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Le poids de la violence à Diffa, dans le sud-est du Niger

L'épouse de Garba a été prise en charge par l'équipe MSF pour des soins prénataux.
L'épouse de Garba a été prise en charge par l'équipe MSF pour des soins prénataux. © Juan Carlos Tomasi/MSF

Depuis plus de trois ans, le conflit entre Boko Haram et les armées dans la région du lac Tchad fait des ravages parmi la population civile. Nombreuses sont ceux qui ont dû fuir leur foyer, abandonnant tout derrière eux pour se réfugier dans d’autres villages, allant même jusqu’à traverser les frontières.

Selon les autorités, plus de 240 000 personnes se trouvent à Diffa, au sud-est du Niger, à la frontière avec le Tchad et le Nigeria. Parmi elles, des réfugiés pour la plupart originaires du Nigeria, des déplacés internes, ainsi que des personnes qui reviennent dans leur pays d’origine après une période de déplacement.

Malgré le calme relatif et l’absence de déplacements majeurs au cours des derniers mois, la situation y reste extrêmement instable. Les attaques sporadiques de Boko Haram et les opérations militaires forcent les populations civiles à se déplacer continuellement, en quête de sécurité. En mai 2015 déjà, des milliers de personnes avaient dû fuir leur village dans les îles du lac Tchad, après que les autorités nigériennes avaient annoncé qu'elles devaient quitter la zone suite à une attaque meurtrière de Boko Haram sur l'île de Karamga.

Garba, qui travaille en tant que gardien pour MSF à Garin Wazam – un site accueillant des déplacés, situé à 58 kilomètres de la ville de Diffa – a dû se déplacer environ 15 fois au cours des trois dernières années. « Après avoir quitté mon village au Cameroun, je me suis rendu d’abord au Nigeria, puis au Niger. J’ai dû fuir un lieu après l’autre en raison des attaques repétées. » Comme Garba, de nombreuses personnes à Diffa ont subi les conséquences dévastatrices du conflit.

De nombreuses personnes ont trouvé refuge de part et d’autre de la route nationale numéro 1 qui traverse la région de Diffa. © Juan Carlos Tomasi/MSF

De nombreuses personnes ont trouvé refuge de part et d’autre de la route nationale numéro 1 qui traverse la région de Diffa.
© Juan Carlos Tomasi/MSF

La pression sur la communauté locale a elle aussi radicalement augmenté. Malgré la présence d’un grand nombre d’acteurs humanitaires à Diffa, environ 100 000 personnes à l’heure actuelle vivent dans une situation de vulnérabilité extrême. Elles manquent de nourriture, d’eau, d’installations sanitaires adéquates et d’accès aux ressources naturelles. Le conflit a affecté les activités agricoles et d’élevage autour de la rivière Komadougou, à la frontière avec le Nigeria, et sur les rives du lac Tchad, privant la population d’une source importante d’activités socio-économiques.

À Diffa, les mesures de sécurité prises par les autorités ont également affecté les activités commerciales. Le commerce du poisson et de certains légumes est interdit, de même que les déplacements en moto, deux activités qui représentent une source de subsistance importante. Elles ont enfin rendu quasi-impossible l’accès aux soins de santé primaire.

Des soins médicaux pour les plus vulnérables

Les distances font de l’accès aux soins de santé un défi quotidien. D’autre part, la population doit payer pour les consultations médicales, les tests de laboratoire et les médicaments, ce qui exclut des soins de fait les populations les plus vulnérables.

Pour répondre aux besoins de cette population, MSF assure gratuitement les soins de santé primaire, de santé reproductive et de santé mentale, ainsi que les activités de vaccination et de dépistage nutritionnel dans huit centres de santé situés dans les districts de Diffa, Bosso et Nguigmi.

