En Syrie, les besoins de la population restent immenses après 14 ans de guerre

En Syrie, les besoins de la population restent immenses après 14 ans de guerre
Un infirmier consulte un patient dans une clinique mobile MSF à Ghouta-Est, dans la campagne de Damas, en Syrie. Depuis février 2025, MSF tient deux cliniques mobiles qui se rendent dans plusieurs zones rurales de Damas pour proposer des soins de santé à la population qui n'a pas accès aux services médicaux de base, après 14 ans de guerre. Syrie, mai 2025 © AbdelRahman Sadeq/MSF

Depuis la chute de l'ancien gouvernement syrien le 8 décembre 2024, Médecins Sans Frontières (MSF) a désormais accès à des zones auparavant inaccessibles, où elle n’était pas autorisée à intervenir. Les conséquences directes et indirectes des 14 ans de guerre sont dramatiques : les Nations unies estiment à 16,5 millions le nombre de personnes ayant besoin d'aide.

Depuis plus d’une décennie, les besoins en santé de la population syrienne ont été négligés, et ce sur tout le territoire, touché directement ou indirectement par le conflit. Pendant la guerre, les établissements de santé ont été systématiquement endommagés ou détruits. Ils sont aujourd’hui soit fermés, soit partiellement fonctionnels et manquent de personnel de santé. L’accès aux soins est donc extrêmement réduit et complexe, en particulier dans les zones rurales. Or, après 14 années de guerre, les besoins de la population sont immenses. 

« Compte tenu des besoins considérables en matière de soins de santé en Syrie, MSF a étendu ses activités à 11 des 14 gouvernorats », explique Brian Moller, chef de mission MSF en Syrie. 

Selon les Nations unis, 9 Syriens sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté. Les personnes atteintes de maladies chroniques n’ont pas accès au traitement dont elles ont besoin, notamment parce que les médicaments disponibles dans le pays restent inabordables pour la majorité de la population.

Les coupes budgétaires sévères imposées aux programmes humanitaires à l'échelle mondiale détériorent davantage une situation déjà dramatique. Tous les secteurs de l’aide en Syrie ont été touchés par ces coupes, y compris le système de santé. De nombreuses organisations ont dû retirer brusquement leur soutien, obligeant certains hôpitaux et centres de santé à prendre la décision difficile de fermer ou de réduire drastiquement leurs activités.

« Le travail de nos collègues syriens a été essentiel pour maintenir nos activités tout au long du conflit. MSF reste fermement engagée à répondre aux besoins les plus urgents et à tenter de lever les entraves à l’accès aux soins », déclare Brian Moller. « L'objectif principal de nos opérations est de répondre aux besoins médicaux et humanitaires de la population, en rapprochant les soins des communautés qui n'y ont pas accès. » 

A Idlib, MSF gère un hôpital spécialisé dans le traitement des brûlés et co-gère un hôpital avec la Direction de la santé. A Deir Ez-Zor, Raqqa et Deraa, les équipes MSF soutiennent quatre autres hôpitaux dans des domaines tels que les soins d'urgence, le traitement de la malnutrition et les soins maternels. MSF soutient également les services de traitement des brûlés de cinq hôpitaux dans le pays, en aidant le ministère de la Santé à développer un réseau d'unités de traitement des brûlés.

L’Association travaille aussi dans 15 établissements de santé tels que des centres de soins de santé primaires et des cliniques à travers le pays, et met en œuvre des cliniques mobiles afin de garantir l'accès aux soins primaires dans les communautés mal desservies, comme à Alep, Idlib ou autour de Damas.

© MSF
© MSF

En juillet 2025, les Nations unies estiment que plus de 1,5 million de Syriens déplacés à l'intérieur du pays sont retournés dans leur région d'origine et que plus de 641 000 réfugiés syriens ont regagné la Syrie depuis les pays voisins. Mais aucune des conditions permettant un retour à la vie normale et à la reconstruction ne sont assurées aujourd’hui. Les personnes retrouvent leurs maisons détruites, des réseaux électriques endommagés et un territoire extrêmement dangereux (munitions non explosées et mines terrestres disséminées dans les maisons et les terres agricoles).

L'accès à l'eau potable dans ces zones de retour ainsi que dans les camps et les lieux d'accueil des personnes déplacées est un défi considérable, aggravé par le manque d'électricité, la sécheresse et la destruction des infrastructures. Les systèmes d'assainissement et de gestion des déchets fonctionnent au mieux partiellement, voire sont complètement détruits dans certaines zones.

« MSF s'inquiète des conséquences sanitaires des mauvaises conditions d'approvisionnement en eau et d'assainissement que nous constatons dans les zones de retour et les camps de déplacés », déclare Caroline Chestnutt, responsable des activités eau et assainissement de MSF en Syrie.

Les équipes MSF réhabilitent des puits et fournissent de l'eau potable aux habitants dans de nombreux camps de déplacés à travers la Syrie. « Les conditions de vie désastreuses continuent d'exposer les populations à des risques de maladies infectieuses telles que les infections cutanées et les maladies d'origine hydrique comme la diarrhée aiguë et chronique », conclut Caroline Chestnutt.

Notes

    À lire aussi