Rohingyas au Bangladesh : 4 ans après, la situation continue de se détériorer

Quatre ans après l’exode de centaines de milliers de réfugiés rohingyas, fuyant les massacres au Myanmar, les équipes MSF qui travaillent dans les camps de réfugiés au Bangladesh constatent les conséquences des conditions de vie précaires et de l'absence de perspectives. Khin Maung, 26 ans, réfugié depuis 2017, témoigne.

Lorsque nous sommes arrivés dans notre camp de réfugiés - l'un des nombreux camps installés à Cox's Bazar, au Bangladesh - je pensais que nous serions de retour au Myanmar après deux ou trois mois. Certains de nos voisins étaient encore là et mon village était encore intact. Notre camp était très proche de la frontière entre ces deux pays et le retour allait donc être facile.

C'était il y a quatre ans. Ma maison a disparu depuis longtemps, réduite en cendres.

Personne ne veut être un réfugié. Parfois, j'ai l'impression de ne pas être humain. J'ai l'impression de vivre au fond d'une forêt avec des animaux sauvages, sans que rien ne puisse m'appartenir - pas d'éducation, pas de sécurité, pas même de liberté. Mais nous voulons rentrer tout en préservant nos droits et en sachant que nous serons en sécurité. [...] Plus nous restons au Bangladesh, plus je crains que la question des Rohingyas ne disparaisse progressivement de l'agenda international, jusqu'à ce que nous devenions tout simplement invisibles. Ici, dans les camps, notre accès aux soins de santé est très limité, car les installations médicales ne fournissent généralement que des soins de base. [...] 

Encore une fois, nous avons parfois l'impression de ne pas être traités dignement, comme des êtres humains.

Mon rêve est de devenir un jour avocat et de défendre notre cause devant les tribunaux internationaux. Le gouvernement du Myanmar a utilisé la loi pour nous priver de nos droits, nous devons donc être capables de nous défendre avec l'aide de la loi. Mais nos jeunes ne connaissent pas la déclaration des droits de l'homme des Nations unies, selon laquelle nous sommes tous égaux devant la loi. 

Si nous ne sommes pas en mesure de poursuivre nos études, nous allons perdre toute une génération. Si nous devons rester ici pendant dix ans, qu'adviendra-t-il de nos enfants ?

Malgré ces difficultés, j'espère ne pas perdre espoir.

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