : les annonces sur le corridor maritime et la jetée temporaire ne sont qu’un écran de fumée

Lire le communiqué

Fonds d'urgence

Chapo

Grâce à vous, nos équipes interviennent en urgence auprès des populations qui en ont le plus besoin, partout où nous agissons.

je donne au fonds d'urgence MSF 

Niger : à Niamey, soigner les personnes en migration

Des patients attendent leur consultation à la clinique du district de Wadata, à Niamey.
Des patients attendent leur consultation à la clinique du district de Wadata, à Niamey. Décembre 2018 © Anna Fliflet/MSF

Au Niger, carrefour des migrations africaines, des milliers de personnes expulsées d’Algérie, retournées de Libye, en route vers le nord, et parfois l’Europe, se heurtent aux logiques d’exclusion et de violence institutionnalisées en système de gestion des migrations, sous l’impulsion de l’Union Européenne.  

Médecins Sans Frontières (MSF) leur vient en aide à Niamey, une étape du parcours où s’entrecroisent toutes ces trajectoires migratoires.

Entre mai et novembre 2018, MSF a effectué 4 500 consultations

Chaque jour, la clinique mobile de l’équipe MSF traverse le quartier de Wadata, connu dans la capitale nigérienne pour ses nombreuses gares routières et foyers où transitent les exilés. Les soins médicaux sont fournis à toute personne en route, indépendamment de son statut administratif et de son projet migratoire. « Les consultations se font sur place ; les patients qui nécessitent un suivi médical plus approfondi peuvent être référés à notre cabinet de consultation en ville où nous disposons d’une salle d’observation de quelques lits. Nous collaborons aussi avec les structures de santé du ministère de la Santé publique pour y référer des cas plus complexes et urgents », explique Haïg Nigolian, un médecin qui a travaillé plusieurs mois dans ce projet.

Entre mai et novembre 2018, près de 4 500 consultations ont été effectuées. La plupart des patients viennent d’Afrique de l’Ouest et se déplacent entre différents pays du continent. Douleurs généralisées, maladies gastriques et infections respiratoires font partie des pathologies fréquemment rencontrées, directement liées aux difficultés affrontées en route. Certains présentent des marques de torture et rapportent des expériences de violence.

L'équipe médicale de MSF organise des cliniques mobiles régulières à Wadata. Ici, des migrants attendent leur consultation près d’un des sites de l’OIM, à Niamey. Décembre 2018
 © Anna Fliflet/MSF
L'équipe médicale de MSF organise des cliniques mobiles régulières à Wadata. Ici, des migrants attendent leur consultation près d’un des sites de l’OIM, à Niamey. Décembre 2018 © Anna Fliflet/MSF

En l’absence de prise en charge, ou si elle intervient trop tardivement, certains problèmes de santé dégénèrent au cours du parcours en complications sévères et parfois fatales. C’est le cas pour Marc, un jeune patient de 26 ans. Après une année de calvaire en Libye, où il rapporte avoir été emprisonné à plusieurs reprises, il rejoint Agadez, dans un état de santé déplorable. Il décide de rentrer en bus jusqu’au Sénégal. Lors d’un changement à Niamey, les employés de la compagnie de bus refusent de l’embarquer pour raisons de santé et alertent l’équipe mobile de MSF. « Il a été placé en observation dans notre cabinet médical, le temps d’effectuer des examens, se souvient Haïg Nigolian. Le diagnostic était critique : une hépatite B non prise en charge qui s’est compliquée d’une cirrhose hépatique et d’un cancer. Malgré tous nos efforts, la maladie l’a finalement emporté après quelques semaines. »

Des expériences de violence en Libye et en Algérie

« Le projet s’adresse en particulier à celles et ceux qui reviennent, brisés et épuisés, de Libye ou d’Algérie », explique Abdoul-Aziz O. Mohamed, chef de mission de MSF au Niger.

Dans les dix premiers mois de l’année 2018, plus de 60 500 personnes seraient entrées au Niger par les points de suivi des flux de population que surveillent l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Certaines sont entrées aux alentours du village d’Assamaka, après avoir été expulsées par les autorités algériennes qui les abandonnent dans le désert, à des kilomètres de la frontière qu’elles ont ordre de regagner et de traverser.

« Assamaka revient régulièrement dans les récits comme un épisode particulièrement éprouvant et difficile psychologiquement : l’expérience d’être abandonné dans le désert, sans eau ni nourriture, de voir des gens mourir sur la route, c’est quelque chose qui marque durablement », ajoute Haïg Nigolian.

Une partie des personnes expulsées d’Algérie se dirige ensuite via Arlit et Agadez vers Niamey, pour préparer la prochaine étape de leur voyage. Elles y retrouvent notamment des rescapés de l’enfer libyen, où les violences, le kidnapping et l’extorsion des exilés subsahariens, qu’ils soient candidats à la traversée vers l’Europe ou travailleurs saisonniers, continuent de prospérer.

Une assistance trop souvent conditionnée au retour dans le pays d’origine

« Une fois à Niamey, il est difficile pour les exilés d’accéder à des soins adéquats. Trop souvent, l’assistance disponible au Niger pour cette population est en fait conditionnelle : il leur faut renoncer à leur projet migratoire, pourtant parfois motivé par des situations de violence et de danger, et manifester leur volonté de retourner dans leur pays d’origine  auprès de l’OIM pour y accéder », déclare Abdoul-Aziz O. Mohamed.

De petits campements informels s’installent aux portes des centres de transit de l’OIM qui sont actuellement saturés. Pendant des semaines, les gens attendent de pouvoir se faire enregistrer comme candidat au retour volontaire par l’OIM. Ce n’est qu’ensuite qu’ils pourront bénéficier de soins médicaux fournis par l’agence et ses partenaires.

A l’heure où les Etats européens misent sur la baisse à tout prix du nombre d’arrivées de demandeurs d’asile, réfugiés et migrants par la mer, les programmes de rapatriement ont le vent en poupe : plus de 10 000 depuis le Niger durant le premier semestre 2018. Ils éclipsent la prise en compte des besoins de protection internationale et la prise en charge des violences vécues au cours de parcours qui s’allongent et se complexifient en raison de la criminalisation des passages et de la fermeture des frontières.

MSF est présente au Niger depuis 1985. Actuellement, l’organisation intervient dans la prise en charge des maladies de l’enfance et de la malnutrition et dans le domaine de la santé reproductive, aux côtés des autorités sanitaires. Depuis fin 2014, MSF vient en aide aux déplacés, réfugiés et populations locales victimes du conflit dans la région de Diffa. Nos équipes déploient aussi des réponses d’urgence aux épidémies lorsque nécessaire et appuient les autorités sanitaires dans la surveillance épidémiologique.

À lire aussi