Afghanistan : à Mazâr-e Charîf, rendre accessibles les soins de santé essentiels aux enfants de la région

Sorya Rashid et Ahmad Reshad, une équipe de médecins de MSF, analysent le rapport d'Umar, âgé de quatre ans, admis à l'unité de soins intensifs pédiatriques de l'hôpital régional Abo Ali Sina, à Mazâr-e Charîf, en Afghanistan.
  Sorya Rashid et Ahmad Reshad, une équipe de médecins de MSF, analysent le rapport d'Umar, âgé de quatre ans, admis à l'unité de soins intensifs pédiatriques de l'hôpital régional Abo Ali Sina, à Mazâr-e Charîf, en Afghanistan. © Zahra Shoukat

À Mazâr-e Charîf, dans la province de Balkh, au nord de l'Afghanistan, l'accès à des soins médicaux gratuits et de qualité reste un défi urgent qui affecte le bien-être de millions de personnes. En août 2023, MSF a commencé à soutenir l'hôpital Abu Ali Sina de la ville de Mazâr-e Charîf, la quatrième plus grande ville d’Afghanistan, en collaboration avec le ministère de la Santé, particulièrement sur les soins dispensés aux enfants. 

« La première fois que mon fils Umar* a contracté la rougeole, il avait une très forte fièvre », raconte Farzana Ismail, la mère d'Umar. « Il ne pouvait même pas ouvrir les yeux et pleurait sans arrêt. Son état était vraiment grave. Pendant cinq jours après l'apparition de la rougeole, ses yeux sont restés fermés et il n'a cessé de pleurer. Lorsque la rougeole a finalement disparu, il a développé une pneumonie, et son état s'est aggravé. Nous avons dépensé entre 10 000 et 15 000 afghanis (environ 150 à 225 dollars américains) pour son traitement à Maïmana, puis 3 000 afghanis supplémentaires (environ 45 dollars américains) à Mazâr-e Charîf. Mais depuis que nous l'avons amené ici, dans le service pédiatrique de l'hôpital soutenu par MSF à Mazâr-e Charîf, tous les traitements sont gratuits. »

Carte de l'Afghanistan
Carte de l'Afghanistan

De nombreuses communautés et familles comme celle de Farzana sont confrontées à de sérieux obstacles pour accéder à des services essentiels, comme les programmes de vaccination, les soins de santé mentale ou encore la santé reproductive. Les infrastructures de santé doivent urgemment être améliorées et les professionnels médicaux mieux formés. Les équipes de MSF alertent sur la nécessité de s'attaquer aux obstacles qui limitent l'accès des familles aux soins.  

« Au début, j'ai emmené ma fille Asma chez des médecins privés à Dawlatabad, puis à Maïmana », raconte Ayesha*, la mère d'Asma*. « Je l'ai ensuite emmenée à Andkhoy, mais son état ne s'est pas amélioré. Je l'ai alors conduite à l'hôpital Abu Ali Sina, à Mazâr-e Charîf. Les médicaments l'aidaient à se sentir mieux pendant quelques jours, mais ensuite elle retombait malade. Nous avons dépensé environ 5 000 à 6 000 afghanis (environ 75 à 90 dollars américains) pour son traitement ».  

Le Dr Nasir Ahmad et le Dr Surya Rashid auscultent et soignent les enfants admis à l'unité de soins intensifs pédiatriques de MSF à l'hôpital régional Abo Ali Sina de Mazâr-e Charîf, en Afghanistan.
 © Zahra Shoukat
Le Dr Nasir Ahmad et le Dr Surya Rashid auscultent et soignent les enfants admis à l'unité de soins intensifs pédiatriques de MSF à l'hôpital régional Abo Ali Sina de Mazâr-e Charîf, en Afghanistan. © Zahra Shoukat

Dans toute la région, de nombreux établissements de santé manquent de ressources, de personnel ou sont inaccessibles aux communautés vivant dans des zones reculées. À Balkh, les centres médicaux, peu nombreux, sont débordés de patients, les délais d’attente sont longs et le personnel est surchargé. La situation est particulièrement grave pour les personnes provenant des districts ruraux entourant Mazâr-e Charîf, où les services de santé ont été suspendus ou interrompus en raison de coupes budgétaires. Parallèlement, les familles doivent parcourir de longues distances sur des routes en mauvais état pour se rendre dans des centres de santé en activité, en payant des frais de transport qu'elles peuvent à peine envisager. Ce fardeau touche de manière disproportionnée les femmes qui vont accoucher, les patients atteints de maladies chroniques et les enfants souffrant de maladies aiguës.  

