26 juillet 2004 : Extension de l'insécurité
Depuis la fin du mois de juin, suite à des attaques meurtrières par des commandos, les violences et les pressions à l'égard des déplacés tchétchènes en Ingouchie ont fortement augmenté. Certains sont contraints de retourner en Tchétchénie, d'autres se retrouvent sans domicile. Et l'espace d'intervention humanitaire pour aider ces déplacés est de plus en plus réduit.
Les pressions pour les contraindre à rentrer ne sont pas nouvelles. Elles s'exercent depuis deux ans, renforcées par l'arrivée au pouvoir du président ingouche Ziazikov, proche de Moscou. Le Kremlin revendique une "normalisation" de la situation en Tchétchénie, poussant les réfugiés tchétchènes à retourner dans leur république en guerre. Depuis l'été 2002, les autorités appliquent un plan en 20 points, annoncé publiquement, organisant le retour des déplacés en Tchétchénie. Depuis octobre 2003, Bella, Alina, Bart, Spoutnik et Satsita, les cinq grands camps de tentes d'Ingouchie, ont successivement été fermés par les autorités.
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Le dernier camp de tentes d'Ingouchie a été fermé en juin
Les violences et les pressions s'accentuent désormais pour pousser les déplacés tchétchènes encore en Ingouchie à rentrer en Tchétchénie.
© Eddy van Wessel |
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Les familles tchétchènes qui n'ont pas cédé à la pression au retour sont venues grossir les rangs des habitants des kompakniki, ces usines ou ces fermes désaffectées. Certains ont réussi à préserver quelques tentes, discrètement plantées derrière des bâtiments. D'autres, plus chanceux, ont trouvé les moyens de louer une chambre chez l'habitant. Fin juin 2004, selon les chiffres officiels du Haut Commissariat aux Réfugiés et du Danish Refugees Council, il y aurait 51.840 déplacés tchétchènes en Ingouchie dont 23.850 dans les kompakniki.
Depuis le 21 juin, ces pressions se sont largement accrues. Des opérations spéciales de " contrôle d'identité " ont lieu dans le district de Nazran et de Sunzha : entre autres, dans les kompakniki de Tsentr Kamaz à Nasyr-Kort, de SMU-4 et de Garazhy Oskanova à Sleptsovskaya, ainsi que de MRO à Sleptovskaia. Lors de ces opérations spéciales, qui peuvent durer plusieurs heures, des hommes, parfois masqués et armés, pénètrent dans chacune des habitations, chambres ou abris, et vérifient les papiers d'identité de tous les déplacés. Si les déplacés sont absents, les portes sont défoncées. Lors de ces contrôles, plusieurs personnes ont été arrêtées, emprisonnées et violentées.
Aujourd'hui encore, les réfugiés sont contraints de rentrer en Tchétchénie, en dépit de l'absence de sécurité, d'abris et d'accès aux soins. L'espace d'intervention humanitaire en Tchétchénie se réduit comme peau de chagrin et la mise en place de l'aide reste extrêmement périlleuse, notamment car la violence qui touche les populations civiles s'exerce aussi à l'encontre des volontaires humanitaires.