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Masques respiratoires servant à limiter les infections. © Oliver Petrie/MSF

L’épidémie de Covid-19 s’est déjà propagée dans plus d’une centaine de pays  dans le monde entier, dans des endroits où les systèmes de santé sont fragiles et où les équipes MSF sont présentes de longue date, et dans des régions comme l’Europe où les capacités nationales de riposte sont plus robustes, mais où l’épidémie est particulièrement virulente. L’épidémie s’accompagne de mesures restrictives sur les déplacements qui pèsent directement sur les actions de MSF dans le monde.

Quelles questions se posent à MSF dans ce contexte? Entretien avec Clair Mills, directrice médicale de MSF.

A-t-on raison d’avoir peur du Covid-19 ?

Plusieurs facteurs rendent ce virus particulièrement inquiétant. S’agissant d’un nouveau virus, il n’y a pas d’immunité acquise ; pas moins de 35 candidats vaccins[1] sont actuellement en phase d’étude, mais les avis des experts concordent : aucun vaccin utilisable à vaste échelle ne sera disponible avant au moins 12 à 18 mois. Le taux de létalité, qui n’est par définition calculé que sur la base des patients identifiés, et que l’on peine donc à estimer avec précision, semble se situer autour de 1%. On sait qu’au moins une partie des personnes atteintes peuvent transmettre la maladie avant de développer des symptômes – voire en l’absence de tout symptôme. De plus, une proportion très importante – de l’ordre de 80% – des personnes développent des formes très légères de la maladie, ce qui rend difficile l’identification et l’isolement rapides des cas. La confirmation du diagnostic demande des capacités de laboratoire et/ou d’imagerie médicale, qui ne sont disponibles que dans des structures de référence. Il n’est dès lors pas surprenant qu’il se soit avéré impossible de contenir la propagation du virus, désormais présent dans plus de 100 pays à travers la planète. Cette épidémie est donc très différente de celles – due à la rougeole, au choléra, ou encore à Ebola – sur lesquelles Médecins Sans Frontières a développé son savoir-faire au cours des dernières décennies.

Par ailleurs, on estime aujourd’hui qu’environ 15-20% des patients atteints de Covid-19 doivent être hospitalisés, et 6% nécessitent des soins intensifs, pour une durée comprise entre 3 et 6 semaines. Ceci peut évidemment saturer rapidement les capacités de prise en charge – cela a été le cas en Chine au début de l’épidémie, et cela se passe actuellement en Italie. Plus de 1 100 patients se trouvent actuellement hospitalisés dans des services de soins intensifs dans le pays, et le système hospitalier pourtant développé dans le Nord a été dépassé par l’augmentation rapide du nombre de patients.

Aussi, le personnel médical, comme souvent lors de ce type d’épidémie, est lui-même particulièrement exposé à l’infection. Entre mi-janvier et mi-février en Chine, plus de 2 000 soignants ont été atteints du coronavirus (soit 3,7% du total des patients). 

Partout, cette épidémie risque d’entraîner la désorganisation des services médicaux de base et des dispositifs d’urgence, la dé-priorisation du traitement d’autres maladies et conditions potentiellement mortelles, d’autres maladies infectieuses chroniques, et ce à plus forte raison dans certains pays en développement, où le système de santé est fragile.

 

© Anna Pantelia/MSF

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D’aucuns trouvent que la réaction à cette épidémie est excessive, et que les remèdes – fermetures des frontières, mises en quarantaine… – risquent d’être pire que le mal. Est-ce justifié ?

A défaut d’arrêter la propagation de l’épidémie, les mesures prises actuellement par de nombreux pays pourraient la freiner, en ralentissant l’augmentation des cas et en limitant le nombre de patients sévères que les systèmes de santé auraient à gérer en même temps. Il s’agit de réduire le nombre de cas mais aussi de les échelonner dans le temps, en évitant la congestion des services d’urgence et de soins intensifs.

Quelles sont les priorités de MSF dans ce contexte et ses préoccupations principales ?

Les priorités d’intervention varient d’un contexte à l’autre.

Dans certaines zones qui semblent aujourd’hui épargnées, comme la République centrafricaine, le Soudan du Sud, le Yémen, et dont les systèmes de santé, fragiles ou éprouvés par le guerre, peinent déjà à faire face aux besoins sanitaires des populations, il faut protéger le personnel soignant, limiter au maximum les risques de propagation de l’épidémie en mettant en place des programmes de prévention – identification des zones ou populations à risque, sensibilisation et information sanitaire, distribution de savon et d’équipements de protection pour le personnel soignant, renforcement des mesures d’hygiène dans les structures médicales – afin d’éviter que nos hôpitaux et dispensaires ne deviennent des lieux de transmission de la maladie. Dans ces pays où MSF a une présence de longue date, nous souhaitons contribuer à ces efforts contre le Covid-19, tout en assurant la continuité des soins contre le paludisme, la rougeole, les infections respiratoires... Cette continuité est aujourd’hui fragilisée par les restrictions (interdiction d’entrée sur le territoire, mise en isolement préventif pendant 14 jours…) imposées par les gouvernements pour le personnel en provenance de certains pays, comme l’Italie, la France, le Japon... d’où est originaire une partie de notre personnel international, ainsi que  la fermeture des frontières, et la suspension de certaines liaisons aériennes. Malgré ces contraintes, notre force est de pouvoir nous appuyer sur le personnel recruté localement dans nos pays d’intervention, qui représente 90% de nos employés sur le terrain.

Dans des pays où les systèmes de santé sont plus robustes, mais où l’épidémie est particulièrement active, tels que l’Italie ou l’Iran, l’enjeu principal est d’éviter le débordement des capacités de prise en charge à l’hôpital. Dans ces contextes, nous pouvons contribuer aux efforts des équipes médicales nationales en mettant du personnel MSF à disposition, pour les soutenir ou les relayer si besoin ; en partageant nos expériences des procédures de triage et de contrôle des infections acquises au contact d’épidémies. Actuellement, nous avons mis à disposition des équipes en soutien à quatre hôpitaux dans le Nord de l’Italie ; nous avons également proposé notre soutien aux autorités iraniennes afin de renforcer leurs capacités d’hospitalisation, ce que nous savons faire en déployant rapidement des structures du type hôpital gonflable. En fonction de l’évolution de l’épidémie en France, s’ils s’avèrent utiles, nous pourrons mettre à disposition de la riposte notre expérience, notre logistique et les savoir-faire de nos personnels.

Un des nerfs de la guerre contre le Covid-19 est la disponibilité des équipements de protection, et notamment les masques et les gants utilisés pour les examens médicaux, etc. L’anticipation de pénuries entraîne des  réquisitions de la part de nombreux Etats, qui peuvent tourner en réflexes d’accaparement : dans le contexte actuel, ces équipements devraient au contraire être considérés comme des biens communs à utiliser de façon rationnelle et appropriée, et donc à allouer en priorité aux soignants exposés au virus, partout dans le monde.

D’une manière générale, cette pandémie impose de faire preuve de solidarité à tous les niveaux, entre Etats, dans des logiques d’entraide, de coopération, de transparence et de partage des ressources, et dans les zones affectées, envers les populations les plus vulnérables et envers les soignants.
 

[1] OMS : DRAFT landscape of COVID-19 candidate vaccines – 4 March 2020

 

© Solen Mourlon/MSF

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