La prise en charge psychologique "dans l’urgence"

Géorgie août 2009 un village vient d'être attaqué près de Gori
Géorgie, août 2009, un village vient d'être attaqué près de Gori © Pierre Terdjman/Gamma

Parce que les situations d' urgence ou de conflit affectent la santé mentale, MSF a développé des activités de soins adaptées à ces contextes de crise. Le point avec German Casas, psychiatre, responsable des programmes de santé mentale à MSF.

Parce que les situations d' urgence ou de conflit affectent la santé mentale, MSF a développé des activités de soins adaptées à ces contextes de crise. Le point avec German Casas, psychiatre, responsable des programmes de santé mentale à MSF.

Lors de situation d'urgence, 4 types de réactions s'organisent au cours du temps.

" L'impact ". Il y a là des symptômes de choc, la confusion est totale, la pensée chaotique. La peur et l'inconnu sont massivement présents, ce qui occasionne des comportements très variables. Cette période a une durée spécifique, qui dépend aussi de la durée d'exposition aux évènements pouvant être traumatiques.

Ensuite, commence la période dite de "reconnaissance", d'état des lieux, quand les gens ont pu fuir, sont à l'abri chez des amis, dans un camp de réfugiés etc. Ils commencent à connaître, comprendre et réagir : où est ma famille ? Où sont mes proches ? Est-ce que la maison a brûlé ? Comment est la situation du quartier, de la ville ?

Enfin, commencent les périodes de reconstruction immédiate ou tardive, et de réadaptation psychologique. La reconstruction immédiate pourrait débuter dès le camp de déplacés, alors que la reconstruction tardive s'effectuera lorsque les gens seront revenus à une situation « normalisée ». Ce qui n'arrivera jamais pour les personnes passant le reste de leur vie dans un camp de réfugiés...


Activités et prise en charge :
En situation d'urgence, les réactions psychologiques sont très répandues et se manifestent par une symptomatologie importante.


Dès lors, il faut privilégier des activités en groupe, s'inscrire dans des réseaux locaux, avec des "multiplicateurs" : les leaders, les personnels soignants, les médecins etc. Lorsque 90 % des personnes ont des symptômes, il est impossible de mettre en place d'emblée des consultations psychologiques individuelles, a fortiori pour tout le monde.

Deux axes sont donc à privilégier :

- La "psycho-formation"

Il s'agit de rendre les populations affectées par un conflit vigilantes aux questions psychologiques. Il faut leur apprendre à réagir mais aussi les rassurer face à certaines réactions de membres de leur entourage pouvant leur sembler « bizarres » ou inquiétantes (insomnies, perte de mémoire...) mais en fait « normales » en pareille situation.

Ce travail de sensibilisation / formation peut s'effectuer soit en groupe, soit à travers des outils d'informations (brochures etc.), ou les médias grand public. Pendant le premier mois, il faut toucher le maximum de personnes. Presque tout le monde étant alors en souffrance, c'est seulement dans un second temps que des thérapies pourront être entreprises.

- La  "détection"

Dans le même temps, il faut apprendre à repérer les signes de troubles plus sévères, pouvant éventuellement nécessiter une prise en charge. Les cas compliqués, risquant de développer des séquelles, représentent généralement moins de 10% d'une population affectée par un conflit. En Géorgie, il a fallu renforcer le réseau local, pour le rendre apte à détecter et référer à MSF ce type de patients.

 

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