Belgique - Fiche projet migrants

En novembre 2009, un an après la fermeture de son programme d'accès aux soins de santé pour les migrants sans papiers, MSF a monté un camp de réfugiés en plein coeur de Bruxelles pour dénoncer l'impasse politique dans laquelle se trouvent les demandeurs d'asile en Belgique.
Les législations européenne et belge stipulent en effet que les demandeurs d'asile doivent bénéficier d'un accueil adéquat et d'un logement dès qu'ils ont introduit leur demande officielle d'asile. Mais les logements du gouvernement sont saturés depuis l'année dernière et les demandeurs d'asile se retrouvent donc à la rue et privés d'autres services comme l'accès aux soins de santé.


Contexte

Contexte

La Belgique a connu un pic des demandes d'asile en 2000, avec plus de 42 000 demandes pour cette année-là. En 2008, 12 252 demandes d'asile ont été introduites ; en 2009 ce chiffre était encore plus élevé.

En 2009, les trois principaux pays d'origine des demandeurs d'asile en Belgique étaient l'Afghanistan, la Russie (Tchétchénie) et l'Irak.

En Belgique, les demandes d'asile sont traitées par différentes institutions gouvernementales : le Commissaire général aux réfugiés gère la procédure d'asile, tandis que l'Agence fédérale des demandeurs d'asile (Fedasil) fournit l'assistance matérielle.

Depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle législation en la matière, en 2006, les demandeurs d'asile ne bénéficient que d'une aide matérielle mais pas d'aide financière. Le logement et les soins de santé font partie de cette assistance matérielle, gérée par Fedasil ou d'autres partenaires intervenants. Les demandeurs d'asile passent d'abord quatre mois dans un "centre d'accueil ouvert "avant de bénéficier d'un logement privé correspondant à leurs besoins.

MSF en Belgique
Le matin du 18 novembre 2009, une équipe de 40 bénévoles de MSF a monté un camp de réfugiés en plein de cœur de Bruxelles. MSF avait été sollicitée par une coalition d'ONG souhaitant mettre publiquement la pression sur le gouvernement pour qu'il assume ses responsabilités légales en matière de logement des demandeurs d'asile.

Après de nombreuses demandes adressées en vain au gouvernement pour qu'il gère cette crise exponentielle du logement, le camp de réfugiés avait pour but de montrer explicitement les conséquences de cette situation et l'urgence des souffrances des demandeurs d'asile sans domicile, dont le droit à un logement n'était plus garanti.

Le camp était un acte symbolique : il n'était pas destiné à servir de solution alternative aux logements normalement procurés par le gouvernement belge. Avec une capacité maximale de 60 personnes, seuls les demandeurs d'asile jugés les plus vulnérables, dont les femmes seules, les familles et les mineurs, ont été logés dans ce camp. Pendant cinq jours, 276 personnes ont séjourné dans le camp, la plupart d'entre elles étant particulièrement vulnérables.

Le camp devait coïncider avec le KERN, le Conseil des Ministres restreint, en amont du sommet de l'UE en vue de la nomination du Premier Ministre belge à la Présidence du Conseil européen. La coalition d'ONG a réussi à obtenir une garantie de logement pour 450 demandeurs d'asile en guise de mesure d'urgence temporaire, en plus des logements qui vont se libérer à la fin du mois de décembre et dans le courant 2010.

Le logement a également été garanti pour les bénéficiaires qui étaient dans le camp de réfugiés de MSF. Toutefois, malgré nos efforts, le problème du logement persiste. MSF va continuer à collaborer avec d'autres ONG pour s'assurer que le gouvernement belge tienne sa promesse et identifie davantage de possibilités de logement pour répondre aux besoins des migrants.

"Lorsque je suis arrivé (en Belgique), le Ministère a pris mes coordonnées et mes empreintes digitales. Je suis arrivé il y a 18 jours. Je n'avais nulle part où aller, rien à manger. Pendant 18 jours, j'ai dormi à la gare, sous un pont ou dans des chantiers de construction.

On dormait pendant 2-3 heures, jusqu'à ce que la gare ferme et on revenait ensuite vers 4 ou 5 heures, lorsqu'elle rouvrait. Tous les jours, nous avons demandé au Fedasil de nous trouver un logement. Pour manger, on demandait aux Pakistanais et aux Afghans, qui nous donnaient parfois quelques euros pour nous aider. Pendant tout ce temps, nous sommes restés dans les rues."

Réfugié afghan en Belgique, interviewé au camp de réfugiés MSF à Bruxelles, le 12 novembre 2009.

"Nous avons voyagé en voiture, en camion et en bus, le plus souvent cachés sous des couvertures. On ne pouvait plus différencier le jour de la nuit. Parfois nous étions totalement recouverts, avec juste des petits trous pour respirer. Les passeurs ne voulaient pas nous dire par où nous allions passer. Parfois nous n'avons rien reçu à manger pendant deux ou trois jours ....

A un moment, nous sommes arrivés à Istanbul. Nous sommes restés cloîtrés pendant 20-25 jours dans une maison complètement occultée. Nous ne pouvions pas sortir. J'ai réussi à sortir deux fois parce que je parle l'anglais. Beaucoup ne sont pas sortis pendant 25 jours. Si vous obéissez aux trafiquants, ça va, mais si vous n'obéissez pas, ils vous battent. "


Réfugié afghan en Belgique, interviewé au camp de réfugiés MSF à Bruxelles, le 12 novembre 2009.

 

 

 

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