« Toumour, situé à 80 kilomètres de la ville de Diffa, est devenu un lieu isolé à la suite du conflit. La population y manque de nourriture, d’eau et de travail. Environ 3 900 personnes y bénéficient chaque mois des consultations médicales gratuites que nous offrons au centre de santé, en collaboration avec les autorités sanitaires », explique Audace Ntezukobagir, coordinateur d’urgence de MSF à Diffa.

Infections respiratoires, hépatite E et santé mentale

Les infections respiratoires aiguës représentent une grande partie des consultations médicales externes : « Ceci est clairement lié au climat aride de la région, surtout pendant la saison sèche, ainsi qu’aux mauvaises conditions de vie. La population souffre également de diarrhée, ce qui s’explique en partie par la faible quantité et la mauvaise qualité de l’eau disponible pour les populations déplacées », déclare Audace Ntezukobagir.

L’approvisionnement en eau et la disponibilité d’infrastructures d’assainissement adéquates pour les déplacés et réfugiés demeure une question urgente pour les autorités et les acteurs humanitaires de la région. Un besoin qui a de nouveau été mis en évidence par la récente épidémie d’hépatite E dans la région, notamment au Tchad.

MSF apporte enfin un soutien psychologique aux victimes de violence à travers des consultations individuelles et des séances collectives. « Ces séances regroupent des femmes déplacées et réfugiées, toutes victimes du conflit. Les discussions visent à briser l’isolement, à partager des expériences communes et à trouver des solutions ensemble.», explique Yacoubou Harouna, psychologue de MSF à Diffa.

 

Témoignages de patients à Diffa, au Niger

« Sans soutien, je serai devenu fou »

Depuis plus de trois ans, Garba fuit la violence. Il a été déplacé 15 fois entre le Cameroun, le Nigeria et le Niger.

Au Nigeria, le pire est arrivé : « J’ai pris la décision d’envoyer mes trois femmes et mes neufs enfants vers le Tchad, où je pensais qu’ils seraient en sécurité. Moi je devais les rejoindre un peu plus tard. En chemin, alors qu’ils étaient en pirogue, ils ont été attaqués par un groupe de Boko Haram. On m’a dit que toute ma famille avait été égorgéemais je n’en sais pas plus. Je n’ai même pas pu leur dire au revoir. »

Garba vit dans le camp de déplacés et réfugiés de Garin Wazam depuis maintenant plus de neuf mois. Il y travaille comme gardien pour MSF. « Je me suis remarié. Nous allons avoir notre premier enfant. Ma femme est suivie à la clinique de MSF pour sa grossesse. Moi je parle beaucoup avec le psychologue : des déplacements, de toute cette violence, de la peur de voir revenir Boko Haram, du sommeil qui tarde à venir quand la nuit tombe…Sans son aide je pense que je serai devenu fou. »

Idi Baidou est le chef d’une communauté composée de plus de 1000 familles. © Juan Carlos Tomasi/MSF

© Juan Carlos Tomasi/MSF

« Une aide qui tarde à arriver »

« Lorsque nous étions sur le lac Tchad, une partie de notre bétail a été volé par Boko Haram. Puis on nous a demandé de partir. Nous n’avons pas eu le temps de nous organiser et nous avons dû tout laisser derrière nous, y compris nos animaux. Ensuite, il y a eu des inondations. Je ne sais pas ce qu’il reste de nos maisons. »

Originaire des îles du lac Tchad, Idi Baidou est le chef d’une communauté composée de plus de 1000 familles. Ils ont dû fuir le lac lorsque les autorités ont ordonné leur évacuation après une attaque de Boko Haram. Depuis, les familles ont vécu dans plusieurs endroits, avant de se retrouver à Garin Wazam.

« Nous manquons d’aide et comme nous ne trouvons pas de travail, le quotidien est difficile. Mais pour la première fois, mes enfants vont à l’école. Nous ne souhaitons pas repartir vers le lac Tchad. Notre priorité, c’est de trouver du travail pour que nos enfants puissent continuer d’aller à l’école. »

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