Chine - Sida : avoir enfin accès au médicament « clé »

Alors que la Chine est l’un des principaux fournisseurs de matières premières pharmaceutiques dans le monde nombre de malades atteints du VIH/sida n’ont pas accès aux médicaments dont ils ont besoin.
© Wilfried Maisy - www.wmaisy.com

Alors que la Chine est l’un des principaux fournisseurs de matières premières pharmaceutiques dans le monde, nombre de malades atteints du VIH/sida n’ont pas accès aux médicaments dont ils ont besoin.

En Chine, de nombreux médicaments utilisés pour la prise en charge du sida sont protégés par des brevets ou non-autorisés à l’importation. C’est le cas du Tenofovir (TDF) dans les programmes de prise en charge du sida, et qui n’est pas disponible en Chine.

Cet antirétroviral est pourtant un élément clé dans la prise en charge du sida. Il est d'ailleurs utilisé dans les pays riches depuis 2001. Moins toxique, il engendre également moins d’effets secondaires que le médicament de première intention le plus communément prescrit.

Il peut aussi bien être prescrit aux malades souffrant d’effets secondaires trop importants avec le traitement initial, qu’aux patients ayant développé une résistance aux molécules de première ligne.

Non enregistré et non prescrit. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le ministère de la Santé chinois préconisent son utilisation. Pourtant le Ténofovir n’est toujours pas répertorié en Chine et ne fait pas partie de la liste des médicaments proposés aux patients atteints du VIH/sida.

Or l’enregistrement d’un médicament en Chine peut prendre plusieurs années et les efforts déployés pour rendre le Ténofovir disponible n’ont jusqu’à présent rien donné. En 2007, les instances de réglementation du pays ont également rejeté une demande d’importation du Tenofovir par MSF.

De nombreuses vies étant en danger, il devient urgent d’avoir accès à des molécules plus récentes, comme le Ténofovir


Impasse thérapeutique.
Les taux de résistance aux traitements existants augmentent nettement dans certaines régions chinoises. Cette tendance inquiétante peut être due à des médicaments de 1ère ligne de mauvaise qualité, à des doses prescrites de manière incomplète, ou à une mauvaise utilisation des antirétroviraux.

Ainsi, en 2003, dans la province centrale du Henan, plus d’un tiers des patients devaient changer de molécules 9 mois seulement après leur première mise sous traitement.
Une fois la résistance développée, les malades chinois se retrouvent dans une impasse thérapeutique, sans alternative. De nombreuses vies étant en danger, il devient urgent d’avoir accès à des molécules plus récentes, comme le Ténofovir.

« Une voix trop ténue ». Des groupes de patients chinois font actuellement pression sur les autorités concernées afin que le Ténofovir soient enfin autorisés en Chine. « Le problème est que notre voix est ténue et que nous n’avons pas de tribune pour nous faire entendre », déclare l’un de ces activistes.

Z., coordinateur de l’un de ces groupes de patients garde espoir : « la manière la plus efficace et la plus durable de procéder consistera à établir une communication et une coopération saines entre le gouvernement et les groupes de patients. Développer une confiance mutuelle demande du temps et des efforts, mais cela rendra notre voix plus forte »

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