L’AME, une couverture minimale indispensable - témoignage d\'une patiente

Consultation médicale dans le Centre d\'Ecoute et de Soins de MSF à Paris
Consultation médicale dans le Centre d\'Ecoute et de Soins de MSF à Paris © MSF

Mme D., guinéenne, est l\'une des patientes suivies dans le Centre d\'Ecoute et de Soins de MSF à Paris. Victime de violences dans son pays, notamment d\'un viol, elle a quitté la Guinée pour trouver refuge en France en 2005 mais elle sera déboutée de sa demande d\'asile un an plus tard. L\'Aide Médicale d\'Etat (AME) est la seule couverture santé - et d\'ailleurs son seul droit social - à laquelle elle a droit en tant que personne déboutée du droit d\'asile. L\'AME lui permet une prise en charge minimale de ses graves problèmes de santé.

En janvier 2008, lorsque Mme D. pousse la porte du Centre de d'Ecoute et de Soins de MSF, elle a besoin d'un suivi médical et psychologique*. Au-delà des troubles causés par le traumatisme du viol, elle doit surmonter d'autres difficultés psychologiques comme le rejet de sa demande d'asile et son incapacité à avoir des enfants, après une ablation des trompes. Elle présente de graves troubles psychiques avec d'importantes manifestations psychosomatiques. De plus, une hypertension artérielle ainsi qu'un dysfonctionnement thyroïdien nécessitant une chirurgie ont été dépistés en France.

Durant la procédure de demande d'asile, Mme D. avait la Couverture Maladie Universelle (CMU) mais dès qu'elle a été déboutée, elle a bénéficié de l'Aide Médicale d'Etat (AME) - la seule couverture sociale à laquelle elle a droit dans sa situation.

Bien que d'accès difficile, les soins en ville sont toujours possibles.
Mme D. ne se plaint pas, au contraire, même si elle avoue qu'accéder aux soins était plus simple lorsqu'elle avait la CMU. « Quand j'ai été déboutée de ma demande d'asile, explique-t-elle, j'ai dû rendre ma carte vitale à la CPAM. C'était plus facile avec la CMU, parce qu'on avait la carte vitale et que les médecins peuvent la passer directement et se faire rembourser rapidement ».

A plusieurs reprises, des praticiens lui ont fait comprendre qu'elle est « indésirable » avec son attestation d'AME et qu'il valait mieux qu'elle s'adresse à un autre médecin.  « Un jour, un cardiologue m'a brandi une feuille de soins en me disant qu'avec des personnes à l'AME, il n'allait pas nourrir ses enfants. Je n'ai pas voulu y retourner. Et à ma dernière visite chez mon médecin traitant, il m'a dit qu'il ne prenait plus l'AME. » Mme D. a fini par être reçue par un autre médecin généraliste qui a repris son suivi médical.

Un suivi régulier est indispensable dans le cas de Mme D. car il permet de prévenir des risques de complications majeures et une aggravation de son état de santé.

Supprimer ce suivi pour réduire l'accès aux soins des personnes étrangères démunies aux seuls soins d'urgences vitales n'aurait aucun sens d'un point de vue de santé publique et de gestion des coûts de dépenses de santé.


* Toutes les personnes reçues au Centre d'Ecoute et des Soins (CES) de MSF ont été victimes de violence ou de persécution dans leur pays. 64% déclarent avoir été victimes de violence (viols, tortures, guerre...). Le CES propose des soins médico-psychologiques à ces personnes en souffrance. Parmi ce public, communément appelé « réfugiés », le programme cible plus particulièrement les personnes sans titre de séjour, marginalisées et exclues des soins psychologiques.

 

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