MSF suspend ses activités dans trois centres de rétention à Malte

Depuis le mois de juillet 2008 MSF travaillait dans trois centres de rétention sur l'île de Malte.
Depuis le mois de juillet 2008, MSF travaillait dans trois centres de rétention sur l'île de Malte. © MSF

MSF a suspendu ses activités dans trois centres de détention pour migrants sans papiers et demandeurs d'asile à Malte dénonçant les conditions d'accueil.

Cette décision fait suite à une série de demandes adressées aux autorités maltaises en vue d'améliorer les conditions de vie et les services de soins de santé dans ces centres.

"Malgré les demandes répétées de MSF lors de la seconde moitié de l'année 2008 et au début de l'année 2009, rien n'a changé en six mois", explique Giuseppe, coordinateur de projet pour MSF.

"MSF a donc décidé de suspendre ses activités dans les centres de détention".

A moins que des mesures urgentes ne soient prises, MSF ne peut plus y mener, dans de telles conditions, une action humanitaire médicale indépendante et  efficace.

Menaces multiples pour la santé. Depuis le début de ses activités à Malte, en août 2008, MSF a été le témoin de conditions inacceptables dans les centres de détention pour migrants et demandeurs d'asile : hommes, femmes, enfants partagent les mêmes espaces de vie : locaux aux conditions sanitaires déplorables, surpeuplés, manquant de lits, et dont les fenêtres sont brisées.


Cette situation est une menace pour la santé physique et mentale des migrants et des demandeurs d'asile, dont plus de la moitié viennent de pays touchés par des conflits, la persécution et une violation généralisée des droits de l'Homme.

Depuis le mois d'août dernier, MSF a effectué près de 3 200 consultations médicales et 266 sessions psychologiques individuelles à Malte. Beaucoup de problèmes de santé rencontrés chez ces détenus - comme des douleurs musculaires, des infections urinaires et de la peau - sont le résultat de terribles périples endurés pour atteindre l'île et risquent d'empirer en raison des conditions de vie inacceptables dans les centres de détention.

 Une fois malades, les détenus n'ont qu'un accès très restreint aux soins. Le système mis en place par les autorités maltaises ne garantie pas de soins adéquats ou un suivi correct des maladies sévères comme la rougeole, la tuberculose et la varicelle
 Philippa, médecin MSF à Malte
Le surpeuplement et le manque de zones d'isolation appropriées pour les patients présentant des maladies infectieuses sont des menaces supplémentaires pour la santé des migrants et des demandeurs d'asile.

Pendant 5 mois, MSF a suivi l'évolution de l'état de santé de 60 individus arrivés dans les centres en bonne santé. Durant cette période, 65 cas de maladies, comme la gale, la varicelle, et des infections respiratoires, qui auraient toutes pu être évitées, ont été diagnostiquées au sein du groupe.

Améliorer les conditions d'accueil. MSF demande aux autorités maltaises et européennes de prendre des mesures urgentes pour assurer des standards minimums d'accueil pour les migrants et les demandeurs d'asile à Malte, comme prévu dans la législation européenne.

Ceci implique l'amélioration des conditions de vie, l'instauration d'un système de soins médicaux approprié, une pharmacie dans les centres afin de garantir la délivrance de médicaments et des zones d'isolation adéquates pour les patients présentant des maladies infectieuses.

MSF dénonce également fermement la détention des demandeurs d'asile et des groupes de migrants vulnérables comme les femmes enceintes, les personnes malades et les enfants.

MSF reste néanmoins sur l'île, où elle apporte un soutien aux migrants et aux demandeurs d'asile dans les centres ouverts existants et dans lesquels elle délivre également des soins médicaux aux nouveaux arrivants.

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