En effet, l'absence d'un système d'orientation efficace complique leur accès à des prises en charge spécialisées. À Balkh, les systèmes d'orientation sont souvent dysfonctionnels. De nombreux prestataires de soins de santé ne disposent pas des ressources ou des connaissances nécessaires pour orienter correctement les patients vers d’autres centres de soins plus adéquats. Les difficultés de transport et l'insécurité dans certaines régions aggravent encore ces problèmes, retardant ou empêchant le transfert des patients vers des établissements spécialisés.  

Les taux élevés de mortalité infantile et juvénile, dus à des maladies évitables telles que la pneumonie, la diarrhée et la malnutrition, soulignent la nécessité d'améliorer l'accès aux soins de santé.  

En collaboration avec le ministère de la Santé, en 2023, MSF a commencé à soutenir l'hôpital Abu Ali Sina de la ville de Mazâr-e Charîf. Les équipes de MSF contribuent à renforcer la capacité de l'hôpital à fournir des soins spécialisés aux enfants. Cela comprend le soutien à l'unité de soins intensifs pédiatriques (PICU), à l'unité de soins intensifs néonatals (NICU), à la salle d'isolement pour la rougeole et aux urgences, qui dispensent des soins vitaux aux enfants jusqu'à 14 ans. L’objectif est de réduire à termes la mortalité infantile et néonatale dans la région. 

Un médecin de MSF effectue un check-up de routine sur un nouveau-né admis à l'unité de soins intensifs néonatals de MSF à l'hôpital régional Abo Ali Sina de Mazâr-e Charîf, en Afghanistan.
 © Zahra Shoukat
Un médecin de MSF effectue un check-up de routine sur un nouveau-né admis à l'unité de soins intensifs néonatals de MSF à l'hôpital régional Abo Ali Sina de Mazâr-e Charîf, en Afghanistan. © Zahra Shoukat

MSF apporte un soutien continu à l'unité de soins intensifs pédiatriques, à l'unité de soins intensifs néonatals et aux services de néonatologie. À la suite du tremblement de terre du 3 novembre 2025, qui a touché la ville de Mazâr-e Charîf, MSF a activé son plan d'intervention d'urgence en collaboration avec le ministère de la Santé et a fait don de fournitures médicales aux communautés et de fournitures médicales essentielles à l'hôpital régional Abu Ali Sina, garantissant ainsi un traitement rapide et efficace aux patients blessés.  

Depuis le lancement du projet, les équipes de MSF ont constaté un afflux important de patients dans l'établissement, avec une moyenne d'environ 3 000 enfants triés chaque semaine. L'unité de soins intensifs néonatals (USIN) dispose d'une capacité de 154 lits, tandis que l'unité de soins intensifs pédiatriques (USIP) en compte 38. En outre, la salle d'isolement pour la rougeole a une capacité de 28 lits. Cette capacité est déjà saturée, et il n’est pas rare de voir plusieurs enfants partager un même lit. Beaucoup des jeunes patients arrivent dans un état critique, atteints de rougeole, de pneumonie ou de malnutrition sévère. En octobre 2025, l’équipe MSF a admis 1 211 patients dans l'unité de soins intensifs pédiatriques et néonatals, notamment pour des cas de rougeole, septicémie néonatale, tuberculose, et 95 patients dans l'unité d'isolement pour la rougeole.  

Depuis 2023, les équipes de MSF ont trié 366 002 patients et ont pris en charge plus de 8 477 patients pédiatriques âgés de 14 ans et moins, 17 853 nouveau-nés dans les unités de soins intensifs, 6 417 patients dans la salle d'isolement pour la rougeole, et ont reçu 122 143 cas aux urgences.  

Les équipes s'engagent activement auprès des soignants par le biais d'activités régulières d'éducation sanitaire, comprenant des séances individuelles et collectives. Cela aide les familles à mieux comprendre l'état de santé de leur enfant, le processus de traitement et les pratiques essentielles pour maintenir l'hygiène et prévenir les infections. De plus, des conseillers et des professionnels de la santé mentale proposent des séances pour aider les familles à gérer les peurs que peut générer une hospitalisation. 

Ces derniers mois, les effets combinés de la réduction des financements et de l'afflux croissant de patients ont mis à rude épreuve les services de santé fonctionnels de la région.  

*Les prénoms ont été modifiés

Notes

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