Colombie - Confusion entre actions militaires et humanitaires

Bogota Colombie décembre 2007.
Bogota, Colombie, décembre 2007. © Adrian Ohrn Johansen

Depuis que le logo du CICR a été utilisé par l'armée colombienne lors de la libération des otages en juillet dernier et la confusion entre actions militaires et humanitaires qui en a découlé, Médecins Sans Frontières a dû réduire une partie de ses activités en Colombie. Grant Leaity, chef de mission, fait le point de la situation.

L'utilisation du logo du CICR dans les opérations de sauvetage des otages a-t-elle eu des conséquences sur vos actions au quotidien en tant qu'acteur humanitaire ?
La confusion entre actions militaires et humanitaires complexifie énormément notre travail au quotidien dans les zones rurales les plus sensibles en Colombie.

Elle augmente la méfiance des acteurs armés vis-à-vis des ONG et suscite des suspicions sur une éventuelle collaboration avec les forces armées. C'est très préoccupant pour la sécurité de nos équipes sur le terrain.

Dès qu'une organisation est perçue comme un «collaborateur» ou un «infiltré», elle devient vite un « objectif militaire » du groupe armé concerné. Par mesure de précaution, nous avons dû suspendre une partie de nos activités dans certaines zones. Cela représente près d'un tiers des endroits où nous travaillons habituellement.

La section française de MSF est celle dont les activités sont les plus touchées, des problèmes d'accès se posent pour deux de nos projets sur trois.

Quelles conséquences cela peut-il avoir pour les populations ?
Nous sommes les seuls à travailler dans ces « zones rouges ». Si nos équipes n'ont pas accès à ces zones, les populations civiles n'ont pas accès aux soins. Certaines populations sont confinées dans ces zones et ne peuvent en sortir, d'autres le peuvent mais doivent pour cela passer de nombreux barrages de groupes armés ou des forces militaires. De ce fait, la population civile sort uniquement en cas d'urgence vitale.

La confusion entre actions militaires et humanitaires complexifie énormément notre travail au quotidien dans les zones rurales les plus sensibles en Colombie.
Grant Leaity, chef de mission

Dans quelles zones continuez-vous à travailler ?
Pour ce qui est de la section française, nous intervenons dans le canyon de Las Hermosas au sud-ouest de Tolima, à Buenaventura sur la côte pacifique. Et nous lançons une mission exploratoire de six mois à Guaviare dans la zone amazonienne, là où la libération des otages a eu lieu.

Quelles sont les activités de Médecins Sans Frontières ?
Nous dispensons essentiellement des soins primaires avec une dominante de soins de santé pour les femmes (gynécologie et périnatalité). A Guaviare, en zone rurale amazonienne, il y a une forte prévalence des maladies tropicales (paludisme, leishmaniose) et une malnutrition chronique chez les enfants.

Nous axons donc nos activités sur ces maladies. Dans le canyon de Las Hermosas, une région montagneuse, les consultations permettent de référer les cas sévères dans les hôpitaux et de diagnostiquer les cas de leishmaniose. Nous sommes également en train d'évaluer les accidents dus aux mines anti-personnel.

A Buenaventura (zone urbaine), nous intervenons essentiellement sur la santé des enfants, la santé reproductive et auprès des victimes de violences, notamment de violences sexuelles. Pour ces dernières, des activités de soins psychologiques sont à l'étude.

Revue détaillée de notre programme en Colombie

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