À Goma en RDC, intervention d'urgence suite à l'éruption du Nyiragongo

Depuis l'éruption du volcan Nyiragongo, à Goma, dans l'est de la RDC, des centaines de milliers de personnes ont quitté la ville. Les activités actuelles immédiates de MSF se concentrent sur l'assainissement et la distribution d'eau afin de répondre aux besoins essentiels et d'éviter une épidémie de choléra.
Depuis l'éruption du volcan Nyiragongo, à Goma, dans l'est de la RDC, des centaines de milliers de personnes ont quitté la ville. Les activités immédiates de MSF se concentrent sur l'assainissement et la distribution d'eau afin de répondre aux besoins essentiels et d'éviter une épidémie de choléra. © Moses Sawasawa

400 000 personnes déplacées, 500 000 sans accès à l'eau potable et 31 morts : les conséquences de l’éruption du volcan Nyiragongo, qui a eu lieu dans l’est de la République démocratique du Congo le 22 mai, sont catastrophiques. Située à une vingtaine de kilomètres du volcan, la ville de Goma et son agglomération, qui comptent près de deux millions d’habitants, sont touchées de plein fouet par cette éruption ainsi que par les centaines de secousses sismiques qui l'ont accompagnée. Fuyant les coulées de lave et les gaz toxiques, les populations ont trouvé refuge dans les villes environnantes telles que Sake et Rutshuru.

« Dès la nuit du 22 mai, nous avons vu un flux constant de personnes quitter Goma en transportant des matelas et d'autres biens. Elles se dirigent  en bateau vers Bukavu ou en voiture ou à pied vers Sake, une ville située à 25 km à l'ouest, ainsi que vers Rutshuru et Minova », explique Magali Roudaut, cheffe de mission MSF en RDC. Certains ont également traversé la frontière avec le Rwanda. Les mouvements de population avaient ralenti, mais l'ordre d'évacuation partielle de Goma donné par les autorités le 27 mai a entraîné le départ de plusieurs centaines de milliers de personnes.

Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) présentes à Goma ont organisé rapidement une réponse aux besoins en soins médicaux et en eau à Goma, Rutshuru et Sake, ainsi que sur les routes reliant ces villes, où des milliers de personnes se trouvent encore.

Sur la route d'Afya Bora, certains habitants de Goma quittent leurs quartiers et leurs maisons pour se rendre à Sake, à 25 km à l'ouest.
 © Yves Ndjadi/MSF
Sur la route d'Afya Bora, certains habitants de Goma quittent leurs quartiers et leurs maisons pour se rendre à Sake, à 25 km à l'ouest. © Yves Ndjadi/MSF

À Rutshuru, dans le Nord-Kivu, qui accueille quelque 77 000 personnes déplacées selon les autorités congolaises, MSF soutient l'hôpital et deux centres de santé. Entre le 27 et le 31 mai, les équipes ont réalisé 356 consultations de santé primaire, et orienté 16 cas plus compliqués vers l'hôpital de Rutshuru. « La plupart des urgences médicales sont des accidents de la route survenus pendant l'évacuation, explique Léon Salumu, responsable des programmes pour MSF, mais aussi des cas d'intoxication par les gaz volcaniques. Certaines personnes ont signalé des symptômes tels que des maux de tête, des irritations et des problèmes respiratoires. » Sur la route entre Goma et Rutshuru, un temps fermée par la coulée de lave et désormais rouverte, MSF soutient les centres de santé du ministère de la santé et a mis en place un centre de consultation supplémentaire. A Kibati, les équipes ont ainsi fourni entre le 29 et le 31 mai 170 consultations gratuites de soins de santé primaire ainsi que des médicaments et des articles d'hygiène.

A Sake, entre 100 000 et 180 000 personnes se sont rassemblées dans des églises, des mosquées, des écoles, mais aussi dans la rue, avec un accès précaire à l'eau, à la nourriture, et aux soins. « Nous répondons aux besoins immédiats des personnes déplacées à Sake, explique Magali Roudaut, mais ce n'est pas suffisant. Il est urgent de fournir davantage d'eau potable : le choléra est endémique dans la région et représente une menace énorme pour la population touchée, y compris pour les communautés d'accueil. » Les équipes organisent l’approvisionnement en eau par camion-citerne pour au moins 100 000 personnes et mettent à disposition des points de purification de l’eau. Pour répondre aux urgences médicales, MSF offre des consultations et organise des sessions de promotion de la santé pour les déplacés et les communautés d’accueil. Plus de 200 consultations avaient été menées dès le premier jour d’intervention. Les centres de traitement du choléra ont reçu plusieurs cas suspects, mais les dépistages négatifs permettent pour l’instant d’exclure un scénario de flambée, que les équipes continuent de craindre dans cette zone endémique.

A Goma, MSF a distribué une centaine de matelas afin d’améliorer les conditions d’hospitalisation à l’Hôpital Général de Référence provincial, et soutient plusieurs centres de santé avec un approvisionnement en médicaments et un système de surveillance du choléra. En parallèle de cette réponse d’urgence, les équipes ont maintenu leur soutien à quelque 200 enfants des rues ou séparés de leurs parents. Elles ont également continué de fournir un traitement ARV aux patients vivants avec le VIH, dans le cadre du programme régulier de l'association.

Alors que la durée de l'évacuation est encore imprécise, il est essentiel de fournir aux populations touchées un accès à l'eau, à la nourriture, aux soins et à un abri : certains habitants amorcent déjà leur retour, malgré les appels du gouvernement à évacuer la ville. La situation demeure donc encore incertaine, il est impératif de maintenir un dispositif d’aide humanitaire conséquent.

MSF s'efforce également de limiter l'impact de cette catastrophe sur les patients qu'elle assiste dans les 12 projets que nous soutenons en coordination avec le ministère de la Santé dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu et du Maniema. La province de l'Ituri, où MSF est présente dans quatre zones de santé, est également touchée par les conséquences de l'éruption volcanique puisqu'elle dépend de l'aéroport de Goma. La fermeture de l'aéroport de Goma nous oblige à reconsidérer les routes d'approvisionnement en matériel et en médicaments, mais aussi les déplacements des équipes MSF. Elles sont constamment réévaluées afin d'assurer la continuité des soins dans ces zones de santé.

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