La volonté d'en faire plus
Au
1er septembre 2006, plus de 10.000 enfants étaient pris en charge dans
notre programme nutritionnel dans la région de Maradi. Depuis janvier
2006, nous avons fait évoluer notre stratégie opérationnelle pour
limiter le nombre de décès et tenter d'éviter que les enfants ne
sombrent dans la malnutrition sévère. Premier bilan avec le docteur
Isabelle Defourny, de retour du Niger.
Notre programme dans la région de Maradi a admis plus de 45 000 enfants depuis le début de l'année, dans seulement deux départements. Ce sont des chiffres très importants et d'autant plus choquants que le contexte est moins mauvais qu'en 2005 : les dernières récoltes sont correctes et, même s'ils demeurent élevés, les prix sur le marché restent stables.
De plus, ces chiffres ne reflètent que le nombre d'enfants soignés, ceux qui sont dépistés et qui rentrent dans les critères de prise en charge nutritionnelle. Les autres n'ont pas un bon statut nutritionnel pour autant... Au Niger, la très grande majorité des enfants de moins de cinq ans n'a pas accès aux aliments de la petite enfance, adaptés à leurs besoins nutritionnels. En fait, chaque année, le Niger connaît une catastrophe démographique parmi la population infanto-juvénile : un enfant sur cinq meurt avant sa cinquième année. La malnutrition est un facteur important de cette forte mortalité, l'une des plus élevées au monde.
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Niger - avril 2006
© Portal Ferreiro |
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Nous l'avons utilisée pour la première fois à une très grande échelle l'année dernière, pour les enfants qui se trouvaient au stade sévère de la malnutrition. Plus de 60 000 enfants traités, avec plus de 90% de guérison : les résultats de cette prise en charge se sont avérés très satisfaisants. Nous nous sommes donc posé une question simple : pourquoi ne pas utiliser ce produit, qui a fait la preuve de son efficacité, plus tôt, sans attendre que l'enfant ne bascule dans un état sévère, et pour limiter les risques de mortalité ? C'est ce que nous avons fait début 2006, en donnant ce produit thérapeutique aux enfants dès qu'ils entrent dans la malnutrition aiguë. C'est une pratique tout à fait nouvelle, car l'aliment utilisé par l'ensemble des acteurs de l'aide pour ces enfants est une farine enrichie qui nécessite une préparation avec de l'eau, qui ne contient pas de lait et qui est bien moins adaptée aux besoins nutritionnels de la petite enfance.
Mais nous constatons à la fois l'efficacité en termes de résultats et les limites de cette stratégie. Pour qu'elle puisse être mise en oeuvre dans un pays comme le Niger, à l'échelle nationale, et pour avoir encore plus d'impact sur la mortalité des enfants de moins de cinq ans, nous avons encore des pistes de travail à explorer.
Puis, cette année, nous élargissons notre réponse à tous les cas de malnutrition aiguë. Mais c'est trop lourd pour être mis en oeuvre par le système de santé d'un pays qui compte, chaque année, des centaines de milliers d'enfants malnutris. Ni le Niger, considéré comme le pays le plus pauvre au monde, ni aucun autre acteur ne peut assumer un tel dispositif sur plusieurs années. De plus, il reste tous les enfants qui, sans être gravement malnutris, ont un statut nutritionnel insuffisant pour lutter contre les infections, parfois mortelles.
Nous pouvons aller plus loin dans la simplification et l'amélioration de la réponse médico-nutritionnelle dans nos programmes, mais elle doit nécessairement être accompagnée d'une stratégie de prévention de la malnutrition aiguë. C'est non seulement pertinent au niveau individuel ? l'enfant reçoit ce dont il a besoin pour avoir moins de risques de tomber malade ? mais c'est aussi indispensable pour réduire le nombre d'enfants exigeant des soins médicaux, et pour pouvoir les soigner.
Ce projet est très ambitieux. Pour le réaliser, il est nécessaire que nous obtenions le produit thérapeutique que nous utilisons, le Plumpy Nut, à un prix beaucoup moins élevé et que nous trouvions un produit efficace, un équivalent du lait enrichi pour les enfants de moins de cinq ans, pour prévenir la malnutrition.